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Les unités de paysages

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Portrait de la Plaine et des Rieds

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26 février 2014

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La plaine, vaste espace cultivé encadré par la Forêt Noire et les Vosges.Oberhergheim

  LIMITES

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Plaine et Rieds carte unité

Au nord

Le coteau nord, nettement prononcé, de la vallée dissymétrique de la Bruche se dresse et forme une limite nette au nord de la Plaine d’Alsace. Ce coteau marque le passage au Kochersberg.

A l’est

Au nord, les abords du Rhin et sa forêt alluviale marquent l’horizon. Au sud, les boisements de la terrasse de la Hardt forment une transition. Au-delà, les premiers reliefs de la forêt noire marquent la fin de la Plaine qui s’étend aussi de l’autre côté du Rhin.

Au sud

Une transition s’effectue avec le Bassin Potassique. Le paysage se densifie et devient plus composite avec la présence des boisements, des cités ouvrières, des friches industrielles…

A l’ouest

Les reliefs des Vosges et du Piémont Viticole, visibles depuis la majeure partie de la Plaine et des Rieds, forment une ligne de force imposante donnant une limite physique et visuelle forte.

  PORTRAIT SENSIBLE

Une plaine cadrée par de longs reliefs montagneux

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Une plaine sans relief sensible, mais un paysage orienté Nord/sud par les reliefs qui l’encadrent et par les grands axes de communication. Niederhergheim

Le piémont viticole et les premiers reliefs des Vosges forment un long contrefort majestueux et continu, orienté nord/sud constituant à la fois un repère et un horizon qui accompagne comme une toile de fond les paysages de la Plaine. Ce relief qui se dresse dans le paysage, forme un fort contraste avec les étendues agricoles et la platitude de la Plaine. A l’est, les reliefs de la forêt Noire sont aussi présents mais dans une moindre mesure compte tenu de la coupure de végétation accompagnant le Rhin.

Un paysage de grandes cultures vaste, tendu et ouvert

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L’horizontalité du territoire lui confère des points de vue très lointains. Artzenheim

L’échelle des paysages est ample dans la plaine. Les vastes ouvertures des cultures donnent aux vues une grande profondeur. Les lignes y sont rigoureuses et tendues : l’horizon régulier et bas, les limites de champs rectangulaires, des chemins rectilignes…Tout se voit de loin sans détours, bien qu’aucun belvédère ne soit présent. Par contre ce qui est éloigné reste peu défini. Dans ces étendues le moindre élément qui se dresse (arbre isolé, clocher, bâtiment agricole) forme par contraste un point de repère incontournable. L’absence de jalon entraine par endroit une grande uniformité.
Les premiers plans jouent un grand rôle dans la perception : le moindre écran proche de l’observateur coupe toute perception du lointain. Ainsi la perception de la plaine est-elle fortement liée à la saison en raison de la culture du maïs très développé ici. Au fur et à mesure de sa croissance l’été et l’automne tout se referme contrairement au printemps et à l’hiver où le paysage est très ouvert.

L’intimité des rieds

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Une alternance de clairières agricoles plus ou moins larges, délimitées par des bandes boisées ou des ripisylves accompagnant les multiples cours d’eau. Des vues toujours limitées par la végétation. Kertzfeldf

En contrepoint aux grandes cultures, l’ambiance à l’intérieur des rieds est bien différente, découvrant un tout autre univers. Le ried forme une mosaïque humide où alternent clairières cultivées et prairies, délimitées par des boisements et les ripisylves qui accompagnent les multiples petits cours d’eau. La présence de l’eau y est plus affirmée, avec un sol noir et humide également. L’échelle change et devient plus intime avec des vues de proximité. Des jeux de transparence s’établissent, renouvelant sans cesse les anges de vue. Le regard se faufile entre les écrans boisés et les ouvertures des petites clairières. Il se forme un dédale et qui se découvre au fur et à mesure des déplacements.

Ried et Plaine, une dualité subtile

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L’imbrication des cultures, des prairies, des bois et des ripisylves participe à la richesse paysagère de la Plaine. Colmar

Les rieds et les grandes cultures occupent chacun de grandes surfaces qu’il est possible de bien identifier, bien que les mises en cultures récentes des rieds tendent à aplanir ces différences. Mais à mieux y regarder ils ne peuvent constituer des unités différentes. Les rieds se répètent tout au long de la Plaine. Et finalement leur imbrication constitue un des points clés de l’identité des paysages de cette unité. Ce qui compte c’est la façon dont les rieds se mêlent aux grandes surfaces en cultures, s’entrelacent, composent ou marquent des limites avec leurs lisières boisées. Cette dualité est un formidable faire valoir réciproque sur ce territoire, tantôt très maîtrisé, tantôt plus « naturel ».

