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Représentations et images de la Forêt de Haguenau
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Les représentations des paysages de l’unité sont intimement liées à la forêt de Haguenau. Mais ce vaste massif, occupé depuis les temps préhistoriques, parfois encore appelé « forêt-sainte » n’a produit que peu d’images de paysages, les représentations anciennes ou contemporaines relevant davantage d’ambiances que de grands horizons. On peut noter ainsi qu’en dépit de son potentiel reconnu de promenades, de loisirs, de détente…, les offices de tourisme présentent peu d’images qui puissent vraiment identifier la forêt en la distinguant d’autres massifs. Malgré tout, par l’horizon de nature qu’elle crée dans certaines situations, notamment à ses marges, la forêt redevient alors motif de paysage. Hors de la forêt, c’est le site urbain de Haguenau qui focalise l’essentiel des regards.
« Au milieu de la grande forêt, sur les bords de l’Eberbach, on voit un vieux chêne, dit le chêne de l’Ermite, Einsiedtel’ Eich, près duquel la tradition populaire indique l’emplacement de la cellule de Saint Arbogaste.
(…)
Quel port superbe ont les grands chênes voisins, à côté des bouquets de bouleaux au tronc blanc, qui se détache sur le fond sombre des pins. Écoutez le coucou lancer les appels de sa grosse voix sonore, plus forte que sa taille. La matinée a été très fraîche, malgré le soleil sur un ciel sans nuage. Les gouttelettes de rosée perlent encore dans le calice des fleurs, aux feuilles des arbres, à la pointe des herbes. Rien n’est plus charmant que cette promenade sous-bois, à travers les halliers tout pleins des effluves du renouveau. »Charles Grad, L’Alsace, le pays et ses habitants, Hachette, 1906. [1]
La forêt, des représentations d’ambiances plus que de larges vues
Ambiances génériques : futaies, sentes, nature
L’iconographie paysagère ancienne est très discrète. Contrairement aux forêts de Fontainebleau ou plus près de nous, des Vosges, la forêt de Haguenau, en absence de reliefs marqués et par conséquent de points de vue, n’a pas suscité un grand intérêt chez les artistes. Cette situation a évolué, notamment grâce à la photographie contemporaine, professionnelle ou amateur, qui s’attache volontiers à la scène forestière. La forêt, devenue un espace de loisirs, de promenade, de « ressourcement », de « nature », suscite de nombreuses images d’ambiances, où flore et faune tiennent une place de choix. La forêt est considérée comme un espace à protéger, à valoriser. En témoignent les nombreuses manifestations qui se sont tenues à Haguenau lors de l’Année internationale de la forêt [2] placée sous l’égide de l’ONU : des concours de photos ont été organisés, des expositions installées dans la ville et les espaces publics, des artistes plasticiens encouragés à s’emparer de ses éléments (bois, couleurs, terre…) pour créer leurs œuvres. Mais toutes ces images ou évocations ne s’attachent pas davantage aujourd’hui qu’hier aux « paysages ». La forêt est vue de près, et ses qualités graphiques - combinaisons de couleurs, lignes, matières…- en sont les principaux motifs.
Futaies et sous-bois
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A gauche, une des rares images de la forêt antérieure au XXe siècle. Incluse dans un ouvrage sur la nature, cette photographie la met en scène comme un espace fermé, sans horizon. A l’exception de la modeste ouverture d’une sente, sur la gauche, les arbres et le sous-bois emplissent toute l’image.
Plus d’un siècle a passé entre les deux photographies ci-dessus. Même si l’on ressent une différence d’ambiance liée essentiellement à la présence ou l’absence de sous-bois, même si le regard de la photo contemporaine se veut plus documentaire qu’esthétique, c’est l’effet d’élévation vers le ciel des troncs des arbres qui représente, par métonymie, la forêt.
Sentes et clairières
Les ouvertures, sentes ou clairières ouvrent des vues et des perspectives dans l’espace forestier que les photographes mettent souvent à profit, créant ainsi les rares photos de paysages de la forêt de Haguenau.
