Haut de page

Logo préfècture région

       
Découvrir les paysages alsaciens
 

Contenu

La voie

partager sur facebook partager sur twitter
18 juin 2013

JPEG - 875.9 ko
Alignement de peupliers accompagnant une petite route du jura alsacien. Oltingue

La route est le principal ambassadeur du paysage aujourd’hui. L’axe le plus célèbre d’Alsace, la route des vins, qui court de clocher en clocher en traversant les vignes, est sans doute aussi l’un des axes les plus anciens.
Au nord de Strasbourg, l’axe principal a toujours été le fleuve, relayé depuis peu par l’autoroute qui emprunte la bande alluviale maintenant protégée des errements du fleuve.
Les axes actuels principaux sont pour la plupart déjà tracés par les romains pour relier les villes garnison près des ports de transit et de traversée du Rhin, pour franchir les Vosges par les cols, acheminer les produits à-travers la plaine. Dès cette époque, le Rhin permet d’expédier et d’importer des produits avec le pays Rhénan et les empires.
Les principaux apports des siècles suivants seront les infrastructures des canaux, du rail, des tunnels sous les cols, puis des routes modernes.

  L’axe principal celte et romain

Un maillage de chemins existe dès l’époque des celtes

Des populations d’hommes préhistoriques trouvent dans la grande forêt de Haguenau le bois, le gibier, la pierre à tailler. Les celtes à leur tour s’y établissent. L’Alsace est au cœur de l’implantation ancienne des celtes dès le 6e s avant JC. Ils s’implantent dans des clairières, dans les parties saines des grandes forêts comme Haguenau. Ils se répandent dans toute l’Europe occidentale à partir du 3e s avant JC. Ils établissent des premières cités et un réseau de chemins déjà dense qui relie les principaux gués sur le Rhin, sur les Rieds. Leur maillage de villages, de chemins, de gués sur les rivières, couvre tout le pays Rhénan. Les principaux sites celtes fonderont parfois un bourg, mais ce ne sera pas toujours le cas.

Les gallos romains consolideront ce réseau, qui changera peu au fil des époques.

Les axes principaux sont déjà tracés par les routes et les ports romains. Ils évolueront peu, contrairement à la carte des sites majeurs. A l’époque romaine, les sites principaux sont surtout les villes de garnison. A l’époque mérovingienne, de nombreux villages préféreront s’établir autour d’un pont, d’un débouché de vallon, d’une forteresse. Les principales villes romaines resteront dans l’histoire : Argentorum, Saletio, Argentovaria, Broomagus, Tres Tarbernae, Urunci, deviendront respectivement Strasbourg, Seltz, Horbourg, Brumath, Saverne, Illzach. Les romains sont les premiers à avoir laissé des traces écrites, et des sites gallo-romains étonnants comme celui de Wasserwald ou du Donon. Leur réseau de noyaux urbains est fixe, identifié, hiérarchisé, et cette première armature de villes et de routes fait l’objet vers 350 d’une première carte formelle appelée la Table de Peutinger, que nous connaissons par une copie du XIIIe siècle.

  Parcourir la vallée

JPEG - 1.6 Mo
Le réseau routier principal en Alsace. Le col de Saverne et la trouée de Belfort sont les deux voies historiques vers l’ouest

Le relief s’impose

Reliant les bourgs implantés en pied de coteau, la route emprunte le fond de vallée, le plus souvent en léger surplomb des secteurs humides et du cours d’eau. Le charme de ces voies, tient à ce qu’elles permettent un déplacement linéaire dans le fond de vallée, calé par les coteaux boisés. La vallée est alors souvent bien lisible, même si le cours d’eau reste parfois masqué. La qualité des vues dépend alors de l’environnement proche de la voie et de l’ouverture plus ou moins importante du fond de vallée. Dans les vallées plus larges, la bande de prés qui sépare la route de la rivière, met celle-ci en valeur.
Dans les hautes vallées des hautes Vosges, les vallées des Vosges gréseuses, la route se faufile entre deux versants forestiers encaissés. Elle longe le torrent en contrebas qui apparaît et disparaît à-travers une étroite bande de végétation.

Au milieu du 20e s, les deux rives de la vallée sont coupées par la route et le chemin de fer

Dans les grandes vallées, les routes qui passent un col principal sont renforcées. Les deux rives se voient séparées par un complexe route/chemin de fer généralement déconnecté des villages. Des pôles d’activités jalonnent rapidement chaque gros accès routier.

