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Dynamiques et enjeux paysagers dans le Jura Alsacien

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2 octobre 2014

  DYNAMIQUES PAYSAGERES DANS LE JURA ALSACIEN

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Jura Alsacien minute de la Carte d’Etat-major 1830
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Jura Alsacien photo aérienne IGN 1951
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Jura Alsacien photo aérienne IGN 2012

Un équilibre entre agriculture et forêt globalement préservé

L’équilibre entre espace forestier et agricole qui prévaut depuis 1830 est globalement préservé aujourd’hui. Derrière cette apparente permanence il faut bien sûr nuancer : la déprise agricole est sensible dans les vallons et les terrains pentus avec un enfrichement ou un reboisement et donc une fermeture paysagère de ces espaces.

Une mutation agricole qui transforme le paysage après la guerre

Le premier constat qu’il faut faire, c’est que l’occupation du sol a relativement peu évolué de 1830 à 1950. Cette situation a considérablement évolué depuis avec le remembrement et l’intensification agricole. Le parcellaire en lanière s’est considérablement simplifié en s’adaptant à la traction mécanisée, le paysage semble avoir changé d’échelle. Les cultures se sont également étendues, gagnant sur les prés humides, dans la vallée de L’Ill notamment.

La raréfaction des arbres dans le parcellaire agricole

Les arbres ponctuaient tout le parcellaire agricole jusque dans les années 1950. Ils accompagnaient ainsi tous les parcelles et les bords de routes sur les terres autour de Sondersdorff. Ils ont quasiment disparus aujourd’hui, ne subsistant plus que sous la forme de prés vergers sur des versants ou autour des villages.

Des villages qui ont relativement peu évolués

Les extensions urbaines sont restées très modérées en comparaison avec la situation bâtie de 1830. L’enveloppe urbaine est restée relativement stable : les villages ruraux gardant leur urbanisme traditionnel. Les villages du Jura Alsacien restent globalement peu impactés par les extensions urbaines depuis le milieu du XXe siècle du fait d’un relief contraignant. Les villages se sont agrandis en composant avec le tissu urbain existant : réhabilitation de bâtiments en cœur de village, densification entre deux parcelles construites. Seuls les villages de Ferette et de Vieux-Ferrette forment une conurbation issue du développement d’une zone artisanale et d’extensions pavillonnaires.

Des extensions urbaines peu intégrées

Le développement récent de l’urbanisation sous forme de lotissements a tout de même conduit dans quelques secteurs (les moins contraints par le relief : la haute vallée de l’Ill, les contreforts jurassien) à la banalisation et à la standardisation des formes urbaines liées à l’habitat. La maison individuelle s’impose comme la nouvelle typologie de logement, insérée au sein d’une opération de lotissement à l’extérieur des limites du village historique.

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Les bâtiments d’activité artisanale implantés au Sud-Est de Linsdorf rendent l’entrée de village peu attrayante et masquent le village. Wolschwiller(fond street view)

Nécessitant une importante emprise foncière, du fait de la surface généreuse des parcelles créées, le lotissement s’installe en limite de village, sur d’anciennes parcelles de vergers. Elles se trouvent regroupées, puis redécoupées de part et d’autre des nouvelles voies d’accès créées.

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Le lotissement en entrée de village depuis la rue de Ferrette. Une situation hors du village, sur d’anciens vergers. La pente nécessite d’importants enrochements qui n’assurent pas une bonne intégration des habitations dans le paysage. Sondersdorf

De nouvelles pièces urbaines jalonnent ici ou là le territoire jurassien, créant une rupture franche avec le paysage urbain de l’ancien village. Ici, à Sondersdorf, outre l’impact visuel sur la silhouette globale du village, les lotissements mettent en péril le cordon de verger qui assurait la limite entre le village et son environnement agricole ou boisé : implantation sur talus, faible densité, diversité des orientations, des volumes, des couleurs, des matériaux de toiture. L’insertion de la construction s’impose sur le paysage de proximité hérité des valeurs du site.

