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Les enjeux paysagers liés à la forêt
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Les risques
- Laisser après la coupe une crête clairsemée qui évoque le passage d’une tempête.
Traverser pendant des kilomètres un massif homogène et sans « respiration ».
Passer à-côté de sites naturels ou de points de vue remarquables sans les repérer en raison d’une fermeture excessive des versants.
Effectuer des plantations de conifères avec des formes géométriques mis en exergue par le relief qui marquent le paysage des versants pendant des décennies et lui donnent un aspect artificiel.
Planter des versants entiers d’une seule essence de conifère et du même âge.
Pratiquer des coupes à blanc sur de vastes secteurs.
Encadrer la vallée de murs sombres et homogènes de conifères.
Laisser les arbres en contrebas refermer un point de vue.
Maintenir la qualité paysagère des versants forestiers et des crêtes
Dans les vallées, depuis les plaines ou les collines, les coteaux boisés forment les horizons et constituent des limites fortes. L’amplitude du relief, les belvédères et les covisibilités donnent une ample perception des versants boisés. Dans le massif vosgien, les estives des versants et les chaumes de la crête offrent de vastes panoramas en surplomb sur les versants forestiers. Les forêts qui les recouvrent sont visibles de loin et leur gestion conditionne la qualité du paysage. Les boisements doivent souligner le versant et l’animer, offrir des tableaux variés au fil du temps et des saisons, sans contraste brutal qui viendrait brouiller la hiérarchie des formes du paysage.
L’équilibre entre espaces ouverts et forestiers, la souplesse des formes, la diversité des transitions entre peuplements, des lisières variées et entretenues, sont autant d’éléments qui permettent d’obtenir des versants attractifs. L’agencement forestier du coteau détermine aussi sa fréquentation : certains versants paraissent plus attirants que d’autres en raison de modes de gestion forestière différents. Cela joue un rôle important dans la constitution d’un paysage harmonieux (tourisme, cadre de vie), et pour l’image de la profession sylvicole.
Quelques pistes d’actions envisageables
Planter et gérer en tenant compte des formes générales du paysage et du relief.
Privilégier les peuplements de feuillus et les peuplements mixtes sur les versants les plus exposés visuellement.
Préserver l’aspect paysager des parties sommitales du massif vosgien
Eviter un mitage du manteau forestier suite aux coupes à blanc suivies d’un enrésinement.
Eviter d’intervenir sur des surfaces trop importantes sur les versants en covisibilité
Imposer des limites de développement des boisements sur les versants pour garder des ouvertures.
Raisonner le plan de régénération à une échelle suffisante. Eviter les trop petites parcelles qui créent un effet de mitage du versant.
Ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire : privilégier des plages d’intervention dont les limites épousent les formes des versants.
Eliminer les micro-boisements de conifères sur les versants ouverts.
Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins et des routes. Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles.
Gérer les abords des boisements pour éviter les friches qui gomment les limites franches.
Identifier les versants les plus sensibles
Bien qu’elle soit liée à une gestion humaine, la forêt véhicule également l’image d’un milieu considéré comme naturel. Ceci explique les critiques formulées lorsque les modes de gestion forestière provoquent une artificialisation trop perceptible du paysage forestier. Tous les versants forestiers n’ont pas la même visibilité ou le même rôle dans le paysage. Certains sont particulièrement sensibles en raison de leur forte présence sur l’horizon ou de leur localisation : versants dominants les principales villes de la vallée et le Piémont vosgien, sites touristiques et/ou emblématiques, couloirs de vallées, cols. Une identification des versants les plus significatifs du point de vue du paysage, doit constituer la première étape. Une gestion adéquate doit ensuite être privilégiée aux abords des sites les plus visibles et le long des routes d’accès aux sites emblématiques et touristiques.
Quelques pistes d’actions envisageables
Analyser et identifier les versants les plus importants dans le paysage.
Avoir une attention particulière pour : les versants des Piémonts, des Vosges et du Jura Alsacien, les versants des vallées vues depuis les chaumes.
Composer le paysage du versant, en conservant des ouvertures agricoles en alternance avec la forêt sur des points stratégiques : crête, abords de hameaux, cols…
Privilégier le reboisement de feuillus ou mixte feuillus-conifères sur les coteaux les plus exposés aux regards.
