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Dynamiques et enjeux paysagers du Piémont Nord

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13 juin 2014

  DYNAMIQUES PAYSAGERES DU PIEMONT NORD

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Piémont Nord minute de la Carte d’Etat-major 1830
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Piémont Nord photo aérienne IGN 1951
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Piémont Nord photo aérienne IGN 2012

La descente de la forêt vosgienne

La progression forestière est très marquée sur les pieds du versant vosgien. Les prés qui s’intercalaient entre les villages et la forêt ont disparus, ces pâtures de pente étant difficiles à faucher. Friche et forêt gagnent également les fonds des vallées vosgiennes, fermant les vallées, encore largement ouvertes dans les années 1950. Ailleurs dans le Piémont Nord, l’équilibre entre espaces agricole et forestiers est resté stable.

Un paysage agricole entre permanence et mutation

Le parcellaire en lanière s’est considérablement simplifié en s’adaptant à la traction mécanisée, le paysage semble avoir changé d’échelle. Ce phénomène est encore accentué avec la raréfaction des prés-vergers qui ceinturaient les villages dans les années 1950. Le piémont nord reste malgré tout encore marqué par une agriculture diversifiée oùu prés, vergers et cultures s’imbriquent et se répartissent selon les pentes et les potentiels des sols.

Des villages qui ont considérablement évolués

Les extensions urbaines sont considérables en comparaison avec la situation bâtie de 1830. Tout en restant relativement groupés, les villages du pied de coteau ont presque doublé leur superficie depuis 1951 comme à Ernolsheim-les-Saverne, Dossenheim-sur-Zinsel ou Neuwiller-les-Saverne. Evidement les périphéries des villages ont évolué avec l’apparition de bâtiments agricoles et artisanaux et de lotissement. Les couronnes de prés et de vergers, qui ceinturaient les villages sont moins importantes et moins homogènes aujourd’hui.

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Les villages de Reinhardsmunster et St-Gall (Thal-Marmoutiers) sont alignés au pied des Vosges du Nord, pratiquant une économie forestière et agricole. Source : Atlas aérien de la France,1964, Gallimard.
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Reinhardsmunster et St-Gall en 2014 : les villages se rejoignent dans une conurbation étirée au pied des Vosges. Quelques extensions le long de routes perpendiculaires brouillent cette organisation linéaire. L’épaississement des ripisylves dans les vallons révèle une utilisation moins intensive des fonds humides.

Un pôle d‘habitat attractif

Les extrémités sud et le nord du Piémont nord sont des secteurs dynamiques autour de pôles urbains en croissance continue : Wissembourg et Saverne. La partie centrale du Piémont nord a une croissance beaucoup moins marquée, certaines communes perdant de la population par migration. Les pôles de Wissembourg, Woerth, Soultz‐sous‐Forêts et Pfaffenhoffen ont également connu une forte croissance de leur surface urbanisée (entre 50 et 100 % d’augmentation de 1962 à 2000). (source : Scot Alsace nord Haguenau)

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Les bourgs implantés aux débouchés des vallées vosgiennes concentrent un fort développement . Wissembourg

Les villages du Piémont Nord sont inégalement impactés par les extensions urbaines depuis le milieu du XXe siècle, soit qu’il s’agisse de secteurs peu accessibles depuis les centres urbains à proximité (notamment les villages accrochés sur le piémont) soit qu’ils soient contraints par le relief. Cependant, dans les situations urbaines au débouché des vallées vosgiennes, les bourgs connaissent un important développement urbain sous forme d’opérations de lotissements où seul le type de la maison individuelle domine le paysage bâti.

Un processus récent et généralisé d’extensions urbaines qui modifient le paysage des villages

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Ici, à Romanswiller, rue de la Gare, les maisons s’implantent librement sur la parcelle. La diversité des volumes ainsi que le traitement des façades et ouvertures s’affranchissent des gabarits existants dans le bourg centre. L’espace du jardin est la résultante de l’implantation de la construction, et le terrain doit s’adapter à la maison (talus, buttes,…).