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La forêt comme horizon
La forêt de Haguenau est représentée aussi de loin, quand elle constitue un horizon pour les unités voisines. C’est vu à partir de la plaine ou du piémont qu’elle devient, dans son entièreté, une composante de paysage.
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La forêt de Haguenau, à l’horizon, met en valeur les composantes du paysage de la plaine : champs moissonnés scandés par des ballots de paille, bourg groupé à sa lisière.
A gauche, en limite du Ried nord, cette vue aérienne de Schirrhein met en valeur ce qui constitue l’originalité du paysage de la ville : une composition basée sur une limite nette entre un bâti encore relativement bien groupé et la masse imposante de la forêt qui semble s’étendre jusqu’à l’infini.
A droite, la vue aérienne de Kaltenhouse joue de la composition paysagère de cette ville de clairière située au sud de Haguenau : un bourg groupé, des prairies en bordure de la Moder, au loin l’horizon empli du massif forestier.
Haguenau : une ville au bord de la Moder
La forêt ignorée
Cette représentation du XVIIIe siècle de Haguenau se situe dans la même lignée que les autres images des villes d’Alsace issues du recueil de Jean-Daniel Schoepflin. La ville est montrée dans son environnement cultivé et humanisé. La forêt pourtant à proximité, et ressource économique essentielle, est complètement ignorée.
Une ville traversée par la Moder
« Le chemin de fer de Strasbourg, avant d’atteindre la station de Haguenau, passe dans une tranchée profonde. Cette tranchée s’ouvre dans une ondulation du terrain au-dessus du bas-fond où s’élève la ville sur le cours de la Moder. A la traversée de Haguenau, la rivière se partage en deux bras, qui forment une île. Probablement le quartier le plus ancien de la ville était confiné dans cette île, autour d’un château de chasse, converti plus tard en un palais impérial, mais démoli maintenant. Des remparts de l’enceinte fortifiée, debout au moment de l’annexion à l’empire allemand, comme à Schlestadt, il reste seulement des tronçons. Des jardins remplissent une partie des fossés de la forteresse disparue et remplacée maintenant par des boulevards plantés d’arbres. Beaucoup de squares ornés d’arbustes et des parterres de fleurs à l’intérieur, avec des allées ombreuses et fraîches. Les rues sont propres, bien pourvues d’eau et de lumière. »
Charles Grad, L’Alsace, le pays et ses habitants, Hachette, 1906. [3]
La Moder est un motif très présent dans les représentations de Haguenau. Les images récentes privilégient cependant davantage l’architecture et le patrimoine que les paysages de bord de rivière.
Des images contemporaines centrées sur le patrimoine architectural
Peu d’images dans les productions touristiques mettent vraiment en valeur le site de la ville de Hagenau. Photographes professionnels ou amateurs d’aujourd’hui se concentrent sur le patrimoine architectural plutôt que sur la présence en ville de la Moder.
La campagne et la Moder, des composantes relativement peu présentes
La Moder et ses affluents
A contrario, la Moder ou ses affluents apparaissent parfois ailleurs dans les cartes postales.
Ces deux cartes postales pourtant très éloignées dans le temps, mettent en scène dans une composition assez similaire la Moder à Bischwiller, la Zinzel du Nord à Mertzwiller.
A Bischwiller, l’image est soigneusement composée. Pont, cours d’eau, chemin planté de platanes au milieu duquel pose une jeune femme… chaque élément semble être à sa place et énonce un idéal d’harmonie entre ville et nature.
A droite, à Mertzwiller, cette carte postale moderne évacue la ville pour concentrer la représentation sur le cours d’eau et ses rives non aménagées. Les arbres, non alignés, prennent dans cette image une place importante.
[1] Cet ouvrage est disponible sur le site de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France (Bnf) gallica
[2] Voir sur le site de la ville de Haguenau la page dédiée à ces manifestations de 2011. Malheureusement, les photos lauréates du concours « photographier la forêt » qui comprenait une catégorie « paysage », ne sont plus en ligne. 289 photos pour la forêt !
[3] Cet ouvrage est disponible sur le site de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France (Bnf) gallica