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La Plaine et les Rieds en bref
La Plaine et les Rieds offrent une alternance et une imbrication subtile de vastes étendues plates de grandes cultures, habitées de villages répartis régulièrement, et des rieds plus humides et arborés, innervés par l’Ill et ses affluents.
PORTRAIT SENSIBLE
Un paysage de grandes cultures vaste, tendu et ouvert
L’échelle des paysages est ample dans la plaine. Les vastes ouvertures des cultures donnent aux vues une grande profondeur. Les lignes y sont rigoureuses et tendues : l’horizon régulier et bas, les limites de champs rectangulaires, des chemins rectilignes…Tout se voit de loin sans détours, bien qu’aucun belvédère ne soit présent. Dans ces étendues le moindre élément qui se dresse (arbre isolé, clocher, bâtiment agricole) forme par contraste un point de repère incontournable. L’absence de jalon entraine par endroit une grande uniformité.
Les premiers plans jouent un grand rôle dans la perception : le moindre écran proche de l’observateur coupe toute perception du lointain.
Ried et plaine, une dualité subtile
- L’imbrication des cultures, des prairies, des bois et des ripisylves participe à la richesse paysagère de la Plaine. Colmar
Les rieds et les grandes cultures occupent chacun de grandes surfaces qu’il est possible de bien identifier, bien que les mises en cultures récentes des rieds tendent à aplanir ces différences. Les rieds se répètent tout au long de la Plaine. Et leur imbrication constitue un des points clés de l’identité des paysages de cette unité. Cette dualité est un formidable faire valoir réciproque sur ce territoire, tantôt très maîtrisé, tantôt plus « naturel ».
L’eau : révélatrice du ried
Une orientation privilégiée des voies majeures
- A hauteur de la commune de Munwiller, l’autoroute A35 souligne l’orientation Nord-Sud des infrastructures de la Plaine
LES PAYSAGES URBAINS DE LA PLAINE ET DES RIEDS
Une plaine régulièrement habitée
- Les villages forment des chapelets le long de routes empruntant les terrains les plus secs de la plaine. Niederentzen
Les villages sont répartis régulièrement sur l’ensemble de la Plaine, avec une certaine densité, espacés souvent de 1 à 3 kilomètres. Ils ponctuent ainsi l’ensemble de l’unité. Certains se succèdent linéairement sur des grandes étendues en cultures tel un chapelet relié par une route (RD9 ou bien RD 123). Beaucoup se situent en interface entre ried et grandes cultures, profitant des deux terroirs. L’ensemble des villages s’est logiquement installé en dehors des parties inondables, les rieds n’étant pas habités. Mais certains côtoient ou composent avec le passage de l’Ill, parfois protégés par une digue (Oberhergheim par exemple). L’eau, peu visible dans la Plaine, est souvent mise en évidence au contact des villages.
- Les villages se sont implantés sur les terrains secs de la Plaine, formant des chapelets reliés par un axe routier principal. Grussenheim (premier plan), Ohnenheim, Elsenheim et Heidolsheim.
L’eau, au cœur des systèmes urbains
- Dans le village de Marckolsheim, l’eau marque la transition entre le village historique et les extensions urbaines des dernières décennies.
Les villages de la Plaine s’installent en limite de la zone agricole fertile, et surtout hors des importantes surfaces inondables. Vastes territoires largement irrigués par de multiples cours et bras d’eau, les Rieds concentrent l’urbanisation dans les secteurs de la plaine à l’écart des principaux risques d’inondation. L’eau est donc une composante urbaine à part entière qui dicte l’implantation du noyau villageois et qui détermine des paysages intérieurs parfois riches d’ambiances au contact des habitations.
Colmar, « ville-porte » au carrefour de paysages contrastés
La ville de Colmar forme aujourd’hui un système urbain complexe, reconnue comme la troisième plus grande ville d’Alsace. La situation géographique de la cité n’est pas sans rapport avec la diversité des situations paysagères que l’on peut rencontrer dans l’agglomération. En effet, Colmar a connu un développement urbain marqué à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle du fait de sa position stratégique au pied du massif Vosgien et au débouché de la vallée de Munster (route de passage des Vosges). Colmar tire également partie de sa grande proximité avec le piémont viticole qui l’a rapidement désigné comme ville de négoce, mais enfin au cœur de la Plaine d’Alsace, au centre d’un axe majeur entre Mulhouse et Strasbourg. L’arrivée du train dès 1841 va très vite encourager les échanges de marchandises vers ces deux grandes agglomérations.
Sélestat, à l’interface des Vosges et du Ried de l’Ill
Sélestat constitue la deuxième ville d’importance de la Plaine d’Alsace, située à une vingtaine de kilomètres au Nord de l’agglomération de Colmar et à plus de 40 km de l’agglomération de Strasbourg. Sa situation géographique pourrait trouver des similitudes avec celle de Colmar dans sa position au pied du Massif Vosgien, au débouché de la vallée du Giessen et de la Liepvrette et ouverte sur la Plaine agricole. Le développement urbain marque une progression importante à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, par de nombreuses opérations d’extensions pavillonnaires vers le Nord et en direction de la vallée du Giessen et de la Liepvrette.
Une typologie bâtie agricole dominante, témoin d’une certaine appropriation du sol
Installés à proximité des cours d’eau où sont concentrées les meilleures terres, les villages sont au cœur d’un terroir agricole constitué de cultures céréalières et maraîchères. La relative densité urbaine des villages témoigne de cet enjeu agricole qui a su pendant longtemps limiter l’emprise des villages et organiser des relations avec le contexte paysager. Le patrimoine bâti des villages témoigne alors de cette appropriation du territoire suivant une typologie dominante, la ferme sur cour, entre usages domestiques et cohabitations agricoles.