Contenu
Les enjeux paysagers liés à l’agriculture
Accès direct
- Le maintien d’une diversité dans les paysages de grandes cultures
- La gestion et la préservation du petit parcellaire des coteaux
- La qualité du paysage viticole
- La préservation des ouvertures agricoles de montagne
- Le maintien de l’ouverture agricole du fond de vallée
- La mise en place d’une agriculture périurbaine
- L’insertion des bâtiments agricoles
Les risques
- Supprimer les derniers repères visuels. Lorsqu’ils disparaissent, ces grands paysages basculent vers un espace uniforme et monotone. Il devient difficile d’évaluer les distances, de se repérer.
Supprimer les chemins ruraux donnant accès au territoire au sein des grandes cultures. Les rendre moins attractif en supprimant leur accompagnement arboré.
Laisser disparaître les derniers arbres isolés, sans prévoir leur renouvellement.
Laisser disparaître les petits vergers et les alignements de fruitiers le long des routes secondaires.
Abattre et ne pas renouveler les alignements d’arbres le long des routes, dont certaines à fort trafic.
Simplifier les vallons en cultivant trop près des fonds humides et en supprimant la végétation des ripisylves.
Préserver et renouveler la végétation arborée
Que ce soit dans le Plaine d’Alsace, le Sundgau, la Hardt ou encore l’Outre Forêt, le constat est semblable. L’agrandissement des parcelles, l’intensification des cultures (Maïs) et la mise en culture des prairies s’accompagnent d’une simplification et d’une ouverture du paysage. Dans la Plaine, la spécificité et les contrastes paysagers des rieds s’atténuent. Les éléments arborés (arbres isolés, rideau d’arbres, haies, bosquets, vergers, alignement de fruitiers…) disparaissent petit à petit. Les vastes horizons, offrant des vues lointaines peuvent certes avoir un pouvoir attractif. Mais cela ne fonctionne que lorsqu’il y a en contrepoint une certaine diversité. L’uniformité est source de monotonie. La présence arborée focalise le regard, anime l’étendue, ponctue les déplacements. Elle module l’échelle du paysage et lui donne des repères. Les ouvertures mettent en exergue tout élément vertical, lui donnant une valeur appréciable, à laquelle on ne prêterait pas attention dans un paysage plus refermé.
Le maintien de ces structures végétales contribue également à la lutte contre l’érosion des sols et à la continuité des corridors écologiques (politique Trame Bleue/Trame Verte). Dans un contexte d’évolution constant de l’économie de l’agriculture, du développement du tourisme et de la demande récréative des habitants, ce qui pouvait paraître obsolète hier pourrait être source de diversification de revenus et de pratiques. Entre passé et modernité, de nouvelles compositions du paysage pourraient apparaître.
Quelques pistes d’actions envisageables
Préserver les repères visuels existants qui animent le paysage : un bosquet, un arbre isolé, une haie…
Replanter quelques arbres isolés en limite de parcelle et de chemins.
Replanter des fruitiers en ligne, isolé ou en verger.
Mener une campagne de gestion et de renouvellement des arbres d’alignements routiers.
Maintenir un petit parcellaire autour des villages : verger, potager, prairies.
Maintenir la continuité herbagère et arborée des rieds qui structure le paysage de la plaine.
Encourager l’élevage pour maintenir les prairies. Limiter la mise en culture des parcelles du ried.
Développer des projets d’agroforesterie mêlant arbres (fruitiers ou forestiers) culture et élevage.
Conserver un réseau de chemins permettant un usage partagé de l’espace agricole
Les chemins agricoles existent pour desservir les parcelles mais sont parfois en accès limités ou privés. Ces étendues des grandes cultures, sont trop souvent considérées comme peu attractives. De ce fait leur accessibilité et de leur fréquentation n’est pas assez prise en compte. Pourtant à l’échelle du piéton et de l’exploitant agricole, les chemins permettent une découverte plus intime du territoire. Leur facture, leur accessibilité, et leurs abords sont donc des éléments à valoriser. Ils sont également un support intéressant pour l’environnement, par la diversité de la végétation qui pourrait les accompagner ainsi que les fossés qui les bordent parfois.
Quelques pistes d’actions envisageables
Préserver un réseau de chemins autour des villages, éviter les dessertes en cul de sac.
Effectuer des acquisitions foncières de chemins pour les rendre publics.
Reconquérir les chemins oubliés ou annexés.
Maintenir des continuités, des boucles ou des connexions avec des itinéraires complémentaires existants.
Valoriser des chemins ruraux reliant ville, champs et forêt.
Replanter des fruitiers en ligne ou isolés, à des carrefours.
Maintenir la qualité des chemins agricoles communaux et de leurs abords.
