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L’exemple de Strasbourg, un camp militaire sur l’Ill

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24 avril 2013

L’empereur romain Auguste décide d’établir le long du Rhin des camps fortifiés afin d’assurer la défense de l’Empire romain. En l’an 12 avant JC, le général Romain Drusus est chargé de fortifier une place celte du nom d’Argentorate. Ce camp, Argentoratum est ensuite agrandi successivement sous les empereurs Tibère et Trajan. Devenu centre de ravitaillement par l’extension de l’Empire, le camp retrouvera son rôle militaire au moment des invasions des Alamans au IVe siècle. Strasbourg écrit son histoire…

  Argentoratum site stratégique

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Argentorium, un camp militaire en limite de la zone inondable de l’Ill. source géoportail

Le camp militaire d’Argentoratum s’implante à l’extrémité de la terrasse alluvionnaire, dominant les terrains inondables à la confluence de l’Ill et de la Bruche avec le Rhin. Son emplacement est bien localisé dans « l’ellipse insulaire » formé par l’aménagement des fossés au Moyen Age entre la Place de Broglie, la rue des grandes Arcades, les Quais Sains Etienne et les quais Lezay-Marnesia.

Ici particulièrement la géographie commande l’implantation de la ville. Du site originel de Strasbourg, l’on doit souligner deux aspects fondateurs de son identité :

- le site est favorable car il constitue potentiellement un carrefour de circulations denses par les voies fluviales (la Bruche, l’Ill et le Rhin) et terrestres qui y sont nombreuses. L’eau est partout, qu’elle soit phréatique (à partir de 2m de profondeur par endroit dans la ville) ou fluviale. Elle assure une triple fonction dans l’histoire de la ville : alimentation en eau potable, communication par les moyens de la batellerie mais aussi moyen de défense naturelle.

- pourtant, le site est relativement hostile. Il s’agit d’une zone essentiellement inondable ayant pour conséquence sur la santé de l’homme avec l’action particulièrement virulente de la malaria.

  Comment est constituée la ville à cette époque ?

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Le plan de la cité s’organise autour du cardo et decumanus, un système viaire que Strasbourg a conservé (rue du Dôme et rue des Hallebardes). source site internet Strasbourg.eu

Le camp de légionnaires s’étend sur la partie Nord de l’île centrale actuelle : organisé selon le plan géométrique romain classique autour du cardo (rue du Dôme) et decumanus (rue des Hallebardes et rue des Juifs), il est plutôt luxueux pour une garnison militaire et comprend tous les attributs de la ville romaine. S’y alternent thermes et résidences de tribuns aux pièces chauffées rue du Dôme, temples dédiés aux dieux romains et celtiques rue de la Nuée-Bleue, amphithéâtre spécialisé dans les combats de coq place Saint-Pierre le Jeune, mais aussi forum, basilique, théâtre,… Des plates-formes de défense sont installées place Broglie, un grand fossé place Saint-Etienne et des remparts le long des quais ; les civils y entrent par la place de la Cathédrale.
Dans le quartier de Saint-Thomas (rue de l’Ail) s’installe le port antique : la navigation commerciale et militaire sur le Rhin, l’Ill, la Bruche et les canaux est alors à son apogée. Pour sortir du camp, les voyageurs empruntent l’axe rectiligne qui part vers le Nord (entre la rue du Dôme et la place de Broglie), qui s’appelle déjà à cette époque la rue du Faubourg de Pierre. Cet axe permettait de rejoindre d’autres forts romains d’importances comme Brumath et Mayence. L’autre axe rectiligne qui part vers l’Ouest s’appelait rue de Pierre, qui deviendra à partir de 1894 la Route des romains suite aux nombreuses découvertes archéologiques faites dans le faubourg à cette période.
Les civils, principalement les familles des légionnaires, s’installent à proximité des camps romains.

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Si l’architecture des immeubles a changé depuis l’époque romaine, la rue du Dôme, ancien cardo romain, a gardé son tracé originel, qui permettait de traverser du Nord au Sud la cité.

Ici, ils se fixent justement le long de ces deux axes principaux, parce que les terrains sont surélevés et donc non inondables. Peu à peu, l’île centrale ne suffit plus : les habitations civiles s’étendent vers l’Ouest, à Koenigshoffen, qui devient le grand faubourg de la ville, après avoir été la nécropole où les soldats installaient leurs « jardins des morts », mausolées et sarcophages, de la place de la Gare à Eckbolsheim. Le faubourg offre de plus une excellente terre à culture pour les céréales et domine vers le Sud la vallée de la Bruche, dont les nombreux méandres fertilisent les jardins et les prés. Une tradition maraîchère s’installe et perdure encore aujourd’hui.
Dans ces quartiers, les maisons sont relativement spacieuses et raffinées : construites en pans de bois et en terre, portées par des blocs de grès, elles contiennent foyers en briques, plancher, cave, puits, fosse à déchets, latrines profondes reliées au réseau local, et sont souvent maçonnées par des artistes et artisans talentueux.

  Du camp militaire à la chute de l’Empire romain.

Malgré un site contraint par l’omniprésence de l’eau, la ville, au caractère cosmopolite très prononcé, prend de l’importance au fil des années et connaît une grande prospérité économique : le camp de légionnaires, régulièrement agrandi, devient une colonie militaire où les soldats installent leurs familles, et un carrefour commercial important avec plus de 10.000 habitants au début de notre ère. A partir de 166, les barbares exercent une forte pression sur le limes, (les frontières de l’Empire romain) les villes s’entourent de fortifications, les faubourgs limitent leur extension. Saccagée par les Alamans et les Francs en 355, reconquise et restaurée par l’empereur Julien qui les écrase lors de la bataille de Strasbourg en 357, la ville de Strasbourg est à nouveau touchée par la déferlante barbare qui s’abat sur l’Empire en 406. Burgondes, Vandales, Suèves… Ce sont finalement les Alamans qui s’y installent en 406. Si ces évènements marquent la fin de l’occupation romaine, il n’en demeure pas moins que le socle de la ville romaine (la trame viaire du centre-ville, les grands axes) fait partie du paysage urbain de Strasbourg aujourd’hui.

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