Relief et eau

Le Piémont Viticole recouvre la zone au contact des Vosges et de la Plaine du Rhin. Il est adossé au massif vosgien dont les sommets culminent vers 400m d’altitude aux extrémités nord et sud du Piémont Viticole et jusqu’à 700 m pour les plus hauts reliefs dominant la partie centrale du Piémont. Leurs crêtes, ponctuées de châteaux, se découpent sur l’horizon et leurs versants constituent la limite des regards qui viennent buter sur eux.
En contrebas, entre 400 et 200m d’altitude environ, s’étend un relief collinaire en pente relativement soutenue, qui constitue la transition avec la Plaine. Fortement travaillé par l’érosion, c’est un ensemble découpé, alternant croupes, balcons et vallons, dont la pente générale est dirigée vers la Plaine. Au pied des collines, la frange de la Plaine présente en relief très ténu avec une altitude culminant à 250 m au sud du Piémont et descendant jusqu’à 190 m dans la partie Sud.
Au nord, entre Marlenheim et Obernai, des collines émergent dans la Plaine, formant un paysage de piémont au relief plus complexe avec des paysages intérieurs, séparés de la Plaine.

Plusieurs cours d’eau, nés dans le massif vosgien, ouvrent des vallées qui percent la barrière vosgienne du Piémont puis rejoignent le cours de l’Ill dans la Plaine. Toutefois seuls quelques cours d’eau réussissent à entailler largement les premiers versants : La Bruche, le Giessen, la Fecht et le Durrenbach. La plupart des cours d’eau sont orientés ouest/est suivant en cela la pente générale du relief descendant des Vosges vers la Plaine. La seule exception étant la Mossig orientée Nord/sud, car son cours doit traverser le secteur de collines avancées entre Marlenheim et la Bruche.

  La roche et le sol

Le vignoble est implanté sur un balcon ensoleillé qui domine la plaine, protégé des vents d’ouest, adossé à ligne de forêt implantée sur le grès vosgien.
Un réseau dense de fractures plongeant à plusieurs kilomètres sous le sol découpe 3 à 8 tranches verticales de roche qui décrochent successivement de quelques dizaines de mètres le long du massif granitique, générant une cascade de collines au pied de la faille vosgienne. Chaque bloc reste coiffé de lambeaux de sédiments arrachés aux roches vosgiennes situées au-dessus.
On y retrouve, sur 3 à 5 km de large, l’ensemble des séries de roches que l’on parcourt en 80 km, symétriquement, côté lorrain. Il s’agit cependant de fragments entremêlés, et parfois dans le désordre au gré des glissements de ces tranches de roche. Un réseau de failles perpendiculaires redécoupe ces tranches en touches de piano ; ce phénomène est particulièrement marqué vers Ribeauvillé.
Ce patchwork de sols offre une grande diversité de terroirs pour le vignoble, souvent dans le même kilomètre : acides et calcaires, séchants et profonds, argileux et sableux. Cette diversité a fait l’objet de nombreuses études et illustrations.
Le vignoble s’interrompt grossièrement à la faille rhénane. Il s’étend encore un peu au-delà sur des placages de limon épais mais il ne s’aventure pas sur le manteau de sables acides que les rivières vosgiennes ont étalé dans la plaine.
Ce schéma se retrouve tout au long des 110 km de piémont viticole. Il connait de multiples variantes.
Au pied des ballons, au sud, la barre de grès qui domine le vignoble est rapidement dominée par des versants granitiques.
Les plaques calcaires dominent davantage au nord, où elles se connectent souvent avec des marnes oligocènes et de larges placages de lœss, faisant basculer entièrement certains paysages vers l’argilocalcaire. Au nord d’Obernai en particulier, les sables acides perdent de l’importance.

  Agriculture

Seule unité paysagère alsacienne définie par son activité agricole spécifique, le Piémont Viticole est bien entendu fortement dominé par la viticulture. Les vignes recouvrent les pentes depuis la plaine jusqu’à environ 450 m d’altitude, les plus fortes pentes sont aménagées en gradins, parfois soutenus par des murets lorsque la roche en place le permet. Les conditions physiques et climatiques sont favorables à la culture de la vigne, qui occupe 13 terroirs diversifiés au sein d’une vaste zone AOC. Voir Le vignoble AOC alsacien