Maintenir la présence paysagère des vallons
Les vallons forment un contrepoint plus intime aux étendues de grandes cultures. L’ouverture du paysage cultivé les met en exergue. Leur versant comporte parfois un petit parcellaire arboré ou bien des haies résiduelles. La ripisylve étirée des fonds, parfois complétée par des prairies lorsque les fonds humides s’élargissent, forme un contraste qui anime le paysage. Parfois de grandes parcelles labourées s’implantent très près des fonds, apportant une rupture d’échelle dans ces paysages plus intimes. Le maintien du petit parcellaire des vallons est également important pour la prévention de l’érosion des sols et la constitution de liaisons écologiques à travers la région.
Quelques pistes d’actions envisageables
Maintenir et gérer la ripisylve des cours d’eau
Gérer les petits cordons de végétation plus humides au pied des collines (roseau, saule).
Instaurer et entretenir des bandes enherbées le long des fonds de vallons.
Conserver une présence arborée sur les versants, vergers et haies en limite de parcelles.
Maintenir les prairies qui apportent un contrepoint et une diversité par rapport aux étendues des cultures.
Eviter les regroupements trop importants de parcelles sur les versants ou dans les fonds
Les risques
- Laisser s’enfricher les parcelles, ce qui tend à uniformiser le coteau et à enlever la diversité du paysage.
Planter des boisements sur les pentes autrefois jardinées ce qui tend à fermer ou uniformiser les vues.
Laisser la végétation croitre en contrebas des belvédères, ce qui occultera les vues.
Augmenter la taille de parcelles et créer de grandes surfaces uniformes.
Laisser les haies et les fruitiers, qui animent les versants, disparaîtront complètement .
Oublier de valoriser les chemins, vecteurs de découverte des coteaux et d’accès au belvédère.
Conserver un équilibre entre ouverture et fermeture
Les versants sont visibles de loin et constituent les horizons. En vue proche, ils forment des limites remarquées. Ils ont donc un impact visuel non négligeable. Deux phénomènes s’observent sur les parcelles pentues des versants. Tout d’abord une simplification de l’occupation du sol des pentes des vallons et des coteaux s’impose petit à petit. L’agrandissement des parcelles et la mise en culture des prairies tendent à uniformiser le paysage. Cette évolution peut aller jusqu’à l’apparition de grandes parcelles couvrant la majeure partie d’un versant. Cela s’accompagne de la disparition des fruitiers, des arbres isolés, des quelques bosquets ou des haies.
Plus rarement, certaines parcelles pentues, ou de faible valeur agronomique, ont tendance à s’enfricher ou se boiser. C’est notamment le cas de nombreuses parcelles situées entre le versant vosgien et le piémont où l’enfrichement referme le paysage au-dessus des villages. L’intensification de l’agriculture ou au contraire la moindre gestion des terres tendent donc à uniformiser le paysage. Entre ces deux tendances, un équilibre est à trouver.
Quelques pistes d’actions envisageables
Pérenniser l’usage agricole des parcelles à flanc de coteau : prairies et vergers.
Limiter la taille des parcelles en cas de regroupement. Replanter les limites de parcelles.
Maintenir une présence arborée : arbres isolés, ligne d’arbres, haie…
Soigner les abords des villages et leur petit parcellaire (vergers, tour de village, potagers, prairies).
Ouvrir les terrains enfrichés par une gestion mécanique puis installer une gestion douce mettant en valeur les milieux naturels s’il n’y a plus d’usage agricole.
Traduire ces volontés dans les PLU.
Valoriser le petit parcellaire plus intime des coteaux
La composition des coteaux revêt un rôle important dans la perception des paysages. Leur pente les rend visibles sur un large périmètre. Sur une butte ou un versant dominant le village, le petit parcellaire des coteaux forme une toile de fond animée et variée entre cultures et forêts. Leur échelle plus intime focalise les regards sur leur mosaïque de parcelles diversifiées. Les arbres fruitiers, les haies ou encore les prairies, apportent un contrepoint remarqué et précieux face à l’étendue des cultures. Ces espaces originaux provoquent souvent un attachement et offrent une pratique du territoire différente (jardin, vigne, verger, petit pâturage, promenade naturaliste…) mais complémentaire pour les habitants.
Quelques pistes d’actions envisageables
Renouveler les arbres vieillissants.
Encourager la plantation de vergers.
Diversifier les modes de plantations : arbre isolé, ligne, verger régulier.
Soutenir la gestion des petits vergers de haute tige et les ateliers de transformation.
Trouver des usages différents en lien avec les habitants proches (chevaux, jardins potagers, gestion naturaliste, promenade).
Développer une gestion alternative avec l’utilisation du bois et de la végétation des haies pour la collecte énergétique.