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Illustration de principe d’une extension urbaine pavillonnaire en entrée de village


  ENJEUX PAYSAGERS DANS LE JURA ALSACIEN

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Jura Alsacien bloc-diagramme des enjeux paysagers

Maitriser l’évolution des versants forestiers

Les forêts occupent la majorité des versants du Jura Alsacien, affichant des limites nettes avec les prairies. Elles constituent ainsi la toile de fond du paysage. Leur impact visuel est particulièrement important dans cette unité paysagère compte tenu de l’orientation des vallées donnant clairement à voir avec profondeur la ligne de force des versants et des crêtes. L’émergence du relief jurassien depuis le Sundgau présente aussi des versants perceptibles de loin. La gestion de la forêt a donc un fort impact dans le paysage. L’équilibre entre espaces ouverts et forestiers, l’absence de contraste brutal qui viendrait brouiller la hiérarchie des formes du paysage, la diversité des transitions entre peuplements, des lisières variées et entretenues, sont autant d’éléments qui permettent d’obtenir des versants attractifs. Il est intéressant d’éviter des plantations monospécifiques de résineux avec des formes géométriques qui artificialisent le paysage. Effet qui est renforcé par leur port dressé et leur coloration sombre en toutes saisons qui focalisent le regard. La taille des parcelles d’intervention doit également être prise en compte pour éviter l’effet de mitage ou d’uniformisation des versants. Les problèmes s’estompent dès lors que le peuplement retrouve une diversité, soit par des parcelles mixtes feuillus et conifères, soit par une gestion jardinée.

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Jura_alsacien_enjeux_photos1

Quelques pistes d’actions envisageables
- Privilégier des boisements feuillus ou mixtes et la gestion irrégulière sur les versants les plus visibles.
- Eviter un mitage du manteau forestier suite aux coupes à blanc suivies d’un enrésinement.
- Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins et des routes.
- Gérer les abords des boisements pour éviter les friches qui gomment les limites franches.
- Eviter d’intervenir sur des surfaces trop importantes sur les versants en covisibilité.
- Ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire : privilégier des plages d’intervention dont les limites épousent les formes des versants.
- Éviter la descente de la lisière jusqu’au contact des villages.
- Avoir une grande vigilance pour toute intervention sur les crêtes qui restent très visibles.

Maintenir la présence de l’arbre dans le parcellaire

Le Jura Alsacien comporte encore une certaine présence de l’arbre au sein des parties agricoles. Elle s’illustre par la présence des prés-vergers dont les arbres fruitiers ponctuent les vues, apportant au printemps un attrait particulier avec la floraison. Les arbres fruitiers, accompagnés d’un parcellaire plus petit constituent également l’écrin des villages. Dans un autre registre les arbres isolés ou les alignements le long des routes agrémentent les itinéraires. L’évolution des pratiques agricoles et l’augmentation de la taille des parcelles ont tendance à entraîner leur raréfaction. Cette végétation arborée constitue un élément identitaire fort et reconnu. Le maintien d’une diversité paysagère passe donc par la conservation et le renouvellement des arbres isolés, de bosquets, de vergers sur prairie ou de fruitiers bordant les chemins, qui ensemble, modulent l’échelle du paysage et lui donnent des repères. Les abords des chemins, peuvent être le support de cette végétation et concilier desserte agricole et découverte du paysage. Leur aménagement est à coordonner avec la démarche Trame Verte /Trame Bleue [1].

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Maintenir la présence de l’arbre dans le parcellaire

Quelques pistes d’actions envisageables
- Veiller à maintenir l’arbre dans le paysage. Inciter à replanter des arbres de haut jet pour l’avenir.
- Entretenir et replanter des alignements d’arbres le long des routes.
- Soutenir la gestion des petits vergers de haute tige et les ateliers de transformation et la commercialisation locale.
- Encourager la plantation de vergers. Renouveler les arbres vieillissants.
- Diversifier les modes de plantations : arbre isolé, ligne, verger régulier.

