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Le couple voiture-quartier, le zonage des villes

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25 avril 2013

  Quel visage urbain ? Le developpement du « zonage urbain »

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Implanté en 1962 au Nord-Est de Mulhouse, l’usine Peugeot s’inscrit aujourd’hui dans un site de 320 hectares, équivalent à plus de trois fois la superficie du centre-ville. Source géoportail

Durant cette période, on construit. On construit partout, beaucoup et vite, mais pas sans une vision définie du modèle urbain que l’on tend à appliquer à tout le territoire. Durant plus de XXe siècle, les villes et villages alsaciens se sont édifiés en prenant en compte les spécificités du territoire. C’est pour cela que l’on peut parler de particularisme territorial, d’identité et de spécificité territoriale. Mais, à partir des années 1950, la plupart des opérations urbaines d’extension sont réalisées à partir de modèles plaqués sur le territoire (bien sur le discours est à nuancer, mais…), sachant que, dès lors, ce n’est plus le projet d’urbanisation qui s’adapte au site, mais le site qui doit s’adapter au projet d’urbanisation. Alors, la société s’est inventée des types d’urbanisation qui correspondent à une nécessité de la vie quotidienne :
- les zones industrielles (ZI), sont les lieux dévolus à la production en série de produits à haute valeur ajoutée. En 1962, Peugeot lance son usine de Mulhouse pour la production de voiture, sur un site d’environ 1km2. Le regroupement au même endroit de toute la production d’un produit nécessite pour l’industrie de grandes emprises foncières, que l’on ne peut trouver qu’en périphérie de ville.
- les zones artisanales (ZA), qui procèdent également du regroupement de plusieurs entreprises au même endroit.
- un peu plus tardivement apparaissent également les zones d’activités, les nouveaux lieux du commerce qui entrent directement en concurrence avec le commerce traditionnel des centres urbains, mais permet de plus grandes surfaces commerciales à moindre coût.
Chaque entrée de ville, échangeur routier ou autoroutier se voit doter d’un de ces modèles. Ces zones doivent être facilement accessibles par la voiture et facilement connectée au réseau routier principal afin d’acheminer le plus rapidement les marchandises. Les centres villes sont jugés peu fonctionnels, voir insalubres, ne permettant pas une circulation automobile aisée.

  La pénurie de logement et la création des grands ensembles

La problématique du logement devient également essentielle dans ces années de forte croissance économique. La natalité est en forte hausse, et l’Alsace, comme la plupart des autres régions françaises doit faire face à une pénurie croissance de logements (qu’elle n’a d’ailleurs pas su résorber au sortir de la seconde guerre mondiale).

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En centre-ville, l’opération de démolition-reconstruction, engagée à la fin des années 1970, a permis la construction d’un ensemble de logements, services et commerces de grande hauteur sur une importante emprise foncière. Issu d’un urbanisme fonctionnel tournant le dos au tissu urbain existant, l’ensemble des constructions marque une rupture avec la ville héritée (fonctionnement, rapport à l’espace public, gabarits et hauteurs,…) Source géoportail

L’affut de population étrangère venue travailler en Alsace, le besoin des nouvelles familles pour se loger dans des logements répondants aux exigences de vie moderne, rend urgent la nécessité de construire un grand nombre de logements. Les collectivités vont d’abord intervenir par de petites opérations (quelques centaines de logements tout de même) en centre ville, ou tout du moins en bordure de ville historique, dans des tissus déjà constitués mais sur des emprises qui nécessitent une intervention sur le bâti existant.








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Strasbourg, quai Kleber. Ce centre commercial a remplacé un ancien marché couvert, à l’emplacement même de la première gare de Strasbourg. Ouvert en 1979, cet ensemble bâti organise des espaces privés à usage public, que certains dénoncent comme la ville franchisée. Source CRDP

Il s’agit d’opérations de démolition-reconstruction facilement identifiables par des constructions de grandes hauteurs avec un système sur dalles permettant la création de stationnements souterrains et un ou plusieurs niveaux de commerces en partie basse, décollés du niveau du sol de la rue. A Strasbourg, entre le quai Kleber et le boulevard du président Wilson, un vaste ensemble immobilier constitué de logements, de services et de commerces vient en lieu et place de l’ancienne gare de Strasbourg, longtemps resté occupé par des entrepôts entre un quartier de faubourg et le quartier allemand qui enserre la nouvelle gare.
Mais les besoins en logements sont tels que ce type d’opérations ne suffit pas à résoudre de manière durable la crise du logement en Alsace. Pour construire plus de logements, il faut davantage de terrains. La décision est prise alors de construire ex-nihilo de nouveaux quartiers, comme d’autres expériences avaient pu être menées pour le logement ouvrier au début du siècle dernier. Mais ici, il s’agit de loger beaucoup plus de famille, en utilisant des systèmes constructifs standardisés qui permettent de réduire au maximum les temps de construction. L’emploi du béton armé se fait dans la plupart des constructions d’immeubles collectifs au moyen d’imposants coffrages et de grues installées sur des rails au sol. Les terrains rendus constructibles sont considérables en surface et la production du cadre bâti entre véritablement dans une logique industrielle. Les ZUP, zones à urbaniser en priorité, sont nées.

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Les immeubles collectifs d’habitation de la ZUP de l’Europe à Colmar forment un véritable front urbain à l’Ouest de la ville. Source CRDP

A Colmar, les quartiers de l’Europe au Nord et à l’Ouest de la ville sont destinés à accueillir des milliers de familles désireuses de trouver un toit (environ 12000 logements au travers des décennies). Il s’agit alors de la première ZUP d’Alsace.






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Nécessitant d’importantes emprises foncières, le nouveau quartier Ouest de Colmar s’installe en limite de ville. Formant une pièce urbaine à part entière, le quartier s’inscrit dans un environnement composite, constituant la frange urbaine de Colmar. Source CRDP

Ont suivi peu après les Coteaux à Mulhouse (3200 logements), Volgelsheim et Hautepierre à Strasbourg (5000 logements). Dans l’esprit de ses créateurs, il s’agit là d’une ville utopique, dont la maîtrise d’œuvre est confiée à Gustave Stoskopf (architecte de renom et grand prix de Rome). Tous les équipements sont installés : on y trouve un stade, une piscine, un centre culturel... rien ne doit manquer. Ces nouveaux quartiers voient le jour en quelques années seulement est l’ambition est de rompre avec la construction de la ville traditionnelle : de généreux espaces verts courent entre les immeubles de grande hauteur, les rues sont dimensionnées de telle sorte de la voiture circule facilement. On aménage d’ailleurs d’importantes surfaces de stationnement au pied des immeubles. Les projets ne réalisent pas de distinction entre les parcelles privées et l’espace public, tout le quartier étant géré par un seul organisme d’habitat. On utilise un langage jamais entendu pour évoquer les types de constructions : Des barres, des plots, des pilotis, des toits terrasses,… Tous les logements disposent d’une salle de bains privative, d’une cave. Sur le palier, il se trouve quelque fois des locaux communs comme des séchoirs.
Ces quartiers d’habitat connaîtront par la suite des difficultés d’intégration et d’insertion dans le tissu urbain de la ville du fait de la conjoncture économique défavorable des années 1990 jumelée à la trop grande différence de gestion foncière. De nombreux plans d’actions à l’échelle nationale seront engagés à partir des années 2000 pour tendre vers une réappropriation de ces quartiers, notamment en transcrivant les règles de la ville traditionnelle (parcelle privée, espace public délimités,..) à ce tissu urbain.

 

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Site mis à jour le 16 février 2015
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