Préserver le parcellaire en lanière
Mettre en valeur les chemins des coteaux et les belvédères
La fréquentation de ces lieux et leur accessibilité constituent une des clés de réussite de leur conservation et de leur attrait paysager. Ces versants proposent une grande diversité paysagère et offrent de hauts belvédères. S’élever constitue toujours un but de promenade recherché, en permettant une découverte des vastes horizons dégagés. Les chemins d’accès à ces versants méritent donc d’être maintenus et mis en valeur. Sont plus particulièrement concernés les chemins situés à proximité des bourgs et des villages, ou menant aux points hauts.
Quelques pistes d’actions envisageables
Aménager des circuits de découverte.
Mettre en valeur les tracés reliant les coteaux aux villages.
Signaler les entrées de chemin depuis les routes, par un arbre par exemple.
Accompagner le cheminement par des plantations, de fruitiers par exemple.
Conserver des vues depuis les chemins en gérant la végétation.
Mettre en valeur les points de vue et les belvédères.
Les risques
- Evoluer vers une uniformisation du vignoble tendant à la monoculture.
Laisser disparaître les quelques vergers et arbres isolés.
Remplacer les murs en pierre par des murs en béton ou des talus.
Ne pas entretenir le petit patrimoine de pierre : escalier, calvaire, cabane.
Perdre l’attrait du vignoble pour la promenade en limitant les accès.
Agrandir démesurément les parcelles de vignes.
Entailler le coteau trop fortement pour implanter la vigne.
Maintenir une présence de l’arbre dans le vignoble
Le vignoble comporte une certaine présence de l’arbre qui accompagne les vignes. Les grandes étendues de vigne et leur graphisme auraient tendance à le faire oublier. Mais le charme de ce piémont viticole tient aussi aux quelques arbres fruitiers sur des petites parcelles et aux arbres isolés qui s’intercalent avec les parcelles de vignes pour animer les vues. Les arbres participent à la composition et au charme d’un paysage diversifié et plus attractif. Ils forment des points de mire, des repères, des buts et des accompagnements de promenades non négligeables. La présence des arbres dans le vignoble constitue donc un enjeu pour son attractivité.
Quelques pistes d’actions envisageables
Encourager la plantation d’arbres ou de vergers intercalés entre les parcelles de vignes.
Renouveler les arbres isolés vieillissants.
Replanter des arbres qui sont abattus ailleurs dans le cas d’agrandissement de parcelles de vignes.
Choisir des lieux symboliques pour planter des sujets isolés : calvaire, banc napoléonien...
Marquer les croisées de chemins par un arbre.
Conserver la présence des murets
Témoin d’un savoir faire indéniable pour valoriser la pente et favoriser la culture de la vigne, les murets de soutènement et leurs annexes (rampe, escalier…) constituent des éléments forts du vignoble alsacien. Présents dans les secteurs les plus pentus et de roche dure, ils sont indissociables de son histoire et de la maitrise des cultures. La pierre utilisée fait écho à la roche locale et également aux maisons qui l’utilisent participant ainsi à l’harmonie globale du vignoble. Leur répétition n’est jamais semblable suivant les endroits et la pente, constituant ainsi de nombreuses variantes qui participent à la diversité du vignoble. Les murets constituent les premiers plans pour toute personne empruntant les routes et chemins. Le soin apporté à la construction des murets et leur restauration (choix des matériaux, techniques de construction, terrassement, maintien des escaliers inclus dans le mur) participent donc à l’image de ce vignoble emblématique de l’Alsace.
Quelques pistes d’actions envisageables
Identifier des secteurs comportant un réseau de murets remarquables pour les préserver et encourager leur maintien.
Conserver la continuité des linéaires de murets.
Utiliser la pierre locale pour conserver une certaine unité des murets.
Utiliser des techniques de construction cohérentes avec celles utilisées auparavant toujours pour conserver une harmonie globale des murets sur un secteur.
Habiller les murs de béton par un parement en pierre locale sur les faces visibles.
Eviter de remplacer les murets par des enrochements constitués de gros blocs.
Entretenir le petit patrimoine de pierre : escalier, calvaire, cabane.
Favoriser l’insertion paysagère des ouvrages hydrauliques
Les fortes pentes, l’imperméabilisation des chemins (béton), des modes de cultures ne favorisant pas l’infiltration des eaux pluviales dans les parcelles, ou encore la raréfaction des murets fractionnant les flux, ont entrainé une gestion des problèmes de ruissellement par la construction d’ouvrages hydrauliques en béton. Ceux-ci, peu discrets, ne sont pas en adéquation avec la qualité paysagère du vignoble. Ces ouvrages permettent de résorber un flux important localement en cas d’orage, mais l’origine des ruissellements pourrait être raisonnée sur un plus grand périmètre (infiltration à la source). L’utilisation de matériaux nobles participe à la qualité des ouvrages. Le soin apporté à la qualité architecturale et paysagère de ces ouvrages hydrauliques est un fort enjeu pour la qualité du paysage viticole.