L’eau : révélatrice du ried

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Les rieds : une spécificité paysagère qui se révèle avec l’inondation. Muttersholtz

Ici pas de vallée affirmée, les cours d’eau forment de longs méandres assoupis. C’est l’Ill qui joue le rôle central d’organisation du paysage avec son chevelu de ruisseaux. Les rieds y sont en général inféodés. Le tracé des cours d’eau apporte souvent un tracé sinueux au sein d’un système de parcelles en culture géométriques. Ils signalent dans ce cas leur passage par une ripisylve, parfois buissonnante ou encore une ligne de roseaux. En contrepoint les canaux proposent une image maitrisée de l’eau avec leurs perspectives infinies qui se marient avec les grandes ouvertures cultivées.
Mais l’eau s’exprime parfois avec une immense force, les rivières vosgiennes pouvant rapidement grossir le débit de l’Ill. La plus grande nappe phréatique d’Europe rappelle également sa présence à certains moments, inondant d’immenses surfaces de cultures. Cet évènement est incontournable dans la connaissance de la Plaine et la compréhension des rieds. L’inondation bouleverse le paysage, le ried devient lumineux avec le reflet du ciel sur la nappe d’eau et provoque une émotion paysagère forte.

Une diversité paysagère locale

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La culture du chou à choucroute marque le nord de la Plaine, jusqu’à donner son nom au « Pays des choux ». Krautergersheim

En dehors des Rieds et des grandes surfaces en culture, la Plaine d’Alsace présente de petits secteurs dont la diversité paysagère et l’échelle changent avec une polyculture bien visible. Entre la plaine d’Erstein et la Bande Rhénane, la taille du parcellaire diminue et forme une petite mosaïque associant cultures, prairies et vergers. La présence de bosquets, d’arbres isolés y est aussi plus importante et l’ambiance est plus « jardinée » et intime. Dans le « pays des choux » aux environs de Krautergersheim et de Mestratzheim, des cultures maraichères (choux) s’intercalent au milieu des céréales apportant une tonalité différente à ce secteur.

Une Plaine régulièrement habitée

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Les villages forment des chapelets le long de routes empruntant les terrains les plus secs de la plaine. Niederentzen

Les villages sont répartis régulièrement sur l’ensemble de la Plaine, avec une certaine densité, espacés souvent de 1 à 3 kilomètres. Ils ponctuent ainsi l’ensemble de l’unité. Certains se succèdent linéairement sur des grandes étendues en cultures tel un chapelet relié par une route (RD9 ou bien RD 123). Beaucoup se situent en interface entre ried et grandes cultures, profitant des deux terroirs. L’ensemble des villages s’est logiquement installé en dehors des parties inondables, les rieds n’étant pas habités. Mais certains côtoient ou composent avec le passage de l’Ill, parfois protégés par une digue (Oberhergheim par exemple). L’eau, peu visible dans la Plaine, est souvent mise en évidence au contact des villages.

Les agglomérations à l’interface du Piémont

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Depuis la route d’Ingersheim, dans la périphérie de l’agglomération de Colmar, les vues vers le vignoble et les Vosges sont omniprésentes.

Les principales agglomérations de la Plaine d’Alsace se trouvent en bordure Ouest de l’unité à l’articulation du Piémont, des vallées vosgiennes et de la Plaine. Ainsi au Nord, l’agglomération d’Obernai tangente l’unité paysagère. Les villages alentours, du fait d’une importante pression urbaine en lien avec l’agglomération de Strasbourg connaissent un développement urbain important qui se perçoit dans le paysage.
Plus au Sud, la ville de Sélestat occupe le débouché du Val de Villé et de la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, sur un axe de passage vers le Rhin (route de Marckolsheim). La ville est bordée par le ried de l’Ill. Enfin, la ville de Colmar se situe, quant à elle, au débouché de la vallée de Munster entre le Piémont et la Plaine. Colmar bénéficie d’une situation géographique privilégiée, jouxtant les paysages remarquables du vignoble alsacien sur sa partie Ouest et délimitée au Sud-Est par le ried de la Thur.

