Contenu
Les canaux alsaciens
L’Alsace est une région riche en canaux de navigation. Certains ont été mis en place pour un besoin militaire et temporaire (comme les canaux Vauban, créés pour apporter les pierres pour la construction des places fortes de Neuf-Brisach, de Fort-Louis et de la citadelle de Strasbourg).
D’autres, cependant, ont été construits pour permettre les échanges commerciaux (bois, charbon, sable puis produits pétroliers) entre le bassin du Rhin et celui du Rhône (canal du Rhône au Rhin) ou entre le bassin du Rhin et celui de la Seine (canal de la Marne au Rhin).
Actuellement, en Alsace, 175 kilomètres de canaux sont ouverts à la navigation. Ils sont, bien sûr, toujours utilisés pour le transport des marchandises, mais ont également un rôle de plus en plus important dans le tourisme fluvial.
D’autres canaux, désaffectés mais conservés, jouent un rôle pour l’irrigation mais aussi pour diverses activités de loisir (pêche, pistes cyclables), suite à la reconversion de l’ancien chemin de halage. C’est le cas par exemple du canal du Rhône au Rhin, dont une grande partie du parcours entre Strasbourg et Mulhouse n’est plus ouvert à la navigation.
La construction des canaux
Quel fut d’ailleurs l’intérêt, dans la première partie du XIXe siècle, de construire un canal, parallèle au Rhin, entre Strasbourg et Mulhouse ?
Avant les travaux de correction du Rhin proposé par Tulla et réalisés entre 1840 et 1900, la remontée du Rhin était difficile : le cours du fleuve fluctuait avec les crues et le courant, les nombreux bras morts et îles rendaient le halage délicat.
Après ces travaux, la situation ne s’améliora pas, au contraire : en réduisant de 14% (environ 30 kilomètres) la longueur du fleuve entre Bâle et Lauterbourg, ces travaux rompirent l’équilibre du fleuve en provoquant un accroissement de sa pente qui eut pour conséquences une augmentation de la vitesse des eaux (les chalands le remontaient de plus en plus difficilement) et un transport de matériaux vers l’aval. Le creusement du lit du fleuve en amont (avec notamment l’apparition de la barre rocheuse d’Istein) et la constitution de bancs de graviers en aval rendirent la navigation du Rhin pratiquement impossible, une vingtaine d’années après le début des travaux. En 1868, la navigation sur le Rhin s’arrêtait à Lauterbourg !
Il fallut ainsi attendre les travaux de régularisation, réalisés entre 1906 et 1924 entre Lauterbourg et Strasbourg, et ceux de canalisation du Rhin, réalisés entre 1930 à 1960 entre Strasbourg et Bâle, pour que la navigation sur le fleuve puisse reprendre jusqu’à Bâle.
Dans les années 1950, une étude démontre que le raccordement au grand canal d’Alsace du canal du Rhône au Rhin au niveau de la commune de Niffer permettait de réaliser un gain de temps considérable pour les péniches et répondait à un impératif économique. La mise en service en 1961 du raccordement entre Mulhouse et Niffer provoqua donc le déclassement partiel de la branche nord du canal du Rhône au Rhin.
Les principaux canaux alsaciens
Grand canal d’Alsace
Villes reliées : Kembs (68) à Vogelgrun (68) .
Longueur totale : 52 kilomètres.
Gabarit : grand (bateaux de 1 000 à 3 000 tonnes ; convois de 1 250 à 18 000 tonnes).
Inauguration : 1959.
Quatre centrales hydroélectriques ponctuent la longueur du grand canal d’Alsace : Kembs (1932), Ottmarsheim (1952), Fessenheim (1956) et Vogelgrun (1959). Le grand canal permet également l’alimentation en eau pour le refroidissement de la centrale nucléaire de Fessenheim (1977).
Canal du Rhône au Rhin
Longueur totale : à l’origine, 323 kilomètres dont 136 kilomètres en Alsace ; actuellement, 236 kilomètres dont 74 en Alsace. Différentes sections du canal en plaine d’Alsace ont été déclassées et servent actuellement à l’irrigation ou à la pêche.