Quelques pistes d’actions envisageables
Privilégier les ouvrages de petites dimensions et favoriser leur discrétion. Travailler leur architecture pour mieux les insérer.
Réfléchir la localisation des ouvrages hydrauliques afin de réduire leur impact paysager.
Habiller les faces visibles des ouvrages de béton par un parement en pierre locale.
Soigner les abords des ouvrages existants, les accompagner par des plantations d’essences locales.
Promouvoir des techniques de cultures limitant le ruissellement et favorisant l’infiltration (enherbement, terres aérées, orientation des rangs de vignes).
Créer des réseaux de micro-fossés en amont des points durs.
Maintenir un réseau suffisant de murets fractionnant et diffusant les écoulements.
Utiliser des matériaux perméables pour le renforcement des chemins.
Adapter les chemins en béton pour mieux diffuser les écoulements en amont (rainure, ponceau, palier).
Les risques
- Laisser disparaître les dernières clairières.
Laisser la forêt gagner du terrain et refermer les vues.
La forêt ou la friche qui gagne sur les chaumes.
Supprimer les panoramas exceptionnels et les points de vue sur la vallée en contrebas.
Fractionner la clairière par un microboisement de conifères.
Laisser s’enfricher les pentes proches du hameau et fermer ainsi les ouvertures autour de celui-ci.
Effacer de quelques coups de charrue le modelé d’anciens champs en banquette.
Combler une grande partie des clairières par l’urbanisation.
Pérenniser les chaumes emblématiques des Vosges
Les chaumes et les estives constituent des paysages reconnus, fortement visités. Les hautes chaumes offrent, chose rare dans le massif vosgien, des crêtes douces non boisées. Ces vastes étendues couvertes de graminées constituent un paysage emblématique du massif. Par les nombreuses vues en belvédère qu’elles offrent, chaumes et estives constituent des lieux remarquables dont l’attractivité est forte. Ces ouvertures agricoles apportent une tonalité lumineuse et une respiration appréciable dans un massif à dominante boisée. La qualité de ces endroits est liée à la présence des espaces ouverts. Leur gestion agricole par le pâturage ou la fauche est un des garants de leur maintien. La route des Crêtes constitue un des vecteurs de découverte du massif. La maîtrise des terres agricoles à proximité ou plus lointaines mais visibles depuis cet axe, constitue aussi un enjeu pour les actions à venir.
Quelques pistes d’actions envisageables
Maintenir l’ouverture des chaumes.
Conserver les crêtes dégagées et en ouvrir de nouvelles.
Surveiller la progression des friches et des micro-boisements, vecteurs de fermeture du paysage.
Maîtriser les extensions des bâtiments agricoles, des résidences secondaires et des installations touristiques.
Soigner l’architecture et l’aménagement des abords des fermes auberges.
Instaurer une bonne cohabitation entre l’usage agricole et le tourisme.
Maîtriser la gestion des prairies en bordure de la route des crêtes.
Veiller à la qualité des cheminements dans des sites fréquentés.
Tenir les ouvertures agricoles des versants et des hauts
Au fil du temps les paysages montagnards de l’Alsace se sont considérablement refermés. L’agriculture a été remplacée par la forêt. Dans les paysages majoritairement forestiers des Vosges, la perception du paysage est fortement conditionnée par le jeu des ouvertures des prairies et des fermetures de la forêt. Les prés apportent une diversité très importante. Les détails du relief apparaissent et le paysage y gagne une plus grande profondeur. Des « respirations », après les traversés forestières, s’offrent au visiteur aussi bien visuellement que physiquement et produisent autant de points d’appel. Les prairies animent le coteau et elles offrent également de nombreux points en belvédère. Le Val d’Orbey, la vallée de la Weiss ou l’amont de la vallée de la Fecht, par exemple, offrent encore un paysage relativement ouvert de prairies soignées, qui donne une idée de ce que devait être auparavant le paysage d’une partie des Hautes-Vosges. La pérennité des prés des versants reste donc un enjeu incontournable pour maintenir un paysage attractif.
Quelques pistes d’actions envisageables
Pérenniser l’ouverture des prairies de montagne par l’agriculture.
Mettre en place une gestion alternative en l’absence de reprise agricole.
Remettre en prairie des parcelles de conifères qui ont grignoté l’espace ouvert.
Maîtriser le foncier aux endroits les plus sensibles (fort impact visuel, lieux stratégiques, pression urbaine).
Surveiller la progression des friches et des micro-boisements, vecteurs de fermeture du paysage.
Eliminer les micro-boisements de conifères sur les versants ouverts.