Une orientation privilégiée des voies majeures

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A hauteur de la commune de Munwiller, l’autoroute A35 souligne l’orientation Nord-Sud des infrastructures de la Plaine

La logique naturelle du relief et de l’hydrographie, qui tire des lignes de forces Nord-Sud, se retrouve également concernant les principales infrastructures de transports dans la plaine. L’autoroute A35 (ou Nationale 83) tangente la plaine à l’Ouest, au bas du Piémont, offrant un double regard sur les Vosges et sur l’étendue largement ouverte de la plaine. Cet axe est doublé au Nord de Colmar par la RD1083 qui permet de rejoindre l’agglomération de Strasbourg, et s’impose aujourd’hui comme une armature forte du développement urbain dont témoigne le long ruban d’urbanisation quasi-continu d’Erstein à Kogenheim. Parallèlement à ces infrastructures routières, la voie ferrée reliant Strasbourg à Mulhouse contourne le Bruch de l’Andlau par le Sud et marque une coupure Nord-Sud dans le territoire de la Plaine.
Notons que l’histoire va dans le sens de cette orientation privilégiée, comme en témoigne les vestiges de la voie Romaine dite Heidenstraessel qui parcourait la plaine. De même les routes principales traversent les villages suivant une direction Nord-Sud prépondérante reliant une succession d’installations urbaines, égrenés régulièrement le long de ces axes. Ces routes sont souvent accompagnées d’alignements d’arbres en bordure qui renforcent cette logique d’organisation linéaire.

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Plaine et Rieds bloc-diagramme unité
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Plaine et Rieds carte unité légendée -1
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Plaine et Rieds carte unité légendée -2



  SOUS-UNITE : LA BASSE VALLEE DE LA BRUCHE

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Une vallée dissymétrique, bordée de reliefs marqués

De Molsheim à Avolsheim, la Bruche longe avec une orientation nord/sud le piémont des Vosges qui la surplombe fortement. Puis le cours d’eau tourne à angle droit vers l’est jusqu’à Strasbourg. Le coteau nord est longé par la Bruche jusqu’à Kolbsheim, puis uniquement le canal de la Bruche jusqu’à Hachenheim. La Bruche partant à travers la Plaine à ce niveau, rejoint les abords du canal à Erckbolsheim. De nombreux centres anciens de villages sont situés au nord de la Bruche et du canal, en position haute sur le coteau, offrant des vues en belvédère. Les autres sont au contact des voies d’eau. Tous sont l’objet d’un fort développement, ajouté à l’aéroport de Strasbourg-Entzeihm et aux zones d’activité qui donne à cet axe une forte image urbaine.

Un corridor intime

Entre Avolsheim et Kolbsheim, les abords de la Bruche et du canal, qui se côtoient au pied du coteau, offrent des perceptions plus intimes. Les vues sont limitées, centrant l’attention sur le passage de l’eau accompagné d’une végétation rivulaire (ripisylves, saule têtards), de boisements et des prairies. Ces ambiances arborées sont complétées par certains alignements le long des routes transversales à la vallée. Plus à l’est le canal, bordé d’une piste cyclable, poursuit sa route, seul le long du coteau, son tracé plus rectiligne offrant des perspectives bordées à l’est par les grandes cultures. Le corridor de végétation accompagnant la Bruche tranche à travers les champs ouverts, faisant ressortir son passage.

Un tracé qui a évolué au fil du temps

Au début de l’ère quaternaire, la Bruche coulait vers le sud de Mutzig. L’ancien cours de la Bruche passait par Dachstein (il en reste le Dachsteinbach) et par Altorf (Vieille Bruche). Son cours à été détourné par Molsheim à l’époque de Vauban pour alimenter le canal de la Bruche destiné au transport du grès et de la chaux extraits des carrières de Soulz-les-Bains. L’existence de deux tracés de la rivière, Bruche et Bras d’Altorf (appelée Vieille Bruche) résulte de l’abandon de multiples chenaux et de la concentration des eaux sur les deux bords du cône de la vallée.



  LES PAYSAGES URBAINS DE LA PLAINE ET DES RIEDS

L’eau, au cœur des systèmes urbains

Les villages de la Plaine s’installent en limite de la zone agricole fertile, et surtout hors des importantes surfaces inondables. Vastes territoires largement irrigués par de multiples cours et bras d’eau, les Rieds repoussent l’urbanisation dans les secteurs de la plaine à l’écart des principaux risques d’inondation. L’eau est donc une composante urbaine à part entière qui dicte l’implantation du noyau villageois et qui détermine des paysages intérieurs parfois riches d’ambiances au contact des habitations.

