Contenu

Le pôle d’attraction aujourd’hui

JPEG - 292.7 ko
L’agglomération bâloise, pôle de développement transfrontalier. Vue depuis Hagenthal-le-Haut

Les pôles urbains s’étendent rapidement, chacun avec sa propre dynamique : Mulhouse, Colmar, Saint Louis, Haguenau, et bien sûr Strasbourg. Les grandes métropoles et la bande rhénane française attirent des jeunes travailleurs. Les voies de circulation modernes se concentrent à proximité de cet axe du Rhin tandis que des zones d’activité se systématisent sur les nœuds routiers aux portes des villes.
Les équipements militaires ou industriels sont reconvertis au service du cadre de vie. La station de sports d’hiver se développe en tentant de respecter le caractère de la vallée et ses hautes chaumes d’altitude. Les parcs régionaux soignent les sites emblématiques tandis que la résidence secondaire prend le dessus dans les villages des Vosges moyennes.
L’Europe repositionne l’Alsace comme centre d’un « eurodistrict », on parle de plus en plus du « Rhin supérieur » pour cogérer les politiques territoriales de ce vaste territoire : environnement, universités, santé, langues régionales, etc.
Dans les villes industrielles de la plaine, toutefois, la lecture des paysages est un nouveau défi avec l’arrivée massive de nouveaux alsaciens qui n’ont vécu que l’histoire la plus récente.

Les grandes villes d’Alsace sont aujourd’hui des pôles d’attraction de main d’œuvre à l’échelle de la grande Europe et au-delà.

L’Alsace attire les jeunes. Villes et villages conservent une démographie dynamique, combinant l’arrivée de jeunes dans les agglomérations et celle de retraités dans les villages. Ces derniers prennent de l’importance, en particulier, dans la montagne. Le solde régional est cependant légèrement négatif pour les anciens : l’Alsace fait partie de cette France du nord et des grosses agglomérations que certains quittent pour partir plus au sud ou à l’ouest après leur vie active.

Les pôles touristiques sont très prisés par les européens du nord, en particulier pour les congés courts : côte viticole, agglomérations, montagne vosgienne.

Le pays rhénan reçoit de nombreux visiteurs. La région étant un gros pôle économique et politique, beaucoup de ces « touristes » viennent pour affaire, comme congressistes scientifiques ou diplomatiques, en particulier à Strasbourg. Cela explique peut-être la forte croissance des visiteurs russes et chinois. La majorité des touristes restent les voisins allemands, suisses, français.
Cette activité considérable est un atout majeur pour l’ensemble des activités touristiques.

Chaque pôle urbain a sa dynamique

JPEG - 315.2 ko
Diagnostic des espaces ruraux , Rapport CESAER IGN-INSEE-DGI 2005

Saint Louis / Bâle, Mulhouse, Colmar, Strasbourg, Haguenau. Ces cinq villes alsaciennes sont des centres d’agglomération ; la ville centre dépasse 20000 habitants et leur aire urbaine dépasse 60000 habitants. Quelques pôles secondaires se détachent également : Sélestat, Saverne, Wissembourg.
Les pôles urbains précédents se retrouvent comme pôles d’attraction à l’exception de Haguenau et, parmi les pôles secondaires, Wissembourg.
Les grandes agglomérations voient leur ville centre subir une déprise démographique (en bleu gris sur la carte) qui contraste avec un secteur résidentiel attractif (en rose ou jaune). Un pôle attractif du Kochersberg sous Saverne tend à se connecter à celui de Strasbourg par la vallée de la Zorn.

JPEG - 221.5 ko
Carte des densités de population. INSEE. On distingue clairement les grands pôles, du sud au nord : Saint Louis et l’axe de Bâle, Mulhouse et le piémont de Cernay-Thann, Colmar, Strasbourg et sa grande couronne, Haguenau. Quelques pôles secondaires se détachent : Sélestat, Saverne, Wissembourg.
JPEG - 524.9 ko
Colmar évolution de l’occupation du sol entre 1800 et 2000
Colmar était contenue en 1800 : côté piémont par une ceinture maraîchère et par le vignoble (vert clair, au nord), côté plaine par les terrains inondables de l’Ill (en blanc). Depuis 1970, La zone maraîchère a été entièrement urbanisée, la zone viticole résiste tandis que les terrains inondables ont été remblayés, assainis, et sont eux aussi urbanisés.
Mulhouse est une ville jeune développée avec la révolution industrielle du 19es, puis au 20e s.
Strasbourg ou Haguenau sont des villes très anciennes, dotées d’un centre historique ancien où chaque grande extension nécessite un réaménagement des espaces publics, des réseaux de transports en commun.
L’emploi et la zone d’activités
JPEG - 168.3 ko
Revenu moyen imposable
JPEG - 159.2 ko
Part des cadres dans la population de plus de 15 ans
JPEG - 173.7 ko
Part des ouvriers dans la population de plus de 15 ans