Entretenir les fonds de vallons et révéler l’eau

Certains fonds de vallons ont tendance à se refermer par la friche ou la végétation naturelle. Cela tend à diminuer la bonne lisibilité de ce paysage et la présence des cours d’eau. Les fonds humides, lorsqu’ils sont entretenus, apportent une diversité qui participe à la composition et la qualité du paysage. La ripisylve permet de signaler la présence du cours d’eau. Les fonds de vallons constituent un atout important pour la politique Trame bleue /Trame verte [1] et jouent un rôle écologique important (filtration, retenue des terres, continuité arborée…).

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Entretenir les fonds de vallons et révéler l’eau

Quelques pistes d’actions envisageables
- Maintenir des accès aux fonds des vallons pour les gérer.
- Conserver un minimum d’espaces enherbés bordant les fonds.
- Limiter les friches, les saules et les arbres pour conserver les ouvertures des fonds.
- Favoriser une certaine diversité des strates herbacées et arborées.
- Mettre en valeur les petits ouvrages autour de l’eau (ponceau, pont).
- Gérer et entretenir la ripisylve.
- Maintenir les accès pour voir l’eau.

Soigner la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords

Les volumes des bâtiments agricoles, parfois imposants, sont bien visibles dans le paysage, qu’ils soient isolés ou en périphérie de villages. Les nouveaux bâtiments agricoles sont en rupture avec les bâtiments anciens en raison des mises aux normes ou de l’évolution des techniques. Leurs volumes, leurs matériaux ou leur couleur, n’ont pas toujours fait l’objet d’une réflexion pour conserver une certaine harmonie avec leur situation et leur entourage. Leur localisation et leur qualité architecturale (volume, couleur…), ainsi que l’aménagement de leurs abords sont importants. Cet enjeu est également lié à celui de l’aménagement des périphéries des villages et du maintien du petit parcellaire de vergers autour des bâtiments agricoles.

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Soigner la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords

Quelques pistes d’actions envisageables
- Eviter les implantations trop visibles en entrée de village ou sur les hauteurs.
- Favoriser l’utilisation du bâti agricole ancien pour limiter les implantations nouvelles en périphérie des villages.
- Privilégier les bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Soigner l’entrée de la ferme. Aménager les entrées et les chemins d’accès.
- Replanter des arbres fruitiers isolés ou alignés le long du chemin d’entrée de la ferme et en périphérie des bâtiments.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets.
- Adapter l’aménagement villageois aux passages d’engins agricoles.

Maitriser les extensions villageoises / Soigner le tour des villages

La majorité des villages et des bourgs sont situés dans les vallées aux pieds du relief. Compte tenu d’une certaine ouverture du paysage et des situations en belvédère, tout développement périphérique est donc très visible et participe à l’image de chaque commune. La façon dont les nouvelles habitations sont organisées entre elles et connectées au reste du bourg conditionne la qualité des lieux. Parfois les extensions urbaines s’étendent sur les anciennes ceintures de vergers, mettant ainsi les nouvelles habitations directement au contact des champs. Dans d’autres cas elles progressent linéairement le long des routes. Tout cela transforme petit à petit le caractère groupé, dans un écrin de verger, qui constituait la qualité du village initial.
L’aménagement d’une transition (tour de village) permet d’améliorer le cadre de vie des habitants afin de d’éviter les confrontations difficiles et de créer un espace de détente périphérique. A l’intérieur des villages, l’urbanisation des dents creuses mérite également une attention pour conserver l’harmonie du village.

