Haguenau

  LIMITES

Forêt de Haguenau carte unité

Au nord

La lisière de la forêt de Haguenau forme une ligne d’horizon peu élevée mais sombre qui se détache en venant du nord. L’ouverture des paysages agricoles et des collines de l’Outre Forêt offre un changement net.

A l’est

Un paysage imbriqué et plus complexe forme une transition avec le Ried Nord. Un talus raide d’une hauteur variant de dix à vingt mètres, échancré par de nombreuses ravines, domine la plaine du Rhin. La lisière de la forêt de Haguenau est irrégulière et sinueuse forme un paysage de clairières avec une présence de l’eau annonçant les abords du Rhin.

Au sud

La limite est franche au sud-est formée par la lisière des boisements. Schweighouse-sur-Moder forme un passage urbain vers la vallée de la Moder. Au sud-ouest, un relief plus fort (Dauendorf) forme une rupture.

A l’ouest

La lisière boisée de la forêt de Haguenau forme une limite nette. Mais cela est atténué par la présence des boisements du Piedmont Nord ou de la clairière urbaine de Mertzwiller qui donnent par endroits une impression de transition.

  PORTRAIT SENSIBLE

Une vaste plaine forestière qui s’impose

L’étendue de la Forêt de Haguenau s’impose comme une barrière entre Kochersberg et Outre-Forêt. Betschdorf

La majeure partie du territoire de cette unité paysagère est forestière ; à l’exception de la vallée de la Moder qui est agricole et très urbanisée. C’est l’étendue importante des boisements qui individualise cette unité paysagère et lui donne son caractère unique. Cette vaste nappe boisée s’affirme tout d’abord depuis l’extérieur par une lisière nette qui tranche avec les étendues de prairies et de cultures qui ne comportent que très peu de boisements. Une fois ce seuil franchi, le contraste est fort, un paysage plus intime s’impose en continu, avec peu d’ouvertures. Il n’y a pas de clairières permanentes, celles-ci évoluant au fil de l’exploitation des peuplements forestiers.

Une forêt profonde et intime, mais nuancée et attractive

La forêt de Haguenau recèle de grandes variations d’ambiances liées aux différents peuplements forestiers. Haguenau

Les vues à l’intérieur de la forêt sont souvent limitées. L’absence de relief donne aux lieux une grande profondeur qui compte tenu de l’étendue de la forêt peut paraître infinie mais jamais ennuyeuse. Cela est flagrant à la faveur de la moindre ouverture donnée par les routes ou les allées rectilignes, plus ténu dans des sous-bois lumineux qui se répondent de place en place. L’homogénéité apparente reste également toute relative, révélant finalement une diversité tout en finesse et nuances. Mais cette diversité a une échelle plutôt de l’ordre de la parcelle, créant ainsi des tableaux successifs. Le charme de cette forêt tient ainsi aux nombreuses ambiances dues à la diversité des essences et de leurs âges, à la variété des sous-bois, aux contrastes de la contigüité entre deux peuplements, aux ponctuations d’arbres majestueux ou bien encore aux transparences qui laissent deviner…

De nombreuses voies quadrillent le massif forestier

Haguenau voit converger plusieurs grands axes routiers qui offrent de longues traversées forestières avant de rejoindre la ville. Haguenau

La forêt de Hagenau offre un aspect organisé et rigoureux, facilement accessible par les routes et les allées. Elle est en effet quadrillée d’allées forestières réparties régulièrement qui incitent agréablement à la visite des lieux. Celles-ci offrent de nombreuses perspectives qui forment autant d’ouvertures longilignes, qui contrastent avec les vues plus intimes du sous-bois. Ces allées permettent de bénéficier de toute la palette des ambiances forestières. Dans un autre registre plus cinétique, une étoile d’axes routiers dont le cœur est la ville d’Hagenau, rayonne régulièrement vers les paysages entourant le massif forestier. Ces routes rectilignes forment de longues traversées qui confirment l’importance de l’étendue forestière.

Une présence de l’eau surprenante

Mares, étangs, ruisseaux et rivières créent des ambiances de sous-bois humide surprenantes. Haguenau

La présence de l’eau est ici très originale par son alliance avec la forêt. Les ambiances de sous-bois humides sont étonnantes. Les cours d’eau, sous couvert forestier, sont majoritairement orientés est/ouest avec une forte densité et une répartition régulière. Mais il est impossible en l’absence de relief et de la fermeture des vues d’en saisir l’organisation, leur étendue et leur parcours. Leur perception se fait à travers une découverte de proximité qui se répète régulièrement, prenant de nombreuses formes allant de la simple rigole à la rivière. A cela il faut ajouter les variations des parties exondées qui modulent la végétation et ainsi les ambiances des sous-bois.