Eviter le mitage de l’urbanisation au sein des ouvertures.
Renouveler des arbres isolés ou les vergers qui animent les prairies.
Eviter toute plantation forestière sur les prés en hauteur.
Maintenir et ouvrir des percées visuelles le long des routes.
Maintenir quelques points de vue ouverts lors des coupes forestières.
Mettre en valeur les banquettes sur les versants en prairie
Les ouvertures des versants sont parfois animées de microreliefs qui marquent l’emprise de l’homme sur le territoire. Le parcellaire en lanière de prés ou les terrasses séparées par des talus et animés de fruitiers, captent le regard. Ces lignes horizontales révèlent la pente et témoignent du travail d’aménagement des terres par le passé. Ces éléments de diversité ont un charme incontestable, invitent à la promenade et donnent une échelle plus intime aux paysages au sein de versants parfois grandioses. Sur certains secteurs du massif la végétation regagne ses droits, brouillant la lecture de ces éléments du patrimoine. Vestiges du passé, leur valorisation permet de conserver un aspect jardiné des versants.
Quelques pistes d’actions envisageables
Soutenir la présence d’animaux en pâture, agricole ou de loisir, sur ces prés patrimoniaux.
Limiter les friches et les arbres pour conserver les ouvertures.
Conserver et gérer les banquettes qui suivent les courbes de niveau des prés.
Gérer les petites bandes boisées plantées sur les talus ou au milieu des prairies des coteaux.
Ouvrir la végétation depuis les chemins et les routes pour voir ces terrasses.
Maintenir la gestion agricole aux abords des villages et des hameaux
Les abords des habitations ou des villages constituent des lieux stratégiques pour la conservation des ouvertures des versants. Ce sont les endroits qui sont le plus directement sensibles à la fermeture, notamment par les microboisements. Ils participent directement à la qualité du cadre de vie quotidien des habitants. Les prairies jouent dans la montagne un rôle de transition avec les boisements et de respiration autour de l’habitat. Une activité agricole d’élevage dynamique est le garant du maintien des ouvertures montagnardes dans le manteau forestier.
Quelques pistes d’actions envisageables
Maintenir des espaces ouverts suffisants dans les secteurs bâtis pour permettre une activité agricole.
Conserver des groupes de pâtures de taille suffisante pour conserver un attrait pour les agriculteurs.
Lutter contre les micro-boisements de résineux plantés sur des petites parcelles intercalées dans les prés ou entre les habitations.
Eviter le mitage de l’urbanisation au sein des ouvertures.
Conserver plus spécifiquement les secteurs plus plats permettant la production de foin.
Réglementer les plantations en limite des terrains qui peuvent avoir tendance à casser l’unité des ouvertures.
Mettre en place des usages agricoles de loisirs ou alternatif : pâturage par des ovins, des chevaux.
Entretenir par le girobroyage tous les deux ans les surfaces de déprise stratégiques pour éviter une fermeture irrémédiable.
Gérer les haies et arbres des jardins sur les pentes pour combattre la fermeture des vues.
Les risques
- Effacer la lecture des fonds plats et les divagations du ruisseau.
Gommer la perception des versants depuis les fonds.
Laisser se refermer les prairies aux abords des villages.
Supprimer la ripisylve des cours d’eau.
Laisser se refermer toutes les vues lointaines depuis les fonds de vallée.
Boiser les fonds de la vallée, surtout à proximité du cours d’eau ou de la route.
Laisser l’urbanisation se diffuser au sein de l’espace agricole, en mitant les séparations entre les villages.
Laisser la forêt ou la friche gagner le pied des versants.
Implanter des micro-boisements qui cloisonnent le fond de vallée.
Maintenir l’ouverture des prairies dans le corridor de la vallée
Le fond de vallée gagne à avoir une certaine continuité des ouvertures. Dans un paysage à dominante fermée, la moindre perspective offre ainsi une direction appréciable. La lecture de la vallée entière en dépend que ce soit depuis les coteaux ou les fonds. L’effet donné par les grands mouvements des coteaux est considérablement amoindri s’il est impossible de les voir de façon continue et de loin. L’ampleur de la vallée perd alors sa force. Lorsque les points bas sont colonisés par la forêt, le cheminement dans les fonds reste pauvre en perception, tout de suite limité par un écran. L’enjeu est de maintenir un équilibre et un contraste entre un fond de vallée agricole ouvert et les coteaux forestiers. Quelques parcelles, qui s’enfrichent, suffisent à refermer le paysage d’un fond de vallée et à en brouiller la lecture.
Quelques pistes d’actions envisageables
Limiter les friches, les saules et les arbres pour conserver les ouvertures des fonds.
Restaurer la continuité des ouvertures dans les fonds de vallée.