  Franchir les Vosges

Les deux axes majeurs sont le col de Saverne et la trouée de Belfort

JPEG - 841.3 ko
Route, voie ferrée et canal empruntent le col de Saverne, point de passage le plus aisé à tavers le relief des Vosges

Les escarpements Vosgiens ont toujours constitué un obstacle, que les voies ont cherché à contourner par les cols, puis les tunnels. Les deux passages majeurs historiques ont été la trouée de Belfort au sud et au nord le col de Saverne qui traverse le massif à l’endroit précis où il est le moins prononcé et le moins large. Les grands axes contemporains ont pour l’essentiel respecté cette logique : TGV et autoroutes empruntent ainsi ces deux passages vers l’ouest.
En 1937 le creusement du tunnel de Ste Marie crée un nouveau franchissement à travers le massif en évitant le passage d’un col, transformant ainsi la vallée en axe de liaison entre Sélestat et Saint-Dié côté Lorrain.

Le col est toujours un petit événement de paysage, mais aussi d’histoire, de tourisme

Chaque col est un petit événement sur le parcours. Monter à un col est toujours espoir de points de vue et de découverte de « l’autre côté ». Dans les Vosges, la montée a souvent quelque chose d’un pèlerinage sur les traces de poilus, car le col comporte souvent un mémorial et un cimetière, témoins d’une âpre bataille en 1914-1918. Passé le col en allant vers l’Alsace, la route accroche ses lacets au rocher à-travers une forêt dense avant de déboucher d’un coup sur la plaine.
Le col est très souvent associé à un carrefour entre plusieurs voies : le col est ainsi souvent un point de départ vers les crêtes ou les versants du massif, que ce soit par la route, par un sentier ou par une piste de ski. Qu’il s’agisse d’un petit col au cœur du massif ou de ceux plus renommés qui permettent le passage de la ligne de crête, le col a suscité de nombreux aménagements routiers et touristiques. Remontées mécaniques, parkings, auberges, boutiques de souvenirs, cohabitent parfois sur ces espaces restreints.


  Traverser le Rhin

JPEG - 307.2 ko
Eschau. Pont sur le Rhin. 12 ponts permettent le franchissement du fleuve

Le Rhin se franchit aujourd’hui en Alsace par 12 ponts routiers, souvent liés aux barrages hydroélectriques et une autoroute (Mulhouse), 3 ponts de chemin de fer auxquels il convient d’ajouter 3 bacs, fermés en période d’inondation, et 1 passerelle vélo/piétons (Strasbourg).
Dans l’histoire, son franchissement par une armée a toujours été un grand événement ; les envahisseurs d’un bord ou de l’autre sont généralement passés beaucoup plus à l’aval, évitant les rives alsaciennes du fleuve et ses marais. César a traversé vers Coblence où le fleuve s’affine entre des blocs montagneux ; l’armée de Louis XIV l’a franchi à Holhyus, près de l’embouchure du fleuve en Hollande.

JPEG - 508.4 ko
Les franchissements du Rhin. Conférence du Rhin supérieur 2009

Le franchissement était certainement facilité en été à hauteur de l’Alsace, mais cela restait par barque ou à la nage car le débit, même réparti entre plusieurs bras, restait important. La canalisation a supprimé tout gué dès le 19e siècle. Jusqu’à la seconde guerre mondiale comprise, à l’aval de Bâle, les ponts deviennent vulnérables en période de troubles du fait de la largeur du fleuve. Jusqu’au 19e s, ils relevaient en outre d’une prouesse technique.

Le Rhin est une frontière naturelle puissante.

Le fleuve a délimité l’empire romain sur sa rive gauche, puis le saint empire germanique sur sa rive droite. « Le Rhin ne coule pas à travers les villes, il les longe. Les anciennes villes romaines se trouvent sur la rive gauche. Les Romains offraient aux germains étonnés et effrayés le spectacle de bâtiments en pierre, de rues pavées, de camps fortifiés entourés de remparts, et surtout de la lex (la loi romaine) qui condamnait à un châtiment sévère ceux qui portaient atteinte à des notions qui avaient si peu de signification pour les germains : l’État et la propriété. Sur la rive droite, le pire des délits était la couardise, punie de mort. En 1945, régnait encore Wotan, dieu de la victoire mystifié par les nazis. « Les Germains précipitent les couards dans les marais » ; voilà ce qui est écrit dans les manuels de latin des élèves de sixième. » (Le grand guide du Rhin, Gallimard p24)