Des villages « ruraux » sur le pourtour de la lisière forestière

La périphérie de la Forêt de Haguenau est ponctuée de villages. Dauendorf

Plusieurs villages viennent tutoyer les boisements ou s’étendent au-delà dans la lisière périphérique de la forêt de Haguenau, offrant une face ouverte tournée vers les cultures et l’autre vers des prés et la forêt. Ces villages présentent des situations urbaines déjà rencontrées dans le Kochersberg et l’Outre Forêt, car positionnées à l’articulation entre ces différentes unités : villages en haut de vallons, en situation de belvédère à l’Ouest, en forme de village-tas ou de village-rue suivant la prégnance du relief, et articulant sur un parcellaire laniéré des corps de ferme sur cour.
Ce qui contraste ici, c’est davantage les liens visuels entre ces villages et le massif boisé de la forêt qui agit comme une limite à l’urbanisation. Au Nord et à l’Ouest de la forêt de Haguenau, les villages se détachent de la lisière forestière de quelques centaines de mètres et les cultures assurent la transition entre le paysage urbain et la forêt. Seuls les villages du Sud du massif boisé se trouvent directement en confrontation avec la lisière (Soufflenheim et Schirrhien).

La vallée de la Moder : à l’amont, une vallée rurale

L’amont de la vallée de la Moder offre un paysage rural, avec un fond de vallée agricole adossé à la lisière boisée et dominé par les dernières collines du Kochersberg où prennent place les villages. Dauendorf

A l’est de la vallée de la Moder, entre Niedermodern et Dauendorf, la fin des reliefs du Haut- Kochersberg et le coteau offrent des situations en belvédère sur la vallée et la forêt de Haguenau. Cette partie amont de la vallée de la Moder reste d’une lecture simple, formant un couloir cultivé ou en prairies, cadré par les boisements. En continuant vers l’aval, le relief s’amenuise, les coteaux se réduisant alors à une petite marche pas toujours bien visible.

La clairière de Haguenau, une agglomération sur la Moder

Les passerelles passant au-dessus du contournement de la RD 1063 offrent de larges points de vue sur cette périphérie hétérogène mêlant champs, lotissements, zone d’activités et lisières forestières. Haguenau

La transition urbaine est saisissante lorsque longeant la vallée de la Moder, on débouche dans la clairière de Haguenau. Venant d’un paysage rural encore préservé, on découvre l’étendue urbaine entre Schweighouse-sur-Moder et Bischwiller, formant une continuité à cheval sur la Moder. Ici, l’urbanisation a conquis une grande partie de la clairière, et le paysage hétérogène alterne entre enclaves agricoles et zones d’habitat, commerciales et industrielles. Le fond de vallée se perçoit encore par endroit par un cordon boisé qui suit le cours d’eau, à proximité des champs enclavés par les extensions urbaines. Une partie de cette rivière présente un caractère plus artificiel en raison de sa canalisation ou de son endiguement. Cette partie aval de la vallée de la Moder, plus complexe, est moins lisible, alternant urbanisation et ouvertures agricoles.

  LES PAYSAGES URBAINS DE LA FORET DE HAGUENAU

En lisière de forêt, un chapelet de villages

Cas de Dauendorf (Haut Kochersberg) : un village-tas structuré par un maillage de rues formant îlots. Les équipements ainsi que le tissu pavillonnaire s’installent en limite de village, sur d’anciennes parcelles agricoles. (Fond IGN Geoportail)

Les villages qui bordent le massif forestier de la forêt de Haguenau s’installent en situation de frange sur un relief qui limite et délimite de petits vallons au creux desquels sillonnent de nombreux ruisseaux. Orientés et ouverts sur l’espace agricole, les noyaux villageois sont de type village-rue au Nord de la Forêt de Haguenau installés sur la pente en situation de surplomb, en transition avec l’Outre-Forêt et le Piémont Nord. Plus au Sud, assurant la limite du Kochersberg, les villages sont de type village-tas au cœur de l’espace agricole, la forêt formant fond de scène et limite à l’urbanisation.
Les villages gardent une structure villageoise identifiée et repérable par un noyau historique organisé de part et d’autres des rues principales (formant îlot dans certains cas). Les constructions témoignent d’une organisation agricole forte, par du bâti dense sur un parcellaire étroit et allongé, autour d’une cour.

La silhouette compacte des villages d’où émerge le ou les clochers est une constante du paysage urbain lorsque l’on arrive du pourtour avant de traverser la forêt de Haguenau. Cette silhouette témoigne également d’une urbanisation récente à l’articulation avec l’espace agricole, relativement contenue et qui compose avec les vergers la frange urbaine.