Eviter l’irruption de la géométrie des forêts dans le paysage
Les paysages forestiers alsaciens sont par endroits marqués par des plantations de résineux en lignes, ou bien avec des formes géométriques qui artificialisant le paysage. Les formes dressées des conifères et leur coloration sombre en toutes saisons, créent un contraste fort avec les boisements mixtes ou feuillus. Cela renforce leur présence et focalise les regards sur les formes de parcellaire géométriques, les rangées de plantation ou d’éclaircie. Sur les versants exposés aux regards, une adaptation des surfaces de résineux à leur contexte s’impose. Les formes du parcellaire forestier devraient s’appuyer sur les lignes de force du paysage. Les plantations aux formes étirées dans le sens de la vallée ont tendance à être plus harmonieuses. Les lignes horizontales, plus proches des lignes de force du paysage attirent en effet moins l’attention que les lignes verticales. La taille des parcelles doit également être prise en compte pour éviter l’effet de mitage ou d’uniformisation des versants. Les problèmes s’estompent dès lors que le peuplement retrouve une diversité, soit par des parcelles mixtes feuillus et conifères, soit par une gestion jardinée.
Quelques pistes d’actions envisageables
Encourager le mélange feuillus-résineux et la gestion irrégulière.
Ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire : privilégier des plages d’intervention dont les limites épousent les formes des versants.
Adapter les surfaces des parcelles de gestion au terrain, en préférant des formes de parcelle plus larges que hautes.
Créer des secteurs de transition (peuplement mixtes, essences variées) en limite des parcelles afin d’atténuer l’impact visuel.
Préserver des bosquets afin d’amoindrir l’impact visuel de la coupe et d’assouplir la forme géométrique de la parcelle exploitée.
Les risques
- Laisser les friches ou la végétation naturelle (saule, aulne) cloisonner petit à petit le fond de la vallée.
Conserver ou planter des écrans boisés qui « étouffent » le paysage en fond de vallée ou en pieds de versants.
Planter un petit bosquet ou quelques peupliers qui coupent la vallée.
Supprimer les vues lointaines et les perspectives du couloir de la vallée.
Laisser les conifères venir s’accoler aux lisières de feuillus dans les vallées.
Effacer le cours d’eau sous la végétation. Perdre la visibilité de la ripisylve qui accompagne le cours d’eau.
Enfermer les habitations dans un carcan forestier.
Eviter la fermeture des fonds de vallées par les boisements ou les friches
Une fermeture du paysage s’est effectuée depuis les années cinquante, les boisements prenant petit à petit la place des pâturages ou des cultures. Ce phénomène a touché une grande partie des versants pentus les plus difficiles à exploiter. La déprise agricole a pu également atteindre les pieds de versants et les fonds, entrainant ainsi une fermeture des fonds de vallées. Dans des vallées réduites parfois à un mince cordon de prés, cette fermeture peut être rapide suite à la plantation d’un micro-boisement ou à la croissance des arbres de milieu humide (saules, aulnes…). Ces évolutions referment la perspective visuelle dans l’axe des vallées, qui perdent alors leur lisibilité. Elles ont aussi pour effet d’enfermer les villages dans un carcan. Ce phénomène s’observe aussi, bien que de façon moins marquée, au sein des vallées sous-vosgiennes. Localement des fonds de vallons ou de vallées peuvent se refermer sous la végétation naturelle ou la friche. Certaines vallées vosgiennes affichent encore des secteurs de références ayant conservés de bonnes ouvertures avec une agriculture bien présente (Val d’Orbey, Vallée de la Fecht).
Quelques pistes d’actions envisageables
Mettre en place une réglementation des boisements.
Définir les principaux cônes de vue à maintenir depuis les bourgs, les hameaux, les routes ou les points de vue.
Maîtriser le foncier des terrains stratégiques à donner à exploiter aux agriculteurs.
Restaurer la continuité des ouvertures dans les fonds de vallée.
Ouvrir des vues depuis les routes suivant les fonds de vallée.
Limiter les friches, les saules et les arbres pour conserver les ouvertures des fonds.
Maintenir les espaces agricoles ouverts autour des villages et hameaux.
Abattre les bois gênants.
Ouvrir les fonds pour les faire pâturer.
Soutenir l’usage du pâturage et une agriculture dynamique.
Éviter la plantation de peupliers dans les vallées étroites.
Veiller à la gestion des peupleraies pour éviter l’effet « friche ».
Réfléchir à l’étendue des peupleraies en fonction de l’échelle du paysage.
Limiter la descente des forêts vers les fonds de vallée
Dans les paysages forestiers, les vallées comportent déjà une forte proportion de boisements implantés sur les pentes des coteaux. Leur extension vers les fonds et les pieds de versants, autrefois en prairie, tend à diminuer l’ensemble des vues au sein de la vallée. Les microboisements, plantés en lisière sur l’ancien parcellaire agricole, resserrent peu à peu le fond des vallées. Cette évolution très rapide est perceptible à l’échelle d’une génération. La vallée perd alors toute lisibilité, seules quelques clairières se maintenant alors autour des villages dans les parties plus montagneuses. Il est donc nécessaire de réfléchir à l’équilibre souhaitable entre boisement et espace ouvert afin de conserver une lisibilité et une attractivité des vallées
Quelques pistes d’actions envisageables
Mettre en place une réglementation des boisements.
