Les paysages de l’Outre-Forêt, malgré leur attrait de jolie campagne vallonnée que note bien Victor Ardouin lors de son voyage en train à travers l’Alsace en 1919, ne font pas partie des sites les plus emblématiques de la région. Excepté la commune de Wissembourg très présente depuis le XVI^e siècle mais dont la partie urbanisée est exclue de l’unité de paysage, les campagnes de l’Outre-Forêt ne bénéficient par comparaison aux autres paysages alsaciens que de peu d’images.

  Images anciennes : « un joli coin de pays »

« Au matin, le ciel est superbe quand nous prenons le train de Seltz qui nous mène au long de la Sauer et de la forêt, par ces campagnes de Betschdorf où nous étions venus pédestrement la veille. Des cultures, des prés, puis, dans les plis, des houblonnières, tel est le paysage jusqu’à Hatten. Alors le chemin de fer pénètre dans la forêt d’Asbruch qui se confond avec celle de Haguenau, traverse les bois d’Obervvald et rejoint dans la gare de Seltz la ligne de Strasbourg à Lauterbourg. (…)

Je parcours une fois encore le pli creusé au-dessous de Surbourg et que suit le chemin de fer de Wissembourg. C’est vraiment un joli coin de pays, cette combe très évasée où le houblon met la gaieté de ses futaies en miniature, futaies temporaires, car bientôt les perches enguirlandées seront abattues pour la récolte des cônes. Autour des houblonnières, le terroir est plus monotone en cette saison ; les céréales enlevées ont fait place au chaume ras et fauve enchâssant les cariés de pommes de terre encore verdoyants.

D’abord sec, le vallon se fait humide quand il atteint celui du Seltzbach, plus large, où remonte la voie ferrée des usines de Pechelbronn.

Kutzenhausen garde cette entrée ; plus loin apparaît Soultz, appelé sous-Forêts pour le distinguer du Soultz de Haute-Alsace. Mais aucune forêt n’avoisine immédiatement la ville ; il faut aller à plus d’une lieue pour trouver la lisière du grand massif du Hochwald qui couvre la barrière des petites Vosges où nous n’avons pas su nous garder en 1870 ».

Ardouin-Dumazet, Victor, Voyage en France, 3^e édition Berger Levrault, 1919, pp. 58-61

Entre plaine et piémont

Cette lithographie du XIX^e siècle représente, dans un large panorama orienté vers l’ouest, un archétype des paysages de cette partie de l’Alsace située entre la plaine du Rhin et le piémont vosgien : un bourg et son temple, - ici Soultz-sous-Forêts – qui, dans le premier tiers vertical de la gravure, s’étire le long de l’axe d’un vallon. A l’arrière plan, le coteau puis, au fond, les versants du Hochwald. De nos jours la silhouette de Soultz est dominée par les deux clochers du temple et de l’église qui fut construite en 1909.
Les arbres, en bosquets ou isolés, soulignent les lignes de force du paysage (l’axe du vallon, la limite entre la ville et les cultures, entre le coteau et la plaine) et animent, ici et là, le bord des chemins et les limites de parcelles.

La vue aérienne sur ce bourg situé sur le même axe nord-sud que Soultz-la-Forêt, mais un peu plus au nord, est comme dans la gravure précédente, délibérément orientée vers l’ouest, vers les versants du Hochwald. Le paysage tire sa force des limites précises instaurées entre ses différentes composantes – bourg, cultures, forêt – et au loin, la ligne du relief.

Situé plus à l’est de l’unité, le village d’Oberlauterbach est représenté dans cette carte postale multivues, dans tous ses aspects, renouant ici avec les vues panoramiques chères aux illustrateurs du XIX^e siècle : une vue panoramique sur le village dont la structuré s’étire au fond d’un vallon et d’une rue que domine un petit coteau cultivé. Viennent ensuite des images des principaux bâtiments et rues que bordent les pignons des maisons à pans de bois.

Vallées

Pendant la Grande Guerre, le peintre Joseph Breton s’extraie des tranchées pour planter son chevalet dans la vallée du Seebach. Il peint ici un paysage d’hiver, triste et calme, où les arbres dénudés construisent un paysage plus fantomatique que réaliste. Une représentation assez rare des paysages en Alsace où l’ambiance est privilégiée par rapport au panorama.

Bourgs et villages

Images typiques et identitaires de l’Outre-Forêt : la rue bordée de maisons banches à pans de bois où l’on se rencontre.

A proximité du bourg, un grand espace libre, en herbe, que cadrent et animent de grands arbres élancés. Une représentation rare de l’un des éléments de la composition des villages de l’Outre-Forêt.

  Images contemporaines : patrimoine et histoire

Les guides : l’Outre-Forêt pittoresque

L’Outre-Forêt est une région bien identifiée dans les guides touristiques contemporains. Désignant un territoire plus large que celui de l’unité de paysage de l’atlas, elle est généralement associée à la forêt et à la ville de Haguenau ainsi que, à l’extrême nord, à Wissembourg. Les guides n’offrent pratiquement pas d’images de « grands paysages », les représentations se limitant le plus souvent aux ambiances et au patrimoine architectural et urbain des bourgs et des villages (Soultz-sous-Forêts, Hunspach, Hoffen, Seebach, Schoenenbourg), et où l’accent est toujours mis sur la « typicité » et le « pittoresque » de l’habitat.

Photos sur Internet : les éléments patrimoniaux

Parmi les photos mises en ligne dans Google maps dominent les images « patrimoniales » (architecture, églises, calvaires). Les photos de paysages, peu nombreuses, privilégient les effets donnés par des courbes douces du relief qu’animent bosquets ou arbres isolés : des paysages de campagne souvent déserts.

La ligne Maginot, lieu de mémoire et de découverte du paysage de l’Outre-Forêt

L’ouvrage de Schoenenbourg et l’abri de Hatten font partie des sites très visités de la ligne Maginot. Circuits de randonnées à pied ou en vélos proposent d’y passer et de croiser ainsi histoire et paysage. Les guides – papier ou internet – en présentent systématiquement des images qui, parfois, peuvent être l’occasion de montrer les paysages alentours.

La situation du fort, en surplomb, permet une représentation incidente sur le paysage des alentours du bourg.