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Dans le village de Marckolsheim, l’eau marque la transition entre le village historique et les extensions urbaines des dernières décennies.
Ici, à Marckolsheim, le cours d’eau ceinture le noyau historique du village. Ancien élément de défense, il est aujourd’hui un espace d’agrément au cœur du village. Canalisé, le ruisseau s’accompagne de berges ou d’espaces paysagers élargis, structure linéaire qui marque la transition entre le vieux village et les extensions urbaines des dernières décennies.
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A Benfeld, au pied du noyau villageois, le ruisseau du Muhlbach alimentait les anciens moulins.
L’eau est également présente autour des petites parcelles cultivées en entrée de village, sillonnés de nombreux fossés que la végétation de la ripisylve annonce depuis la route.
L’eau est également un vecteur de mise en scène d’un patrimoine local lié au paysage rural agricole. Nombreux moulins dans les villages fonctionnaient grâce aux différents cours d’eau, comme ici à Benfeld.
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Cas du village de Zellwiller, au Nord du Bruch de l’Andlau et à proximité de l’autoroute A35.


Des villages-tas groupés le long de la route

La découverte des villages de la Plaine procède d’une succession de noyaux villageois accrochés le long des principales routes départementales qui longent la Plaine d’Alsace suivant une direction Nord-Sud. Au croisement d’une route transversale plutôt orientée vers le Piémont ou vers la Bande Rhénane, les premières implantations villageoises se développent, et forment par juxtaposition des formes bâties ce que l’on nomme un « village-tas ».

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La rue principale est l’armature principale du village de Zellwiller, cadrée par les constructions mitoyennes, ouvrant leur pignon sur la rue.
Les constructions s’implantent selon un schéma radial autour du noyau ancien dominé par le clocher de l’église. Perpendiculairement à la rue, les constructions forment un tissu urbain relativement dense, avec une succession de façades sur la rue entrecoupées de seulement quelques jardins qui se donnent à voir depuis l’espace public. Ici à Zellwiller, la rue principale et la rue du château concentrent les constructions à l’alignement, tandis que les jardins sont plus largement ouverts sur l’arrière du village.
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A Krautergersheim, l’ambiance de la rue est marquée par la succession des pignons des constructions qui rythme l’espace public et limite les vues vers les jardins privés, en cœur d’îlot.
Sur des parcelles plus étroites que profondes, le bâti traditionnel des anciennes fermes s’installe le plus souvent perpendiculairement, à l’alignement de la rue, le pignon largement ouvert.
Ici, à Krautergersheim, les rues qui forment la structure du village sont délimitées par les pignons des habitations. Entre les bâtiments se devine l’espace de la cour de l’exploitation, étroite et clôturée par un portail ou un mur bas.
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Ici, à Hindisheim, les bâtiments s’installent autour de la cour dans la profondeur de la parcelle. La clôture basse offre des vues vers l’intérieur de la parcelle et le fond de la cour.
La typologie de la ferme sur cour ouverte sur la rue est caractéristique du patrimoine bâti des villages de la Plaine. Dans la profondeur de la parcelle, le bâtiment d’habitation et les volumes annexes enserrent l’espace de la cour. Cependant, la densité bâtie des villages (suivant la fertilité du terroir agricole) et les types d’exploitants agricoles (souvent plusieurs métiers) déterminent une grande diversité de situations urbaines au sein des villages de la Plaine.
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Rue du Maréchal Joffre à Marckolsheim, le bâti de la première moitié du XXe siècle conserve des logiques d’implantation en lien avec le vieux village. Cependant, le dimensionnement de l’espace public et le découpage des parcelles témoignent d’une perte de densité et d’intimité du tissu urbain.
Dans la plaine d’Erstein notamment, du fait de la proximité de l’agglomération de Strasbourg, la pression foncière est marquée. La croissance urbaine rapide de certains noyaux villageois se concentre d’abord le long des voies structurantes, puis plus largement autour du centre bourg. L’absence de contrainte de relief laisse en fait d’importantes opportunités pour le développement urbain de certains villages.
Ici, à Marckolsheim, les premières extensions urbaines se sont réalisées le long des rues principales dans le prolongement du village traditionnel. Elles sont alors marquées par un élargissement de l’emprise de la rue et une souplesse d’implantation du bâti qui laisse davantage de place aux jardins en contact direct avec la rue.
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Cas du bourg de Marckolsheim, le long de la RD 468, axe de circulation qui concentre et articule les bourgs de la frange Est de la Plaine. Le centre-bourg est caractéristique d’une forme d’habitats groupés, agglomérée le long des rues principales, et contrainte par le réseau hydrographique. La proximité du passage sur le Rhin a entrainé une importante croissance urbaine en tâche d’huile marquée par la diffusion de l’habitat individuel en nappe pavillonnaire et par les zones d’activités en lien avec les principales voies de communication. (fond IGN Geoportail)