Conserver de grandes unités de prairies en fond de vallée.
Mettre en évidence les couloirs de la vallée par l’enchaînement des prairies sur de longs linéaires.
Mettre en valeur les routes suivant les fonds de vallées (dégagement, vues).
Limiter les micro-boisements qui coupent les perspectives.
Eviter la descente des boisements dans les prairies du pied de coteau et du fond de la vallée.
Mettre en valeur les espaces agricoles aux abords des cours d’eau
L’ouverture visuelle des fonds de vallée permet de révéler la présence des cours d’eau. Le cours d’eau est l’un des évènements majeurs du fond de vallée. La possibilité de le voir, de le côtoyer, de le traverser ou de le suivre sur une longue distance contribue à enrichir la diversité des perceptions du paysage. Outre la présence d’une ripisylve qui le signale de loin, c’est l’ouverture des fonds qui permet de le mettre en valeur. Mais ces prés humides sont souvent les premiers endroits qui évoluent vers la friche, car leur sol instable et leur forte dynamique végétale rendent leur gestion plus aléatoire. Ces endroits sont pourtant importants au regard du paysage (et souvent de l’écologie) de la vallée, créant une transition entre l’exploitation des terres plus intensives et le milieu aquatique. Ils ont donc à la fois un aspect stratégique et sensible qui doit guider la maîtrise de leurs abords afin de conserver un fond de vallée attractif ouvert.
Quelques pistes d’actions envisageables
Ouvrir les abords des cours d’eau pour les rendre visibles dans le paysage.
Maintenir un cordon de prairie le long des cours d’eau.
Gérer les prés humides et assurer leur conservation.
Eliminer les friches pour maintenir les vues majeures transversales et longitudinales dans la vallée.
Assurer l’accès à l’eau, tant visuellement que physiquement.
Soigner les abords des ponts (ouverture, perspective) qui constituent des points de passage privilégiés.
Préserver les ouvertures agricoles entre les villages et le long des routes
Les routes et les constructions s’implantent principalement dans la partie basse des vallées, le long des corridors limités par les coteaux. Certaines parties de vallée mixent plusieurs types d’occupations du sol, parfois très imbriquées, comme par exemple des prés, un bâtiment d’usine imposant, un long cordon de pavillons étiré le long de la route ou encore des lotissements disséminés. L’évolution des parcelles, dans les secteurs construits, tend vers une fragmentation de l’espace qui banalise le paysage. Le long des routes qui donnent la première image du territoire la présence des prairies permet des vues sur la vallée. La maîtrise des prairies périphériques conditionne donc le paysage des secteurs les plus fréquentés, donc les plus vus. Les prairies périurbaines fournissent des ouvertures visuelles qui structurent fortement l’espace, offrent des respirations tout en mettant en valeur les périphéries urbaines. Garder des contrastes et un certain équilibre au fil de la vallée constitue un objectif à atteindre.
Quelques pistes d’actions envisageables
Maîtriser le foncier aux endroits les plus sensibles (fort impact visuel, lieux stratégiques, pression urbaine).
Eviter le mitage par l’urbanisation au sein des ouvertures
Maintenir les pâtures en périphérie des villages : pâturage de bovins, prairies de fauche proche des habitations.
Limiter la constructibilité en périphérie des dernières coupures vertes, où le foncier prend de la valeur.
Maintenir des grandes coupures prairiales entre les villages.
Arrêter l’urbanisation linéaire le long des axes routiers.
Ouvrir les vues sur la vallée depuis les routes. Limiter la végétation arborée le long des routes.
Les risques
- Installer des enclaves de grandes cultures dans l’urbanisation, peu attractives pour les habitants proches.
Réduire la diversité des paysages agricoles aux portes de la ville.
Morceler les exploitations par les infrastructures qui rendent difficile leur fonctionnement.
Réduire l’emprise de l’agriculture dans les couloirs des vallons et des vallées.
Laisser des secteurs voués à la friche car isolés ou soumis à la spéculation foncière.
Continuer l’urbanisation linéaire le long des axes routiers.
Admettre le mitage à travers les parcelles agricoles.
Laisser se développer des friches spéculatives au contact des zones urbaines.
Fermer une partie des chemins ruraux, liens entre les parcelles et les habitations.
Implanter de grandes parcelles de cultures au contact direct des villages et des bourgs.
Prendre en compte l’activité agricole et ses paysages dans la planification
Toute urbanisation d’espace agricole est une perte définitive pour cette activité et amoindrit son potentiel qualitatif pour la qualité de vie des habitants. La consommation de terres agricoles pour l’urbanisation est irréversible. Il est important de contrebalancer le poids économique du développement urbain par une prise en compte accrue de l’activité agricole, et des paysages qu’elle génère. Cela nécessite de développer une approche agronomique, spatiale et qualitative des paysages dans les documents de planification. Un véritable projet de territoire périurbain, ne peut émerger qu’en associant dans une même logique de projet, l’urbanisme et l’agriculture, en travaillant sur l’aménagement de l’espace et sur ses multifonctionnalités. Des synergies au sein des agglomérations restent à mettre en place sur tous ces points. Cela passe également par une amélioration de la structure foncière des exploitations, nécessaire à leur viabilité.