Depuis les années 1950, qu’il s’agisse des villages de piémont ou bien des villages de vallées, la pression foncière et la demande de logements contribuent à la modification des paysages urbains par l’aménagement de nombreuses opérations de lotissements de grande ampleur. Ainsi, un village comme Dossenheim-sur-Zinzel a vu son emprise bâtie doubler depuis les années 1950, par des lotissements résidentiels.

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Illustration de principe d’une extension urbaine pavillonnaire en entrée de village

Nécessitant une importante emprise foncière, du fait de la surface généreuse des parcelles créées, le lotissement s’installe en limite de village, en situation d’entrée ou d’arrière de village, sur un parcellaire en lanières d’anciens vergers. De nouvelles rues et voies de desserte sont alors crées, permettant le découpage de nouvelles parcelles construites dont l’orientation et le dimensionnement s’affranchit du bâti du centre du village. Ces pièces urbaines n’entretiennent pas de liens avec la forme urbaine héritée du village ancien (implantation et orientation du bâti aléatoire, importants mouvements de terres, diversité des pentes et coloris de toitures,…). La rue se banalise (perte des séquences plein-vide, des ouvertures visuelles, des clôtures basses,…), la rue n’est alors plus que l’espace induit par le découpage des parcelles privées.

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Ici, vue sur le village d’Haegen, les extensions urbaines pavillonnaires ont investi le coteau du piémont de part et d’autre du cœur de bourg. Ces nouvelles pièces urbaines diluent la qualité paysagère du site : étalement linéaire, implantation sur talus, faible densité, diversité des orientations, des volumes, des couleurs, des matériaux de toiture.

Opérations menées suivant les opportunités foncières sur le village, les extensions pavillonnaires bouleversent la silhouette du village et mettent en péril la valeur patrimoniale et l’unité paysagère du village.

  ENJEUX PAYSAGERS DU PIEMONT NORD

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Piémont Nord bloc-diagramme enjeux paysagers

Maintenir le petit parcellaire en lanière et les prés vergers

La partie inférieure du long versant du Piémont Nord bénéficie d’une grande diversité agricole, malgré la simplification progressive du parcellaire. La présence d’un parcellaire plus petit sur les pentes et de prés vergers étendus anime encore le paysage et lui offre un charme au graphisme étonnant. Cela est d’autant plus marqué depuis les vues en belvédère des hauteurs du piémont et sur la partie entre Saverne et Marmoutier. Par contre quand on les parcourt leur échelle plus intime focalise les regards sur la mosaïque de parcelles diversifiées, invitant à la promenade. Ce petit parcellaire forme un écrin appréciable pour les villages en créant une transition avec les prairies ou les cultures et en absorbant visuellement les extensions récentes. Plus localement le vignoble de Cleebourg présente une certaine harmonie avec un parcellaire ordonné et soigné qui mérite une attention particulière pour l’image de son terroir.

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Maintenir le petit parcellaire en lanière et les prés vergers

Quelques pistes d’actions envisageables
- Renouveler les arbres vieillissants. Encourager la plantation de vergers.
- Diversifier les modes de plantations : arbre isolé, ligne, verger régulier.
- Soutenir la gestion des petits vergers de haute tige et les ateliers de transformation.
- Trouver des usages différents en lien avec les habitants proches (chevaux, jardins potagers, gestion naturaliste, promenade).
- Préserver le parcellaire en lanière.
- Mettre en valeur les chemins à travers les vergers.

Mettre en valeur les situations en belvédère

Le Piémont Nord forme une formidable marche entre les Vosges et l’étendue du Kochersberg ou de l’Outre-Forêt. C’est un paysage qui se donne à voir depuis l’extérieur mais qui offre aussi de nombreuses vues en belvédère depuis le relief. Certains lieux comme le château du Haut Barr illustrent avec force cette notion de belvédère sur le piémont avec les vues lointaines tout en donnant un bel aperçu du graphisme des vergers à ses pieds. Ces vastes panoramas aux vues plongeantes révèlent ainsi de nombreux aspects du territoire. Cela doit inciter à maîtriser la gestion du paysage ainsi découvert. La qualité des vues dépend aussi d’un aménagement soigné des premiers plans et des abords immédiats du point de vue.
Des covisibilités renouvelées apparaissent au fil des routes, en vis à vis entre les villages, ou depuis les pentes au gré des chemins. Ce jeu de perceptions renouvelées mérite une forte attention pour en conserver la particularité.