Maîtriser le foncier des terrains stratégiques.
Gérer le pied de coteau pour les maintenir ouvert.
Abattre les bois gênants avec compensation de perte d’avenir si nécessaire.
Remettre en état agricole des parcelles boisées en fond de vallée.
Les risques
- Rendre tout arrêt impossible le long des routes forestières.
Traverser la forêt sans en percevoir les ambiances spécifiques : futaie jardinée, sous-bois divers, affleurement d’eau, allée et perspective…
Emprunter une route-tunnel sous les résineux sans respiration sur des kilomètres.
Suivre la route ou le chemin entre deux lisières monotones sans repère et sans rythme.
Longer une lisière impénétrable dont les premiers mètres de fourrés masquent de belles ambiances de sous-bois.
Laisser la friche progresser le long des lisières.
Tracer une piste forestière sans y relier les anciens chemins.
Rendre impraticables les chemins suite au débardage des grumes.
Tenir la qualité des lisières forestières
Après des coupes à blanc, les parcelles replantées créent des lisières linéaires homogènes, longues et monotones. Les jeunes peuplements, qu’il s’agisse de feuillus ou de résineux, créent des fourrés impénétrables et peu attractifs. Un traitement spécifique des premières rangées de plantation, avec des densités de plantation plus faibles, un mélange d’essences, une éclaircie et un élagage plus suivi, permet d’éviter la constitution d’un mur végétal obstruant toute vue. Il est intéressant de préserver des arbres ou des bosquets lors de la coupe afin d’amoindrir son impact visuel et de créer une diversité d’essences et d’âges pouvant être mises en scène.
Dans les secteurs de recul de la gestion agricole, il convient d’être vigilant sur l’implantation des petits boisements de conifères accolés aux grands massifs, qui semblent créneler le tracé de la lisière. Il est aussi intéressant d’affirmer le contraste entre l’espace ouvert des prairies et la forêt en évitant des friches intermédiaires qui brouillent une perception claire du paysage.
Quelques pistes d’actions envisageables
Eviter une gestion homogène des lisières sur de longs linéaires.
Éviter la coupe rase et le renouvellement simultané d’une longue parcelle.
Eviter de planter uniquement des conifères en lisière. Planter des essences adaptées aux lisières ou ayant un rôle paysager (fruitier).
Prévoir une gestion différenciée de la lisière : augmenter la fréquence de l’élagage et des éclaircies des premiers rangs.
Modeler les plantations par des éclaircies pour favoriser la perméabilité visuelle des lisières.
Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière.
Prévoir un chemin ou une bande enherbée en lisière dans les paysages de culture de la plaine.
Éviter les petits boisements disposés en saillie sur une lisière. Gérer les abords des boisements pour éviter les friches qui gomment les limites franches.
Animer les lisières et révéler les petits évènements le long des voies
Les routes sont le premier vecteur de découverte du territoire. Lors des longues traversées forestières, l’horizon se limite souvent à la perception de la lisière. Le soin apporté à leur gestion et à la mise en valeur de leur diversité prend donc une grande importance. Maintenir une bande enherbée donne un recul visuel et réduit le caractère oppressant d’une lisière sombre. Un carrefour, une aire d’arrêt, un croisement de chemin, un arbre remarquable, une vue sur la vallée, un bloc de roche, ou bien le franchissement d’un ruisseau, ou du Canal du Rhône au Rhin, sont autant de petits évènements pouvant être valorisés par une éclaircie ou une coupe ponctuelle, créant une respiration et incitant à un arrêt.
Quelques pistes d’actions envisageables
Soigner l’aménagement des aires d’arrêts en lisière.
Abattre quelques arbres pour mettre en valeur des petits évènements.
Conserver quelques arbres remarquables en bordure des routes et des chemins.
Elaguer et éclaircir les premiers rangs, au moins par places.
Varier les essences sur les premiers rangs.
Éviter la gestion homogène d’une longue parcelle en bordure de route.
Dégager les abords des rivières, des canaux et des ponts, ainsi que certains fonds de vallons.
Mettre en valeur les carrefours forestiers
Dans les massifs forestiers importants, les traversées forestières peuvent être animées par la mise en valeur des carrefours, qu’il s’agisse de simples croisements, d’entrée de pistes forestières ou de grands carrefours. Cette mise en valeur passe par le dégagement de beaux arbres et par une ouverture du paysage créant une clairière au niveau du carrefour. Cela rejoint également des préoccupations de sécurité routière de lisibilité des carrefours.
Quelques pistes d’actions envisageables
Dégager une clairière autour du carrefour.
Planter et mettre en valeur un ou plusieurs arbres remarquables, signalant l’intersection.
Planter une ligne d’arbres formant la lisière autour du grand carrefour en étoile.
Aménager les étoiles forestières.
Prévoir des aires d’arrêts à proximité des carrefours.