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Représentations et images du Jura Alsacien
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Malgré des paysages de montagne calcaire uniques en Alsace, le Jura alsacien est souvent assimilé au Sundgau ou décrit comme en faisant naturellement partie. Dans ce territoire peu étendu, c’est le bourg de Ferrette, centre historique du Jura alsacien, qui s’approprie l’essentiel des représentations anciennes et contemporaines. Son promontoire élevé que coiffent des ruines de deux châteaux-forts, les panoramas qu’il offre sur le Sundgau, les Vosges, le Jura et la Suisse expliquent sans doute l’importance prise par ce site.
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« Ses collines, ses falaises, ses gorges encaissées, ses forêts de hêtres et de sapins valent au Sundgau d’être surnommé le « Jura alsacien ». Dans ses étangs, véritables réservoirs de vie sauvage, les carpes attirent les grenouilles qui amènent à leur tour fauvettes et martins-pêcheurs… Les maisons y sont particulières, avec leur toit descendant presque jusqu’au sol et leurs colombages caractéristiques. »
In : Alsace-Lorraine : escapades en Forêt-Noire (Le Guide Vert), Michelin, 2010
Ferrette
Le château de Ferrette situé sur un piton rocheux de 612 m focalise le regard de la plupart des images anciennes et contemporaines.
Des images anciennes ouvertes sur le paysage
« De la plate-forme du donjon du vieux château en ruines - et dont l’accès est libre - on a un immense panorama et une vue merveilleuse sur les premiers ressauts du Jura et quelques cimes de l’Oberland. »
Masson-Forestier, Forêt-Noire et Alsace : notes de vacances, Hachette, 1903 [1]
Ferrette est présente dans les représentations dès le milieu du XVIIIe siècle. A gauche, l’image met principalement en valeur le site du château (non encore détruit) et la campagne qui l’entoure : forêts, champs cultivés, vergers.
A droite, cette illustration du milieu du XIXe siècle ne met plus au centre le château mais le déporte sur le côté, laissant ainsi le regard se perdre au loin vers la vallée, la plaine et les contreforts des Vosges.
Des images modernes recentrées sur le château et le village
Dans ces deux cartes postales, le site du château et le village occupent tout l’espace de l’image. Le paysage alentour, contrairement à la gravure de Couche, n’est pas représenté, ni les panoramas offerts sur le Sundgau. Elles témoignent d’une vision plus étroite du paysage, semblant être limitée ici au pittoresque et au patrimoine.
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Cette photo contemporaine de Ferrette est à la fois centrée sur le château, motif « incontournable » et objet touristique, et sur son paysage de proximité. Les arbres en fleurs, la large courbure du vallon et de la prairie vraisemblablement amplifiée par le grand angle, le petit étang, sont les figures privilégiées par le photographe pour donner une tonalité pleine de douceur au paysage. Le promontoire rocheux – pourtant toujours aussi élevé - est ici presque transfiguré en une petite colline anodine.
Le pittoresque montagnard : roches, grottes, torrents, sources
Le pittoresque montagnard est un élément très présent dans les représentations du Jura alsacien, qu’elles soient anciennes ou contemporaines. Moins images de paysages que rendus d’ambiances, elles contribuent à l’originalité du Jura alsacien.
La présence des sources de l’Ill, rivière identitaire de l’Alsace, attire également le regard sur Winckel. L’emplacement de la source a même fait l’objet récemment d’une intervention artistique.
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En fort contraste avec les Vosges voisines, les formes des reliefs calcaires constituent une des particularités des paysages du Jura alsacien dont les représentations se sont emparées (gravure en haut, à gauche)
« L’Ill, véritable colonne vertébrale d’Alsace, prend sa source dans le Jura Alsacien, à Winkel pour rejoindre, dans le Bas-Rhin le Rhin. » : la photo en bas à droite légendée par l’Office du Tourisme du Sundgau, met nettement en valeur l’aspect de torrent de montagne pris par l’Ill près de sa source.
Dans la photo en haut, à droite, l’œuvre de l’artiste Anne Rochette met en scène symboliquement et plastiquement les sources de l’Ill, un des sites du Jura alsacien mis en valeur par le tourisme.
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A proximité de Ferrette, les affleurements rocheux et les grottes creusées dans le calcaire constituent un motif des représentations du Jura alsacien depuis la fin du XIXe siècle.
Des paysages de moyenne montagne harmonieuse
Exception faite des grands panoramas ouverts sur le Sundgau, l’agriculture et l’élevage sont peu présents en images, qu’elles soient anciennes ou contemporaines. Le versant sud du Jura alsacien échappe à ce déficit, sa composante agricole, notamment d’élevage, y étant mieux représentée. Mais d’une manière générale, malgré de forts dénivelés, des à pics, des affleurements rocheux, ce sont l’harmonie et la douceur, l’échelle humaine des paysages qui sont dégagées par les représentations du Jura alsacien.
« Pour éviter la longueur de la grand’route, nous prenons un sentier à travers prés. Ce sentier touche un bouquet de chênes. Partout des pointements de roches calcaires solides ou des affleurements de marnes plus friables. Plus ouvert, le paysage devient un moment superbe, avec son caractère jurassien si différent de nos paysages des Vosges. La montagne manque sous vos pieds par places, l’horizon se dégage. Sur le territoire suisse, à une grande hauteur au-dessus de la Lucelle, Roggenburg avec son église blanche, son clocher sans flèche, se dresse dans une position élevée. Des prés, des pâturages, des champs labourés s’étagent jusqu’au sommet des plateaux ou des terrasses que le bois domine. Sur le versant alsacien de la combe, un clocher à flèche aiguë se dissimule derrière un rideau d’arbres. C’est le clocher du village de Kiffis masqué par les vergers. »
Charles Grad, L’Alsace, le pays et ses habitants, Hachette, 1906. [2]
Les vues panoramiques : une valeur du Jura alsacien
« Une éclaircie qui se produit du côté du Jura laisse voir un moment, à travers les tranchées de la forêt, une combe étagée au-dessus de l’autre. C’est un aspect bien différent du relief des Vosges. Tournez un peu du côté opposé à la direction de Landskron, et vous avez devant vous le panorama de Ferrette, ravissant au soleil. Tout d’abord se présente le piton du château, dominé par le sommet du Bengerwald d’une part, et de l’autre par les Lechlefelsen. Les Lechlefelsen sont ainsi nommés à cause de la gorge ouverte entre leurs escarpements de calcaire, jaunâtres sous la lumière, et le piton isolé du château. En avant d’un fouillis de forêts, de rochers, de prairies, sillonné par un réseau de chemins et parsemé de villages, la vallée de la Largue se déploie, dominée elle-même dans les vapeurs du lointain par le château de Belfort et les Ballons vosgiens. Dans la région des collines, les forêts apparaissent comme des taches foncées sur les tons plus pâles de la campagne. »
Charles Grad, L’Alsace, le pays et ses habitants, Hachette, 1906. [3]
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Le Jura alsacien offre de nombreux panoramas sur lui-même et sur l’Alsace. Aujourd’hui, l’office de tourisme du Sundgau-Sud Alsace en rend bien compte dans ses albums photos. Mais ces images restent malgré tout dans leurs majorité des vues introspectives sur le Jura alsacien lui-même. Les panoramas offerts, notamment à partir du piton rocheux de Ferrette, sur le Sundgau et au-delà, y sont étonnamment absentes.
[1] Cet ouvrage est disponible sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France
[2] Cet ouvrage est disponible sur le site de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France (Bnf) gallica
[3] Cet ouvrage est disponible sur le site de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France (Bnf) gallica