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Mettre en valeur les situations en belvédère

Quelques pistes d’actions envisageables
- Dégager les vues depuis les routes en balcon
- Maitriser les silhouettes des villages visibles de loin
- Conserver et valoriser les chemins agricoles communaux, véritables faire-valoir des vues
- Aménager des belvédères pour profiter du paysage
- Aménager des circuits de découverte.
- Mettre en valeur les tracés reliant les coteaux aux villages.
- Signaler les entrées de chemin depuis les routes, par un arbre par exemple.
- Accompagner le cheminement par des plantations, de fruitiers par exemple.
- Conserver des vues depuis les chemins en gérant la végétation.

Maîtriser la gestion forestière du coteau

Le relief du Piémont Nord forme une toile de fond forestière très visible depuis l’est (Kochersberg, Outre-Forêt). Sa gestion et son étendue participe donc à la qualité du paysage. L’équilibre entre espaces ouverts et forestiers, l’absence de contraste brutal qui viendrait brouiller la hiérarchie des formes du paysage, la diversité des transitions entre peuplements, des lisières variées et entretenues, sont autant d’éléments qui permettent d’obtenir des versants attractifs.
La forêt a tendance à gagner du terrain vers le bas, gommant les prairies qui faisaient auparavant une transition avec les villages. La gestion de ces parcelles qui arrivent au contact des villages joue un grand rôle paysager : composition des boisements, facture des lisières, présence des prairies, contact avec les villages… La reconquête de parcelles boisées ou enfrichées peut devenir localement un enjeu de cadre de vie pour certains villages.

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Maîtriser la gestion forestière du coteau

Quelques pistes d’actions envisageables
- Privilégier des boisements feuillus ou mixtes sur les versants les plus visibles.
- Eviter un mitage du manteau forestier suite aux coupes à blanc suivies d’un enrésinement.
- Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins et des routes.
- Avoir une grande vigilance pour toute intervention sur les crêtes qui restent très visibles.
- Gérer les abords des boisements pour éviter les friches qui descendent trop bas sur le coteau.
- Rouvrir les parcelles autour des villages qui touchent la forêt.

Maitriser les extensions urbaines

Dans ce paysage avec de fortes covisibilités, les villages et bourgs du Piémont Nord sont souvent visibles de loin dans leur globalité. Leur forme originelle (accrochée au relief ou étirée le long d’un fond de vallon) reste bien identifiable. Mais certains, et notamment les bourgs au niveau du débouché des vallées vosgiennes ont connu un fort accroissement allant jusqu’à doubler la surface urbaine. Des extensions bâties mal positionnées peuvent altérer la lisibilité de la silhouette du bourg et consommer l’écrin du petit parcellaire de vergers. Le clocher n’est plus l’élément bâti dominant, les constructions ayant dans certains cas gagné en hauteur sur les reliefs.
Ce qui fait la particularité du site initial d’implantation (relief, rivière, carrefour, site défensif…) constitue une qualité à mettre en valeur pour que chaque bourg puisse continuer d’affirmer son identité propre. L’adéquation des nouveaux quartiers avec le site constitue un enjeu majeur à prendre en compte pour conserver une harmonie et une cohérence, garants d’une qualité paysagère des lieux.

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Maitriser les extensions urbaines

Quelques pistes d’actions envisageables
- Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
- Préserver la silhouette groupée des villages. Harmoniser le développement en fonction du relief.
- Agrandir le bourg en prolongeant la logique de son plan de composition.
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Se développer autrement que par l’étalement urbain. Redynamiser l’habitat en centre bourg.
- Respecter la hiérarchie des masses bâties et du clocher. Eviter les juxtapositions ou les vis-à-vis malencontreux pour les constructions ou les zones de développement.
- Etre vigilant sur l’emplacement, les volumes et les couleurs des nouvelles habitations.
- S’inspirer du bâti existant et favoriser l’alignement des façades ou des pignons et la mitoyenneté qui font le charme des centre-bourgs ruraux.
- Maintenir les coupures vertes entre les villages pour éviter l’effet agglomération.
- Veiller à l’impact paysager des bâtiments d’activité en périphérie.
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière.
- Préserver les ceintures de cultures diversifiées autour des villages : prés vergers, cultures maraîchères, jardins périurbains, petites parcelles cultivées…
- Préserver un maillage de chemins suffisamment dense en périphérie des villages.