Villes reliées : à l’origine, Saint-Symphorien-sur-Saône (21) à Strasbourg (67) ; actuellement, Saint-Symphorien-sur-Saône (21) à Niffer (68).
Gabarit : grand du Rhin (Niffer) jusqu’à Mulhouse puis petit, type Freycinet.
Inauguration : 1833.
Canal de la Marne au Rhin
Villes reliées : Vitry-le-François (51) à Strasbourg (67).
Longueur totale : 312 kilomètres.
Gabarit : petit, type Freycinet (250 à 300 T).
Inauguration : 1853.
Canal de Huningue
Ce canal est actuellement en service de Kembs à Niffer et sert à alimenter en eau le canal du Rhône au Rhin.
Villes reliées : Huningue (68) à Niffer (68).
Longueur totale : 28 kilomètres.
Gabarit : petit, type Freycinet (250 à 300 T).
Inauguration : 1828.
Canal de Colmar
Villes reliées : Vogelgrun (68) à Colmar (68).
Longueur totale : 23 kilomètres.
Gabarit : petit, type Freycinet (250 à 300 T).
Inauguration : 1864.
Canal de la Sarre
Le canal a joué un rôle important dans l’approvisionnement de l’Alsace en charbon, notamment de Mulhouse.
Villes reliées : canal de la Marne au Rhin (étang de Grondrexange (57)) et Sarreguemines (57).
Longueur totale : 63,5 kilomètres, dont 15,9 en Alsace.
Gabarit : petit, type Freycinet (250 à 300 T).
Inauguration : 1866.
Les canaux Vauban
Canal de la Bruche
L’intérêt militaire du canal a été de fournir les pierres pour l’édification de la citadelle de Strasbourg (grès provenant de la carrière de Soultz-les-Bains). Inauguré en 1882, le canal est utilisé jusqu’en 1939 pour transporter du vin, des briques, du bois et des tuiles. Ce trafic a duré jusqu’en 1939. Certains ponts bombardés au cours de la Seconde Guerre Mondiale ont été reconstruits trop bas, empêchant la navigation. Aujourd’hui, le chemin de halage est devenu une piste cyclable pour les promeneurs.
Villes reliées : Wolxheim-le-Canal (67) à Strasbourg (67) .
Longueur totale : 19,78 kilomètres. 11 écluses, 29 mètres de dénivelé.
Canal des Français ou canal des Pandours
Ce canal visait à fournir des vivres, munitions et matériaux de construction pour l’entretien de Fort-Louis. Il était également destiné au transport d’hommes et de matériel de guerre vers le nord, hors de la vue et du feu de l’ennemi. Il servit notamment lors du siège de Landau (1713). Inauguré en 1707, ce canal est abandonné très rapidement, dès 1714. Par endroit il ne reste plus, à l’heure actuelle, qu’un fossé.
Villes reliées : La Wantzenau (67) à Seltz (67).
Longueur totale : 42,3 kilomètres. 7 écluses, 17 mètres de dénivelé.
Canal de Neuf-Brisach
L’enjeu de ce canal était de fournir les pierres pour l’édification de la fortification de Neuf-Brisach (grès provenant de la carrière de Schauenberg). Inauguré en 1699, le canal est comblé en partie en 1703. Certaines parties restent toutefois actives jusqu’en 1760.
Villes reliées : Pfaffenheim (68) à Neuf-Brisach (68). S’y ajoutèrent une rigole d’alimentation du canal entre Ensisheim et Oberhergheim, ainsi que le canal de Bergholtz entre Bergholtz et la section ouest de celui de Neuf-Brisach (embranchement flottable pour le transport des bois de charpente et des bois à brûler).
Longueur totale : 36,8 kilomètres. 15 écluses, 3 mètres de dénivelé._
Sources : CRDP d’Alsace Base numérique du patrimoine d’Alsace , VNF