Quelques pistes d’actions envisageables
Prendre en compte le potentiel de l’agriculture péri-urbaine dans la qualité de vie urbaine.
Prendre en compte la valeur ajoutée du paysage agricole par rapport aux enjeux économiques du développement urbain.
Veiller au non-morcellement des exploitations.
Conserver des espaces agricoles tampons suffisants entre les pôles urbains.
Instaurer des secteurs agricoles à valoriser ou réhabiliter en marge de la ville et des bourgs.
Utiliser le Classement de Zone Agricole Protégée (ZAP).
Utiliser les outils de protection de l’espace agricole dans les PLU ou les Scot.
Traduire dans le paysage un projet de territoire périurbain
Habituellement le projet de développement urbain (zone d’habitat, ou d’activités) ne prévoit pas de composition avec l’espace agricole environnant pour créer une harmonie et un cadre de vie de qualité. L’intérêt est de pouvoir instaurer un contact, une imbrication et des liaisons entre l’urbain et le rural. Ceci de façon à amoindrir les confrontations brutales de deux mondes qui s’ignorent et dont les logiques de fonctionnement sont très différentes. Cela implique de revoir les dynamiques de projet par une approche plus globale et qui ne raisonne pas uniquement sur des limites foncières trop strictes. Cette façon de mettre en relation les intérêts agricoles et urbains trouve également une application dans le développement de la politique nationale Trame Bleue/Trame Verte.
Quelques pistes d’actions envisageables
Travailler sur la qualité des liaisons entre ville et campagne.
Prévoir des espaces de transition pour toute extension de l’urbanisation et le traitement des franges.
Maintenir une continuité de chemins en périphérie de l’urbanisation et en connexion avec elle.
Conserver une continuité agricole le long des cours d’eau en adéquation avec les milieux naturels.
Eviter la confrontation de grandes parcelles avec les constructions.
Assurer des liaisons vertes et agricoles traversant ou bordant l’agglomération à une vaste échelle.
Mettre en place des projets intermédiaires sur les terrains en attente d’urbanisation future.
Etablir des opérations de plantations de haies et d’arbres isolés.
Préserver les secteurs de charme (petit parcellaire) comme zones agricoles.
Mettre en place une agriculture diversifiée ou alternative plus adaptées aux espaces de détente des citadins.
Mettre en place des activités agricoles complémentaires
La présence d’une population importante est un atout pour l’activité agricole qui permet d’envisager une diversification soit vers des activités de service, soit vers une production orientée pour le marché urbain local. L’animation et la réussite d’un projet agricole périurbain s’appuient sur bon nombre d’initiatives qui impliquent tant les agriculteurs que les citadins. L’important est de les générer, en favorisant une planification qui leur laisse des lieux d’activités adéquats. Cela nécessite également des incitations politiques et financières. La mise en relation d’un milieu associatif dynamique ou bien de politiques d’animation ou de logement, avec la profession agricole a une grande importance.
Quelques pistes d’actions envisageables
Créer des parcs agricoles mêlant jardins familiaux, AMAP, verger et maraîchage.
Ouvrir des jardins potagers sous l’égide d’agriculteurs.
Promouvoir les filières des animaux de loisirs : pension de chevaux, centre équestre…
Créer des contrats spécifiques avec des agriculteurs pour l’entretien du paysage aux abords des villes. Mettre en place un pâturage mobile alternatif.
Valoriser le bâti agricole par la création de logements locatifs dans les exploitations : logement étudiant, locatifs divers, gîtes.
Promouvoir des productions orientées vers le marché urbain local et les circuits courts de commercialisation.
Promouvoir les productions sous label qui valorisent les spécificités d’un terroir.
Utiliser l’aide à l’insertion sociale par le travail pour dynamiser les opérations et impliquer les citoyens.
Donner accès à l’utilisation des terres aux petites structures agricoles ou de particuliers non professionnels.
Les risques
- Imposer un hangar volumineux très visible sur la crête d’une colline.
Positionner les bâtiments le long de la voie principale d’accès au village.
Entourer le village d’une ceinture de bâtiments très visibles.
Implanter un hangar agricole imposant en entrée de bourg, sans réfléchir sur les volumes et l’aménagement de ses abords.
Disposer les aires de stockage entre la route et le bâtiment.
Utiliser systématiquement des structures métalliques.
