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Représentations et images du Kochersberg
Le Kochersberg est peu caractérisé, dans les représentations anciennes ou contemporaines, par ses paysages, mais davantage par la richesse de son terroir agricole, son architecture traditionnelle et ses traditions folkloriques.
Images anciennes : « Riech wie a Kochersbarjer Bür » [1]
« La brasserie tire ses orges de premier choix du Kochersberg, canton essentiellement agricole, appelé le grenier de l’Alsace à cause de sa fertilité. (…)
Le pays des deux côtés de la Zorn, qui côtoie le Kochersberg en débouchant de Saverne, est formé d’ondulations, entrecoupé de collines et de vallons, à pentes douces. Quelques ruisseaux, bordés de saules et d’aunes, de maigres filets d’eau, coulent lentement dans un lit glaiseux. Sans contrastes accentués fortement, le paysage paraît un peu monotone. Pourtant la campagne ne manque pas de charme, par ses couleurs, du printemps au commencement de l’automne. Au mois de mai, les champs de colza à fleur jaune, de pavots lilas, de lin à floraison bleu de ciel, de fèves blanches embaumant l’air, ces plantations variées flattent le regard agréablement ; de même les champs de blé, l’orge et le froment, ondulant sous la brise comme une vaste mer aux épis dorés au moment de la moisson. En hiver seulement, quand la neige recouvre de son linceul froid la campagne dépouillée, quand la fumée des cheminées indique seule la présence de l’homme dans les villages mornes, le passant éprouve l’impression d’une inexprimable mélancolie.
Point de site grandiose, point de monument remarquable, point de ville populeuse dans tout ce district. Son attrait se trouve dans ses cultures, fort bien soignées et favorisées par une terre naturellement féconde.
(…)
C’est le plus riche pays de culture de la province d’Alsace, celui dont le sol est le mieux exploité. Tous les villages de la région ont été signalés pour leur prospérité, lors de la dernière enquête agricole faite sous le régime français. Quelques-uns prospèrent encore maintenant, malgré la crise dont l’agriculture souffre depuis l’annexion allemande ».Charles Grad, L’Alsace, le pays et ses habitants, Hachette, 1906. [2]
La valeur d’abord agricole des paysages
L’esthétique de la campagne ouverte du Kochersberg est révélée par cette image du XVIIIe siècle. La ville, que l’on devine à peine au centre de l’image, n’est qu’un élément marginal de la composition. Ce sont les champs griffés de sillons, les bâtiments de ferme imposants, les arbres isolés ou en alignement renforçant l’effet de géométrie de l’ensemble, qui sont les véritables sujets de cette représentation.
A gauche, l’aquarelle met en scène la richesse de l’agriculture. Grand champ ouvert presque à perte de vue, charrette croulant sous la paille, paysans aux habits colorés, lisière boisée et ligne bleue des Vosges en arrière-plan, le peintre illustre ici la campagne prospère du Kochersberg que décrivent tous les observateurs et voyageurs de la fin du XIXe siècle.
Dans la photographie de droite datée du début du XXe siècle, le thème de la fenaison est repris presque à l’identique, l’ouverture sur le paysage en moins, marquant ainsi la permanence de l’identité avant tout agricole du Kochersberg.
Des villages, des maisons, des fermes
« Quoique rare, le bois ne manque pas absolument. De petits bosquets couronnent les pointements rocheux, sans jamais s’étendre bien loin. Nous voyons successivement Hochfrankenkeim, Gougenheim, Gingsheim, Durningen, Avenheim, Neugartheim, Willgottheim, où nous dînons, puis, après dîner, Wellenheim, Rohr, Dunzenheim, Sâssolsheim, Schaffhausen, nous arrêtant partout où un fait intéressant est à recueillir. Ces jolis villages sont tous rapprochés les uns des autres, à courte distance. Montez-vous au sommet des collines les plus élevées, vous apercevez tout au moins une demi-douzaine de clochers pointer au milieu d’un nid de verdure sur le tour de l’horizon, quand même les points culminants n’atteignent pas 100 mètres de hauteur verticale au-dessus du niveau des fonds. Si rapprochées et si nombreuses, les localités ne peuvent pas être très étendues ». Charles Grad, L’Alsace, le pays et ses habitants, Hachette, 1906. [3]
La carte postale et la photographie s’attachent peu, à quelques exceptions près, aux paysages ruraux ou naturels du Kochersberg. Il s’agit plutôt de montrer les villages, à hauteur d’homme, en privilégiant les vues des rues et des maisons qui les bordent où l’architecture traditionnelle joue un rôle important.