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Maitriser les extensions villageoises / Soigner le tour des villages

Quelques pistes d’actions envisageables
- Préserver la silhouette groupée des villages. Maîtriser l’étalement urbain.
- Agrandir le bourg en prolongeant la logique de son plan de composition.
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme. Se développer autrement que par l’étalement urbain.
- Mailler les nouveaux quartiers avec des rues et non des impasses.
- S’inspirer du bâti existant et favoriser l’alignement des façades ou des pignons et la mitoyenneté qui font le charme des centre-bourgs ruraux.
- Etre vigilant sur l’emplacement, les volumes et les couleurs des nouvelles habitations.
- Respecter la hiérarchie des masses bâties et du clocher. Eviter les juxtapositions ou les vis-à-vis malencontreux pour les constructions ou les zones de développement.
- Veiller à l’impact paysager des bâtiments d’activité ou agricole en périphérie.
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière.
- Préserver les ceintures de cultures diversifiées autour des villages (prés vergers, petites parcelles cultivées….
- Préserver un maillage de chemins en périphérie des villages.
- Affirmer les coupures urbaines.

Mettre en valeur les espaces publics / Affirmer les entrées

L’entrée dans le village forme une transition entre les cultures et un environnement urbain. Elle doit apporter un changement d’échelle après un parcours routier. La route fait place aux rues dont la qualité d’aménagement est importante pour le cadre de vie des habitants. Les espaces publics, comme les places, sont des points stratégiques à soigner pour conserver le cachet du bourg et sa convivialité. Ces espaces peuvent se prolonger par des chemins et des circulations douces, reliant le village à son entourage. Les aménagements pour améliorer le cadre de vie des habitants doivent conserver une simplicité pour garder l’harmonie et le charme des villages.

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Mettre en valeur les espaces publics / Affirmer les entrées

Quelques pistes d’actions envisageables
- Aménager les entrées de bourg avec simplicité pour marquer la transition de la route à la rue.
- Qualifier et aménager les abords des zones de développement (zone commerciale, équipement, lotissement).
- Donner une place aux circulations douces.
- Valoriser les abords des cours d’eau dans les villages et les bourgs.
- Trouver un vocabulaire simple mais de qualité pour les aménagements des espaces publics en accord avec l’identité rurale des villages.
- Mettre en valeur les places. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Prévoir dans toutes extensions urbaines des espaces publics structurants de qualité en lien avec le centre bourg.
- Acquérir, le cas échéant, des « dents creuses » au centre du bourg et aux endroits stratégiques pour accueillir des espaces publics.


  REPERES BIBLIOGRAPHIQUES

Paysages
- Gerplan du Jura Alsacien, 2012- Com.de Com. du Jura Alsacien et CG du Haut-Rhin
- Etude paysagère du Haut-Rhin. 1991 - DAT Conseils, J. Sgard, D. Jarvis, Terra Plan- DREAL Alsace

Géographie
- L’Alsace et les Vosges. Géologie, milieux naturels, flore et faune. 1998 -Yves Sell- ed. Delachaux et Niestlé

Urbanisme et architecture
- Alsace, l’architecture rurale française. Ouvrage de Marie-Noëlle Denis et Marie-Claude Groshens. Editions A Die. 1999
- Site Internet : Alsace, la maison alsacienne : www.encyclopedie.bseditions....

[1] La Trame verte et bleue est une mesure phare du Grenelle Environnement qui porte l’ambition d’enrayer le déclin de la biodiversité au travers de la préservation et de la restauration des continuités écologiques. Cet outil d’aménagement du territoire vise à (re)constituer un réseau écologique cohérent, à l’échelle du territoire national, qui permette aux espèces animales et végétales, de circuler, de s’alimenter, de se reproduire, de se reposer,... En d’autres termes, d’assurer leur survie, et permettre aux écosystèmes de continuer à rendre à l’homme leurs services.
Les continuités écologiques correspondent à l’ensemble des zones vitales (réservoirs de biodiversité) et des éléments qui permettent à une population d’espèces de circuler et d’accéder aux zones vitales (corridors écologiques). La Trame verte et bleue est ainsi constituée des réservoirs de biodiversité et des corridors qui les relient.

 

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Site mis à jour le 16 février 2015
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