Colmar, « ville-porte » au carrefour de paysages contrastés

La ville de Colmar forme aujourd’hui un système urbain complexe, reconnue comme la troisième plus grande ville d’Alsace. La situation géographique de la cité n’est pas sans rapport avec la diversité des situations paysagères que l’on peut rencontrer dans l’agglomération. En effet, Colmar a connu un développement urbain marqué à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle du fait de sa position stratégique au pied du massif Vosgien et au débouché de la vallée de Munster (route de passage des Vosges). Colmar tire également partie de sa grande proximité avec le piémont viticole qui l’a rapidement désigné comme ville de négoce, mais enfin au cœur de la Plaine d’Alsace, au centre d’un axe majeur entre Mulhouse et Strasbourg. L’arrivée du train dès 1841 va très vite encourager les échanges de marchandises vers ces deux grandes agglomérations.

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Le contournement Ouest de l’agglomération met en scène le paysage lointain des Vosges et du piémont viticole, tandis que l’urbanisation ne cesse de grignoter les espaces agricoles à ses abords.
La faible contrainte du site (hormis le Ried de la Thur au Sud de la ville) va ainsi permettre à la ville de se développer d’abord le long des voies structurantes Nord-Sud (zone d’activités industrielles et commerciales le long de la route de Strasbourg), puis en direction de la vallée de Munster à l’Ouest sur les anciens tissus de faubourgs et enfin vers les infrastructures récentes de transport (autoroute, contournement).
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L’agglomération de Colmar, à l’articulation des Vosges, du Piémont et de la Plaine, marquée par un développement urbain sans précédent à proximité des voies de communication. (Fond IGN Geoportail)


Colmar, une composition urbaine et paysagère au fil de l’eau

Le patrimoine remarquable du centre-ville de Colmar fait aujourd’hui de la cité un lieu reconnu et apprécié pour les quartiers pittoresques de la Petite Venise, du quartier des Tanneurs, ou bien encore du quartier de la Poissonnerie. Il faut dire que la qualité du centre historique de Colmar s’apprécie de par sa situation géographique à la confluence de la Thur et de la Lauch, deux cours d’eau qui ont permis très tôt la navigation vers Strasbourg.
La ville libre de Colmar, enserrée dans ses fortifications jusqu’à leur démantèlement en 1673, est rattachée à cette époque au Royaume de France de Louis XIV. C’est alors une ville de commerce, peuplée de riches marchands qui font du négoce du vin, une activité florissante pour l’ensemble des corporations de la ville. L’eau est au cœur de ce système commercial, favorisant les échanges en direction du Rhin.

L’eau a perdu cet aspect prépondérant dans l’économie de la cité, mais garde cependant un rôle de mise en valeur du patrimoine architectural et permet d’envisager de nouveaux liens avec les secteurs urbains à proximité.

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Du Nord au Sud, l’eau est une composante essentielle de la structure de la ville de Colmar qui articule les pièces urbaines entre elles. En accompagnement de paysages naturels en entrée de ville, mis en scène en cœur de vieille ville, ou canalisés en limite du noyau historique, les cours d’eau deviennent des liens entre des quartiers aux formes urbaines éloignées.
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L’urbanisation des quartiers allemands est organisé par de grandes rues plantées d’alignement. Les maisons s’insèrent dans un paysage de proximité dense et soigné.
La ville est aujourd’hui marquée, par-delà les limites de son centre-ville historique, par une hétérogénéité de son tissu urbain, révélatrice de différentes périodes de développement. Pour exemple, le paysage est au cœur du développement urbain sous domination allemande, avec le quartier de la gare au Sud de la ville, dont le parc du Champ de Mars et le parc de la cour d’appel assurent l’articulation avec les vieux quartiers.
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Les petites parcelles qui accueillent l’habitat individuel en bande offrent un jardin de représentation à l’avant et un jardin d’agrément préservé des vues à l’arrière en cœur d’îlot.
Les cités ouvrières qui jalonnent le territoire à la périphérie de la ville témoignent également d’une pensée de l’aménagement qui place le paysage d’agrément et de loisir au centre de la composition urbaine.