En se reportant à la carte (voir la carte du nombre de cartes postales sur le site de vente Delcampe dans l’article "Une identité paysagère forte mais archétypale) du nombre de cartes postales en ligne par communes sur le site de vente en ligne Delcampe, on observe donc que le Kochersberg est l’une des parties les moins représentées d’Alsace. Aucune ville importante, pas de grand site… les images du Kochersberg se concentrent sur les villages. Seules les cartes postales « aériennes » en vogues à partir des années 1960 permettent d’élargir l’angle de vue sur le paysage, au delà des villages.
Alors que plusieurs décennies séparent ces deux cartes postales, le registre a peu changé pour évoquer les villages du Kochersberg. A gauche, le photographe met en scène une femme en costume posant devant un village que seule l’architecture égaye. A droite, une rue vide où une vieille femme, vêtue de noir, tire une charrette. Le photographe, malgré le passéisme de son regard, a cependant saisi l’opportunité de la présence d’un arbre, grand mais unique, cadrant l’espace de la rue, pour rendre l’ensemble moins austère.
Willgottheim et Oberhausbergen, cartes postales, collection particulière
Ces deux cartes postales montrent deux aspects des paysages du Kochersberg. A gauche, une vue harmonieuse où chaque composante est à sa place et joue son rôle de composition (champ, houblon, vergers, village en hauteur offrant des vues sur l’ensemble des collines et de la plaine). A droite, en limite de l’agglomération strasbourgeoise, un paysage en transformation dont la brasserie Kronenbourg occupe l’essentiel.
La Zorn, un rare motif de l’eau
La Zorn est la seule rivière notable de l’unité de paysage. Quelques images donnent un aperçu des ambiances qu’elle crée dans sa portion « naturelle » et canalisée.
Images contemporaines
« Au-delà de Pfulgriesheim s’ouvre le Kochersberg, « grenier à blé » de l’Alsace. Les grandes étendues cultivées sont rythmées par de rondes collines. À partir d’Osthoffen-Dahlenheim, elles cèdent le pas à la vigne qui s’étire sur les coteaux de la Mossig, sur les flancs du Mont Scharrach.
(…)
Le Kochersberg forme une entité de riches terres agricoles où alternent les cultures de maïs, de tabac, de betteraves sucrières, d’asperges et de houblon. De très nombreux villages parsèment cette région dont on dit aussi que c’est le pays de la tarte flambée. Ils ont conservé de beaux bâtiments ruraux du XVIe et du XIXe siècle. Les fermes typiques du Kochersberg se caractérisent par un portail coiffé d’un toit, décoré et égayé de niches ».
Extrait de la fiche « circuit à travers le Kochersberg » de l’office du tourisme du Bas-Rhin. [4]
Peu d’images et beaucoup de motifs oubliés
A l’instar des cartes postales anciennes, on ne trouve que peu de photos du Kochersberg dans le site Google Maps. Les vues sont cependant plus variées, le motif agricole étant souvent repris ainsi que les vues traditionnelles des villages en grand angle.
En revanche, les sites professionnels de photos sur l’Alsace ne font pas totalement l’impasse sur cette partie du territoire. Ils proposent surtout des vues de campagne jouant de l’harmonie des couleurs des champs et des ondulations du relief et l’architecture traditionnelle des villages y est un motif récurent. Ces images, malgré un style assez passe-partout, n’en donnent pas moins une valeur positive aux paysages agricoles du Kochersberg.
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[1] « Riche comme un paysan du Kochersberg », Proverbe alsacien
[2] Cet ouvrage est disponible sur le site de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France (Bnf) gallica.bnf.
[3] Cet ouvrage est disponible sur le site de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France (Bnf) gallica.bnf.
[4] Source : http://www.tourisme67.com/pdf/cyclotourisme/fiche-circuit-22.pdf