Mettre en valeur les espaces publics / Affirmer les entrées

Les espaces publics des villages du Piémont Nord offrent des caractéristiques remarquables qui doivent guider les aménagements à envisager. La première s’illustre par des situations en belvédère (rue, placette, rampe) qui offrent des vues et une composition avec le relief. La seconde est lié à l’eau qui a structuré de nombreux bourgs ou villages (fontaines) en imprimant une forte identité comme à Wissembourg (eau canalisée à ciel ouvert, présence de douves) ou bien à Saverne (plan d’eau, canal). Les villages du Piémont comportent aussi souvent des places, parfois dans un tissu urbain dense. Les espaces publics sont des points stratégiques à soigner pour conserver le cachet du bourg et sa convivialité. Les aménagements pour améliorer le cadre de vie des habitants doivent conserver une simplicité pour conserver l’harmonie et le charme des villages.

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Mettre en valeur les espaces publics / Affirmer les entrées

Quelques pistes d’actions envisageables
- Aménager les entrées de bourg avec simplicité pour marquer la transition de la route à la rue.
- Utiliser les alignements d’arbres pour structurer l’espace.
- Valoriser les abords des cours d’eau, du canal, des fontaines dans les villages et les bourgs.
- Trouver un vocabulaire simple mais de qualité pour les aménagements des espaces publics.
- Mettre en valeur les places. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Prévoir dans toutes extensions urbaines des espaces publics structurants de qualité.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements.

Soigner la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords

Dans le Piémont Nord, de nouveaux bâtiments agricoles sont apparus en rupture avec les villages ou isolés dans la campagne. Leurs volumes imposants, leurs matériaux ou leur couleur, en raison des mises aux normes ou de l’évolution des techniques n’ont pas toujours fait l’objet d’une réflexion pour conserver une certaine harmonie avec leur situation et leur entourage. Cela les rend très visibles dans ce paysage offrant de nombreux point de vue. Leur localisation et leur qualité architecturale (volume, couleur…), ainsi que l’aménagement de leurs abords sont importants. Cet enjeu est également lié à celui de l’aménagement des abords des villages (plantations, chemin, transition avec les champs) et du maintien des vergers qui accompagnent positivement les bâtiments agricoles.

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Soigner la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords

Quelques pistes d’actions envisageables
- Eviter les implantations trop visibles en entrée de village ou sur des points hauts.
- Favoriser l’utilisation du bâti ancien agricole pour limiter les implantations nouvelles en périphérie des villages.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Soigner l’entrée de la ferme. Aménager les entrées et les chemins d’accès.
- Replanter des arbres fruitiers isolés ou alignés le long du chemin d’entrée de la ferme et en périphérie des bâtiments.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets.
- Adapter l’aménagement urbain aux passages d’engins agricoles.

  REPERES BIBLIOGRAPHIQUES

Paysages
- Référentiel paysager du Bas-Rhin, Deltas entre Zorn et Moder- 2012- ADEUS - Conseil général du Bas Rhin
- Les unités paysagères du PNR des Vosges du Nord, Les paysages du piémont de Hanau- 1994- PNR des Vosges du Nord

Géographie
- L’Alsace et les Vosges. Géologie, milieux naturels, flore et faune. 1998 -Yves Sell- ed. Delachaux et Niestlé
- Les milieux forestiers des collines sous-vosgiennes est (partie Bas-rhinoise). 1998- CRPF Alsace, ONF, Région Alsace

Urbanisme et architecture
- Alsace, l’architecture rurale française. Ouvrage de Marie-Noëlle Denis et Marie-Claude Groshens. Editions A Die. 1999
- Site Internet : Alsace, la maison alsacienne : www.encyclopedie.bseditions....

 

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Site mis à jour le 16 février 2015
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