Haguenau, « l’enclave de la rivière »
L’histoire de la ville de Haguenau est indissociable de son insertion dans son contexte géographique et paysager. La ville doit son installation à l’existence d’une clairière au cœur de la forêt, traversée par la vallée de la Moder. Le noyau villageois primitif, enserré dans ses fortifications (aujourd’hui rue du Marché aux Grains, rue du Maréchal Foch) venait déjà en appui de la Moder sur sa partie Nord (actuelle rue de la Moder et rue de la Vieille île). Si la Moder a disparu, enterrée sur une partie du centre-ville, elle subsiste encore le long du quai des Pécheurs.

Hier, élément naturel défensif hors la ville accompagnant les systèmes des fortifications, l’eau dans la ville est aujourd’hui une plus-value environnementale et paysagère, vecteur de nouveaux projets d’aménagement et de lien entre des entités urbaines morcelées. Haguenau

Elément naturel d’agrément mis en valeur au travers d’une politique ambitieuse de valorisation des espaces publics, l’eau dans la ville est également présente par le canal de décharge qui contourne et enserre la ville historique au Nord. Accompagné d‘un boulevard qui ceinture la ville, le canal de décharge articule différents éléments de paysage, de parc, et de promenades et permet de tisser des continuités paysagères entre des espaces agricoles enclavés du fait d’un développement urbain sans précédent depuis plus de 60 ans.

Une conurbation récente à cheval sur la Moder
Le long de la vallée de la Moder se concentre l’urbanisation de l’unité paysagère. La ville de Haguenau se développe dans une clairière défrichée au cœur de la forêt, au bord de la Moder. D’autres implantations villageoises prennent place de part et d’autre de la vallée de la Moder, le long des voies principales de circulation.

La clairière de Haguenau, un développement urbain récent marqué par les zones pavillonnaires, commerciales et industrielles. (Fond IGN Geoportail

La situation urbaine de cette région évolue à la marge jusqu’au milieu du XIX^e siècle, période qui voit la création de la ligne de chemin de fer, ainsi que l’essor industriel nécessitant davantage de main d’œuvre en ville. Bénéficiant d’importantes surfaces de prairie autour des centres urbains, les villes ne vont cesser de s’étendre d’abord vers les faubourgs, puis plus largement le long des axes de déplacement sur l’espace agricole qui ne résiste pas longtemps à la pression foncière.

Aujourd’hui, la ville de Haguenau forme une conurbation entre Schweighouse-sur-Moder et Oberhoffen-sur-Moder : le tissu urbain est continu entre ces villes à cheval sur la Moder. L’urbanisation récente se traduit par d’importantes zones pavillonnaires, industrielles et commerciales qui, par agrégat, constituent de nouveaux secteurs urbains. La lisière forestière a plutôt su limiter l’urbanisation, tandis que les champs se trouvent enclavés entre la forêt et le tissu urbain.

La banalisation des paysages urbains le long de la vallée de la Moder est symptomatique de la structuration de l’espace urbain par zonage au travers de nouvelles formes urbaines déconnectées du contexte dans lequel elles s’inscrivent. Kaltenhouse, Haguenau, Bischwiller

Des typologies urbaines héritées du monde agricole
Il est difficile d’établir des typologies urbaines récurrentes sur l’unité paysagère, tant les paysages urbains récents se détachent des conditions et valeurs héritées du patrimoine. Cependant, l’analyse des villages, qu’ils soient en périphérie de la forêt de Haguenau ou bien les noyaux historiques « absorbés » par les extensions urbaines dans la vallée de la Moder, témoignent d’un héritage urbain sous influence agricole forte qui se retrouve dans les unités paysagères avoisinantes à savoir le Kochersberg et l’Outre Forêt.

Ainsi, la ferme sur cour reste une dominante du patrimoine bâti des villages, même s’il existe une grande diversité de typologies bâties qui organisent l’ambiance urbaine et le rapport à la rue. Les bâtiments s’installent principalement pignon sur rue, à l’alignement ou en léger retrait, tandis que la cour constitue l’élément central de la composition bâtie autour de laquelle s’organise les bâtiments de l’exploitation.
Les parcelles dans le village sont de forme étroites et allongées, les bâtiments développent alors une composition dans la profondeur, avec plusieurs épaisseurs construites. Cette forte densité bâtie s’exprime par une ambiance rue à dominante minérale.

Le paysage de la rue est marqué par une succession de pignons d’habitation, de portails ouvragés séparant la cour de ferme et par quelques bâtiments s’implantant le long de la rue et permettant passage couvert vers la cour.

  LES ELEMENTS DU PAYSAGE

Les éléments liés à l’eau et à la roche

Les éléments liés à la forêt

Les éléments liés à la route

Les éléments liés au bâti