Sélestat, à l’interface des Vosges et du Ried de l’Ill

Sélestat constitue la deuxième ville d’importance de la Plaine d’Alsace, située à une vingtaine de kilomètres au Nord de l’agglomération de Colmar et à plus de 40 km de l’agglomération de Strasbourg. Sa situation géographique pourrait trouver des similitudes avec celle de Colmar dans sa position au pied du Massif Vosgien, au débouché de la vallée du Giessen et de la Liepvrette et à proximité du chapelet de villages accrochés sur le Piémont et ouverte sur la Plaine agricole.

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La ceinture de boulevards figure la place des anciennes fortifications de Sélestat. Des éléments du patrimoine défensif subsistent comme ici la tour Neuve datant du XIIIe siècle
Néanmoins, la vieille ville fortifiée s’implante au sein d’un réseau hydrographique beaucoup plus dense, au pied des bras de l’Ill dont les nombreux méandres conditionnent les zones habitables davantage vers le Nord et l’Ouest. Place forte jusqu’au milieu du XIXe siècle, le démantèlement des fortifications (à partir du siège prussien de 1870) laisse la place à une ceinture de boulevards en cœur de ville (Bd du Maréchal Foch, Bd du Général Leclerc, Bd Thiers,…), sur laquelle s’articulent les principaux équipements et espaces publics urbains (piscine, sous-préfecture, établissements scolaires).

Le développement urbain marque une progression importante à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, par de nombreuses opérations d’extensions pavillonnaires vers le Nord et en direction de la vallée du Giessen et de la Liepvrette. Ce phénomène récent d’étalement urbain visible également sur l’ensemble des villages formant la première ceinture de Sélestat, détériore les paysages d’entrée de ville et concentre les problématiques de gestion des espaces agricoles de proximité. Le passage de la voie ferrée Strasbourg-Mulhouse et de l’autoroute A 35 aux portes de la ville permet à Sélestat de peser dans l’équilibre urbain des villes alsaciennes.

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L’agglomération de Sélestat, une situation urbaine d’articulation entre Vosges et Plaine, marquée par un développement urbain sans précédent à proximité des voies de communication. (Fond IGN Geoportail)

Aujourd’hui Sélestat met à profit sa proximité avec le Ried de l’Ill par la création dès 1995 de la réserve naturelle de la forêt d’Illwald, vaste territoire naturel protégé qui accueille de nombreux parcours de randonnées. De nombreux cours d’eau limitent le phénomène d’étalement urbain vers l’Est et assurent des continuités paysagères vers le Piémont des Vosges.

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Depuis le château du Haut Koenigsbourg, la ville de Sélestat donne à voir son cœur de ville historique dense et ses quartiers d’habitat diffus qui morcellent les espaces agricoles. Le Ried de l’Ill referme par ses masses boisées sombres le paysage d’arrière plan de la ville.

Une typologie bâtie agricole dominante, témoin d’une certaine appropriation du sol

Installés à proximité des cours d’eau où sont concentrées les meilleures terres, les villages sont au cœur d’un terroir agricole constitué de cultures céréalières et maraîchères. La relative densité urbaine des villages témoigne de cet enjeu agricole qui a su pendant longtemps limiter l’emprise des villages et organiser des relations avec le contexte paysager. Le patrimoine bâti des villages témoigne alors de cette appropriation du territoire suivant une typologie dominante, la ferme sur cour, entre usages domestiques et cohabitations agricoles.

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A Hindisheim, les fermes sur cour alignent leurs pignons sur la rue
La ferme sur cour, avec la partie habitation – pignon perpendiculaire à la rue – se développe dans la profondeur de la parcelle. A l’alignement ou en léger retrait de la rue, le volume principal sur plusieurs niveaux surmonté d’un toit à deux pans, donne à voir la façade la plus ouvragé depuis la rue.
Dans la continuité du bâtiment d’habitation et formant retour d’équerre, les bâtiments annexes de l’exploitation (type remise, grange) définissent l’espace de la cour. En L ou en U, la cour est le lieu central de la vie de l’exploitation.
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La ferme sur cour ouverte, typologie bâtie dominante dans la Plaine - Analyse d’une logique d’implantation.