Cette frontière reste toujours perméable

Tous les empereurs ont voulu faire du fleuve une frontière, une ligne de démarcation définitive, dressant une rive contre l’autre : César, les empereurs germaniques, Napoléon. Mais les régions rhénanes, au-delà de leur particularisme revendiqué, ont toujours connu une grande proximité. Leurs langues sont cousines ; les villes rhénanes se sont affranchies très tôt, dès la fin du moyen âge, des contraintes fiscales imposées par les empires. A la réforme, beaucoup d’entre elles ont rejoint le protestantisme.
« Le concept de nation est beaucoup trop faible pour distinguer les éléments que le Rhin sépare. Cet aspect indéfinissable de la fonction frontalière du Rhin fait de ces tentatives une entreprise insensée. C’est pourquoi le séparatisme est resté aussi impopulaire en Rhénanie »(Le grand guide du Rhin, Gallimard)


  Desservir la plaine

JPEG - 344.9 ko
Rouffach. La voie rapide du piémont , axe nord-sud offrant des vues panoramiques sur la plaine, le vignoble et les versants vosgiens
La voie du piémont, ancêtre de la route des vins

Les voies romaines empruntent les secteurs sains au-dessus de la plaine inondable, reliant les villes viticoles du piémont entre elles et au-delà, donnent accès aux principaux gués et cols. D’autres voies relient les principales villes garnison situées à côté de passages à gué sur les bras du Rhin et sont sans doute interrompues au franchissement des rieds en période de crue.

La route des collines par monts et par vaux
JPEG - 1 Mo
Muttersholtz. A travers la plaine et ses rieds, la route s’élève pour permettre la circulation en période de crue

Les axes majeurs tendent à éviter les secteurs de collines chahutées. Les routes secondaires, en revanche, traversent des crêtes nues, agricoles, et offrent des points de vue permettant à chacun de se repérer à telle ou telle butte proéminente.

La fortification Vauban nécessite la construction d’un canal pour acheminer la pierre des Vosges

Vauban fera tracer deux canaux pour acheminer le grès nécessaire aux fortifications à proximité du Rhin. Il réalise d’abord le canal de la Bruche, en deux ans, pour acheminer les blocs de grès des Vosges qui constituent la citadelle. En aval de Molsheim, le village de Wolxheim est bâti pour loger les ouvriers employés dans les carrières de grès de Soultz-les-Bains. Une partie de l’eau de la rivière alimente le canal de la Bruche traversant la plaine d’Alsace jusqu’à Strasbourg. Dès 29 juin 1683, Louis XIV emprunte la digue du canal lors de sa visite d’inspection du chantier de fortification de Strasbourg. Le canal est d’une longueur de 20 km ponctués de 11 écluses sur un dénivelé total de 29 m.
L’aménagement simultané de la rivière a aussi rendu plus efficace le flottage du bois. Le transport du vin, du bois, des briques et des tuiles ne s’interrompt qu’en 1939.

De 1850 à 1914, des voies de chemin de fer desservent les usines de Thann, Mulhouse

De nouveaux procédés apparaissent dans le textile, la chimie, les machines. Les grandes familles d’industriels constituent des cercles d’industriels et collaborent pour innover, investir dans de gros équipements : la ligne de chemin de fer Mulhouse-Thann dès 1839, puis Strasbourg-Bâle deux ans plus tard.

JPEG - 494.8 ko
Trafic ferroviaire voyageur. Conférence du Rhin supérieur
JPEG - 451.8 ko
Trafic ferroviaire marchandise. Conférence du Rhin supérieur

  Expédier et importer : l’axe du Rhin

JPEG - 376.1 ko
Neuhaeusel.

Le transport régional avec le pays Rhénan et les empires se fait par la terre mais pour les longs trajets, hommes et marchandises voyagent presque exclusivement de ville à ville par voie fluviale, en particulier depuis Strasbourg.
La voie terrestre du piémont, au pied des Vosges, assurait une certaine sécurité, mais nécessitait de franchir une à une les rivières vosgiennes. De Belfort à Strasbourg, où le Rhin était peu navigable, cet axe a sans doute eu une importance précoce. Il est resté l’axe majeur de la vallée, aujourd’hui de l’autoroute.
L’axe terrestre se prolonge jusqu’à Wissembourg mais toutes les routes convergent, dès l’époque romaine, vers Strasbourg et ses bateaux. Les échanges sont donc privilégiés vers le nord -Mannheim, Mayence- plutôt que vers Rome. Cet axe d’échange commercial et culturel par le fleuve ne cessera de se renforcer jusqu’à la renaissance.
La domestication récente du Rhin a permis de faire bifurquer l’autoroute à Molsheim pour rejoindre Strasbourg et emprunter, plus au nord, la rive gauche du Rhin.

Pied de page

Site mis à jour le 16 février 2015
Plan du siteAuthentificationFlux RSS