L’extension maximale du vignoble alsacien s’est située au XIX^e siècle avec 30 000 ha et des vins de faible qualité. A la fin du XIX^e siècle, les attaques du mildiou, puis du phylloxera ont modifié les pratiques en vigueur. C’est depuis cette époque que la recherche d’une meilleure qualité s’est développée, notamment en utilisant des cépages sélectionnés et en remplaçant la conduite ancienne en quenouille par un palissage sur fils.
Une forte diminution des surfaces viticoles s’ensuivit le vignoble atteignant seulement 9 500 ha en 1948. Au début des années 1960, les surfaces augmentent à nouveau. La délimitation AOC intervenue en 1962 concerne aujourd’hui 16 000 ha.
Les prairies sont peu nombreuses dans le Piémont Viticole occupant les fonds humides des vallées mais également quelques versants de buttes calcaires sèches. Des prés vergers s’intercalent en ceinture de certains villages.
Les cultures céréalières viennent au contact des vignes les plus avancées vers la Plaine.

  Forêt

La forêt recouvre les versants du piémont vosgien depuis une altitude moyenne de 450 m (au-dessus de la vigne) jusqu’aux sommets. La propriété forestière est essentiellement communale, la forêt domaniale étant rare (Forêts domaniales de Ribeauvillé, de Haslach). La forêt privée est plus présente dans le nord du Piémont Viticole, entre Epfig et Molsheim. Les essences feuillues y sont très largement dominantes (chênes, charme, châtaignier), bien que quelques conifères ait été également introduits.
La Chênaie à Chêne pubescent est localisée dans les stations les plus chaudes et les plus sèches du fossé rhénan. On la trouve au Florimont près d’Ingersheim, au Mont de Sigolsheim, et au Bischenberg près d’Obernai.
La Chênaie-Charmaie remplace la Chênaie à Chêne pubescent sur les faces nord et nord-ouest des collines. Le Chêne sessile et le Charme y sont accompagné de l’Érable, le Frêne, le Noyer (planté), le Tilleul.
Le groupement à Chêne sessile est l’un des plus répandus sur les contreforts vosgiens. On rencontre cette Chênaie dans le bassin d’Osenbach, dans I’Eichwald derrière Boersch, autour de Westhoffen et de Wasselonne. La strate arborescente ne diffère pas beaucoup de celle de la Chênaie-Charmaie, mais le Hêtre est parfois présent.
Autour des collines calcaires, d’autres groupements forestiers sont à signaler, bien que de superficie réduite. Il s’agit de la Chênaie-Hêtraie et de la Frênaie. La Frênaie borde les chemins creux sur lœss. Le Frêne est en mélange avec le Robinier et l’Erable champêtre.

  Urbanisme

Le Piémont Viticole constitue une des zones les plus densément peuplées d’Alsace, avec une importante succession de villages groupés et plusieurs bourgs et villes moyennes, parfois conurbés entre eux. Cette armature urbaine s’organise principalement le long d’infrastructures de communication orientées nord-sud, concentrées sur une bande étroite généralement inférieure à 5 km.

Les villages du piémont
Les silhouettes des bourgs et villages en enfilade au sein des vignes constituent une image caractéristique du Piémont Viticole. Répondant aux impératifs d’économie des terres, et aux contraintes de la pente, les villages du piémont présentent tous une structure très dense, groupée le long de la rue principale. Organisés parallèlement à la pente et de manière linéaire (Itterswiller, Nothalten), en croix (Mittelbergheim ... ) ou en balcon (Boersch, Ottrott ... ), ils marquent le paysage par leurs implantations particulières (Heiligenstein, Epfig ... ). Le village est groupé et les maisons sont très serrées, les cours et les ruelles étroites, de façon à ne pas gaspiller un are d’un terrain viticole précieux. Les villages ont bien souvent résisté aux batailles de l’Histoire, et des murs d’enceinte, de bâtiments sont autant de témoignages de l’époque médiévale. Certains villages tels que Benwihr ont été complètement détruits durant la guerre 1939/1945, puis reconstruits dans le respect du plan d’urbanisme préexistant.

Les bourgs des vallées
Le débouché des vallées, marqué par un verrou, a vu s’installer des places fortes qui en défendaient l’accès (Mutzig, Rosheim, Obernai, Andlau ... ), abritant derrière leurs murs les habitations, mais aussi les activités administratives, de négoce et de services qui se développaient entre la plaine et la montagne. Dotées d’un territoire exigu, ces villes ont largement débordé leurs enceintes, se développant vers l’aval, en direction des terrains plats de la plaine.