  LES ELEMENTS DU PAYSAGE

Les éléments liés à l’eau et à la roche
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La rivière. Grussenheim
La rivière
L’Ill et ses affluents, orientés nord-est/sud-ouest, drainent la majeure partie de la Plaine et des Rieds, formant par endroits un chevelu dense. Ils offrent un tracé souple au milieu d’un parcellaire plus rigide et géométrique. Leur présence n’est toutefois pas toujours bien visible en raison de la platitude du relief.
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Phragmites et aulnes soulignent le tracé du Riedbrunnen. Colmar
La ripisylve
Cette ligne de végétation signale la présence du passage de l’eau. Parfois ténue ou mêlée aux boisements des rieds, elle apporte dans les secteurs de cultures une diversité appréciable et un élément de repère dans les parties les plus ouvertes de la Plaine.
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Le canal. Boofzheim
Le canal
Plusieurs canaux traversent la Plaine sur de très longs linéaires. Ils offrent de longues perspectives en harmonie avec la vaste échelle du paysage. C’est une infrastructure majeure qui allie charme et rigueur et apporte une forte visibilité à l’eau.
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La digue de l’Ill. Ste-Croix-en-Plaine
La digue de l’Ill
Sur une grande partie de son cours, l’Ill est entouré de deux digues délimitant son lit. Réalisées afin de réduire les inondations, ces digues enserrent la rivière lui conférant un aspect raide et artificiel. Malgré cela elles constituent également un lieu de promenade à proximité de la rivière.
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Les phragmites soulignent le passage du ru. Colmar
Le ru et le fossé
Dans un registre ténu mais tout aussi important, ce chevelu de petits rus et de fossés se découvrent plus intimement. Ils apportent un contrepoint en venant ourler les grandes cultures de leurs lignes de roseaux.
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Inondation hivernale dans le ried. Muttersholtz
La nappe d’eau
C’est un élément qui révèle avec une grande force l’originalité des rieds. Elle en transforme radicalement l’image, à l’endroit où pousse le maïs. Dans ce paysage très maitrisé, elle apporte un contraste inattendu par ses étendues variables et ses contours fluctuants. La nappe d’eau constitue un évènement qui transforme la Plaine, révélant une microtopographie d’habitude imperceptible.
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Le boisement humide. Wettolsheim
Le boisement et la zone humide
En contrepoint des parties ouvertes en culture, ces éléments constituent une caractéristique majeure des paysages des rieds. Compte tenu de l’absence de relief, de nombreux affleurements d’eau, boisés ou non, apportent des ambiances intimes humides.
Les éléments liés à l’agriculture
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Le grand champ. Fegersheim
Le grand champ
Elément majeur de la Plaine et des Rieds, la vaste parcelle reflète l’intensification de l’agriculture. Elle forme une imbrication géométrique rectangulaire, composant un vaste damier.
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Le champ de maïs. Hettenschlag
Le champ de maïs
Les rangs de maïs modulent fortement les vues au fil des saisons, et en modifient grandement les perceptions en créant des écrans qui les rendent monotone de l’été à l’automne.
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Le champ de choux. Meistratzheim
Le champ de choux
Production emblématique alsacienne, la culture du chou à choucroute marque le nord de la Plaine, jusqu’à donner son nom au « Pays des choux » autour de Kautergersheim et de Meistratzheim.
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La clairière dans le ried. Epfig
La clairière dans le ried
Dans le ried, les lisières des bois et des ripisylves se recoupent et finissent souvent par délimiter des clairières de prés ou de champs, au paysage plus intime que les vastes ouvertures de la plaine.
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Le pré. Ebersheim
Le Pré
Encore présentes dans les rieds, les prairies participent à la diversité paysagère de l’unité. Elles forment également des ouvertures permanentes dans les boisements.
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La ligne de fruitier, le verger. Plobsheim
La ligne de fruitier, le verger
Surtout présent aux abords des villages, sur une petite parcelle bordant la forêt et le maïs, ou encore le long d’une petite route, il apporte par petite touche une diversité appréciable dans le paysage. Il crée des petites transitions entre l’espace villageois et les grandes cultures.
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L’arbre isolé. Grussenheim
L’arbre isolé
Il ponctue les étendues de grandes cultures. Il forme des points de repère qui participent à donner une échelle à ces grandes étendues. C’est un jalon qui se fait de plus en plus rare.