Laisser visibles des terrassements qui semblent très artificiels.
Utiliser une architecture standard, aux volumes unitaires et massifs et aux couleurs dissonantes.
Choisir le bon emplacement pour les nouveaux bâtiments
Les modes d’exploitations, les contraintes économiques et les mises aux normes ont entraîné des modifications des bâtiments agricoles. De nombreux villages voient leur périphérie entourée d’un ou plusieurs bâtiments agricoles relativement récents. Ces volumes, parfois imposants, s’installent également à côté des bâtiments anciens des exploitations isolées. Dans les deux cas, cette évolution est fortement visible dans le paysage et modifie considérablement la perception des villages. Les bâtiments isolés constituent souvent des points de mire qui méritent une grande vigilance. Le choix de l’emplacement est toujours délicat, et n’obéit souvent uniquement qu’à des logiques fonctionnelles ou normatives. L’impact paysager de ces constructions demande être mieux anticipé lors de l’étude du projet. Si celui-ci s’inscrit dans une démarche de qualité architecturale, son insertion dans le paysage ne devrait pas poser de problème. En l’absence d’une telle démarche, il convient de rechercher la plus grande discrétion possible en accord avec le paysage environnant.
Quelques pistes d’actions envisageables
Composer les volumes en tenant compte de la silhouette du village pour conserver une certaine harmonie.
Favoriser l’utilisation du bâti agricole ancien pour limiter les implantations nouvelles en périphérie des villages.
Éviter les emplacements dominants.
Rechercher les positions hors des principales perspectives sur le village.
Disposer le nouveau hangar en retrait de l’axe routier menant au village.
Eviter d’entourer une grande partie du village avec les nouveaux bâtiments.
Regrouper les fermes dans des hameaux agricoles.
Choisir les solutions proposant des terrassements acceptables compte tenus du site d’implantation.
Réfléchir l’architecture des bâtiments
Les bâtiments agricoles récents présentent souvent des volumes imposants caractérisés par une architecture standard. Leurs volumes sont bien supérieurs à ceux des bâtiments plus anciens ce qui contribue à les rendre très visibles. Leur architecture utilise alors un vocabulaire proche du bâtiment industriel des zones d’activités : bardage métallique, couleurs très visibles.... Leur facture paraît souvent brutale en rupture avec l’existant. Ces bâtiments véhiculent une image peu flatteuse de la profession agricole et banalisent le paysage. Certains s’en sont rendu compte et ont réfléchi leur projet, intégrant la recherche d’une architecture simple de qualité. Cette démarche, lorsqu’elle est prise en compte dès la conception, suscite des alternatives, mais pas forcément des surcoûts. Elle permet d’éviter les options les plus malencontreuses trop fréquentes avec des bâtiments standardisés, clef en main.
Quelques pistes d’actions envisageables
Choisir une architecture sobre et discrète.
Fractionner les volumes.
Penser aux rapports de volumes avec les bâtiments existants et le village.
Orienter les bâtiments en prenant en compte les vues sur le village.
Tenir compte de l’impact visuel des toitures.
Privilégier les matériaux non réfléchissants et les teintes sombres, ou bien encore le bardage bois naturel.
Soigner l’aménagement des abords des exploitations
Le bâtiment est lui-même accompagné d’aires de stockage extérieures dont la localisation a un fort impact visuel : ensilages, dépôts de matériels divers. La maîtrise de l’aménagement des abords des hangars conditionne également la qualité de son insertion dans le site. L’objectif n’est pas de masquer le bâtiment artificiellement par des écrans, mais de créer une transition adéquate avec les champs ou les constructions aux alentours. Cet enjeu est également lié à celui de l’aménagement des périphéries des villages (plantations, chemin, transition avec les champs) ou du maintien du petit parcellaire ainsi que des vergers qui accompagnent positivement les bâtiments agricoles. La présence des vergers bordant les parcelles des tours de village constitue un atout et un écrin pour les bâtiments. Une grande attention devra notamment être portée à l’aménagement des abords du bâtiment le long de la route d’accès au village.
Quelques pistes d’actions envisageables
Soigner l’entrée de la ferme. Aménager les entrées et les chemins d’accès.
Replanter des arbres fruitiers isolés ou alignés le long du chemin d’entrée de la ferme et en périphérie des bâtiments.
Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser le vocabulaire végétal local : fruitiers, arbres isolés. Proscrire les écrans de résineux.
Disposer les sites de stockage de préférence à l’arrière du bâtiment. Installer les stockages dans des lieux discrets.
Disposer les aires de stabulation extérieures en arrière-plan par rapport aux voies.
Maintenir une grande simplicité du terrain autour du bâtiment, sans installation disparate. Faire disparaitre toute trace des terrassements effectués lors de la construction.