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Le bâtiment agricole. Gundolsheim
Le bâtiment agricole
Des grands bâtiments agricoles ont pris place sur ce territoire et ponctuent l’espace. Leur volume important et leur implantation isolée dans ce paysage ouvert les rendent bien visibles.
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La rampe d’arrosage. Grussenheim
La rampe d’arrosage
Symbole de la culture du maïs, les rampes d’arrosage, telles de gigantesques insectes, se déploient sur de longs linéaires dans les champs.
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Le chemin agricole. Zellwiller
Le chemin agricole
D’un tracé rigoureux ils accompagnent les cultures en y donnant accès. Leur accès n’est pas toujours autorisé.
Les éléments liés à la forêt
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La lisière. Ohnenheim
La lisière
Les lisières ont une forte présence dans ce paysage qui comporte de grandes ouvertures en culture. Les limites des boisements des rieds tranchent sur les champs. Elles indiquent le passage aux secteurs plus humides des rieds.
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Le bosquet. Grussenheim
Le bosquet
Ils rythment et jalonnent les vues et créent des éléments de repère dans les grandes cultures. Ces boisements linéaires ont une forme géométrique rigoureuse qui s’intercale entre les cultures. Ils y apportent une petite touche d’intimité. Ils forment des écrans, parfois transparents en hiver.
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La peupleraie. Plobsheim
La peupleraie
Elle se dresse par endroit dans la plaine alluviale parfois en une simple rangée d’arbre. La hauteur et les alignements des peupliers imposent leurs marques dans le paysage.
Les éléments liés à la route
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L’alignement d’arbres. Gerstheim
L’alignement d’arbres
Dans les paysages ouverts de la Plaine, les arbres le long des routes et des chemins jalonnent le territoire. L’alignement cadre la route et la signale de loin. Il participe à la qualité des vues et crée une transition avec l’espace alentour.
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Les routes surélevées. Traversée du ried inondé. Muttersholtz
Les routes surélevées
Dans le ried certaines routes sont surélevées afin de permettre le passage lors des inondations. Leur rehaussement est faible et peut passer inaperçu, mais leur spécificité se révèle pleinement quand l’eau monte.
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Le pont et les petits ouvrages. Ouvrage hydraulique sur la RD106. Colmar
Le pont et les petits ouvrages
Les ponts sont fréquents dans la traversée de la plaine et surtout des rieds, reflétant le grand nombre de cours d’eau. D’autres éléments mettent en exergue la présence de l’eau sous-jacente. Ainsi, certains chemins présentent des radiers surbaissés en béton, positionnés aux endroits de passage préférentiel de l’eau lors des inondations. Les routes surélevées possèdent également de larges ouvrages permettant le passage de l’eau lors des crues.
Les éléments liés au bâti
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L’eau dans le bourg. Herbsheim
L’eau dans le bourg
Les villages se sont implantés majoritairement à l’abri des inondations mais certains côtoient ou sont traversés par un cours d’eau. Cette présence de l’eau participe grandement à l’animation et la qualité de l’ambiance villageoise.
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La ceinture de vergers. Walff
La ceinture de vergers
Les villages sont parfois encore entourés d’arbres fruitiers, marquant la transition entre l’espace propre du village et les cultures.
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Le village à un ou deux clochers. Horbourg
Le village à un ou deux clochers
Les silhouettes des villages sont groupées, surmontées d’un ou de deux clochers. Le village s’organise autour de l’église, elle-même installée au croisement des routes du village. Leur périphérie est très visible dans ces paysages ouverts.
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Le lotissement. Oberentzen
Le lotissement
Le développement contenu des villages a entrainé la construction de lotissements en limite des villages. En lieu et place des vergers, les lotissements offrent une tout autre ambiance urbaine, par la trame parcellaire, l’implantation des constructions, les volumes bâtis, les matériaux,… par rapport au centre tout proche.
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Les bâtiments d’activités. Ste-Croix-en-Plaine
Les bâtiments d’activités
Souvent liés aux passages des axes routiers majeurs et de la proximité des grands centres urbains. Leur implantation et leur taille sont très diverses, imprimant une nouvelle image très visible dans ce paysage ouvert.

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Site mis à jour le 16 février 2015
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