Les agglomérations concentrent, classiquement, un revenu moyen élevé, et surtout un taux élevé de cadres. La ville centre apparaît moins riche que sa couronne. Les revenus sont également élevés dans le vignoble, le Sundgau au contact de la Suisse et dans toute la bande Rhénane dont plusieurs infrastructures génèrent des pôles de revenus élevés. On distingue nettement chacun des sites de barrage : Ottmarsheim – Fessenheim – Vogelgrun au sud, Rhinau, Gambsheim, Roppenheim/Iffezheim. Noter le contraste de revenus avec les régions limitrophes Lorraines –y compris l’Alsace bossue-, Franc Comtoises. Le revenu, comme le taux d’emploi, sont nettement plus attractifs du côté Alsacien.
La population ouvrière domine dans l’ancien pays protestant – pays de Haguenau, d’Outre-Forêt et Alsace bossue- dans les vallées industrielles –Bruche, Giessen, Liepvrette, Lauch, vallées du Sud Sundgau- et dans l’ensemble des usines de la bande rhénane.
La moitié des Alsaciens travaillaient dans l’industrie depuis plus de deux siècles. Ce taux reste de 21% en 2010, contrairement au taux d’emplois agricoles qui n’est plus que de 0,8%. Les sites d’activité délaissés laissent de nombreux vestiges dans le paysage urbain (friches portuaires, anciennes industries de type manufactures dans les villes moyennes) mais également rural (fabriques et usines textile et miniers des vallées vosgiennes).

Les faubourgs s’étendent : quartiers résidentiels, logements sociaux

Jusqu’au début du XXe siècle, les seuls faubourgs sont bâtis autour des usines, des gares. A partir de 1950, l’explosion urbaine est sans précédent en Alsace.

Le Rhin comme axe principal

Les voies de circulation modernes se concentrent à proximité du Rhin

A-partir des années 1950, la domestication du Rhin libère de grands espaces pour des équipements industriels et de transport. La zone industrielle d’Ottmarsheim-Chalampé, par exemple, se développe en offrant 500ha aux portes d’une centrale électrique et une situation de nœud de transports idéale pour une base logistique. Autour de Mulhouse, les activités se développent à Petit-Landau au sud, puis Hombourg et Ottmarsheim au nord.
Si les principaux centres industriels (électricité, chimie, raffineries, automobile, à Bieshei, Ottmarscheim, Saint louis…) se déplacent hors des centres urbains et s’installent sur les bords du Rhin, c’est bien du fait d’une réelle politique d’infrastructures à l’échelle nationale voir européenne. A partir des années 1950, les pouvoirs publics aménagent à grande échelle (on voit grand et loin…). Ainsi, l’oléoduc sud européen permet la création des raffineries d’Herrlisheim et de Reichstett. Le projet du grand canal d’Alsace est porté afin de soutenir les échanges en vallée du Rhin. La voiture, rendue accessible à un large public, et la construction des autoroutes A36 et A4 permet de relier toujours plus vite les centres urbains entre eux. Paris n’est plus qu’à 4h30 de Strasbourg et Mulhouse à 1h30 de Strasbourg. Enfin, l’aéroport de Bâle-Mulhouse accueille ses premiers passagers en 1970 après déjà une longue histoire débutée avant même la fin du conflit mondial.

Des zones d’activité se systématisent sur les nœuds routiers aux portes des villes

En 1979, l’autoroute A36 franchit le Rhin grâce à deux ponts en poutre caisson longs de 430 mètres.
Dans l’Alsace agricole traditionnelle, la zone d’activité communale mord sur la bonne terre agricole, et parfois sur les anciennes prairies humides. Dans la plaine, l’espace disponible est beaucoup plus vaste, et jouxte plus facilement un échangeur routier.

L’équipement militaire ou industriel reconverti

Plusieurs filières qui ont récemment interrompu leur activité laissent de grands espaces à reconvertir, comme les mines de potasse autour de Mulhouse. C’est le cas également de multiples usines dans les vallées vosgiennes. Toutes ces emprises à proximité des centres urbains, constituent aujourd’hui de formidables emprises pour des projets de recomposition urbaine. Sur le canal de la Bruche par exemple, certains ponts bombardés au cours de la Seconde Guerre mondiale sont reconstruits trop bas, empêchant la navigation. Dans les années 2000, l’ancien chemin de halage est aménagé en piste cyclable (Molsheim - Allemagne). Il est très fréquenté par les promeneurs, qui y côtoient de nombreux pêcheurs.

Le contraste est-ouest

Les nouveaux alsaciens, découvrent l’Alsace avant tout par ses villes, ses grands sites touristiques.

Ces nouveaux arrivants n’ont pas vécu cette histoire, et en ont connu d’autres : européens du sud, de l’est, maghrébins, africains, sans oublier les nombreux français d’autres régions. Le défi est, une fois encore, de recroiser les itinéraires personnels et avec une certaine identité collective enracinée dans l’histoire alsacienne dont chacun ne partage qu’une partie et dans les paysages que tout le monde partage. Le contraste est très marqué à l’échelle du pays rhénan : la bande rhénane française est un « far east » en cours de colonisation par des jeunes travailleurs et leurs enfants, souvent non alsaciens. Elle « tire » la démographie de toute cette région, y compris du Bade. Toute l’agglomération de Strasbourg est incluse dans cette dynamique. Le taux de personnes âgées redevient plus habituel dans l’Alsace traditionnelle, élevé dans la montagne de retraités. A noter le contraste est très marqué entre l’ouest et l’est du Kochersberg, souvent cité sur des critères plus paysagers ou agricoles.

La résidence secondaire domine dans les Vosges

JPEG - 202.7 ko
Les résidences secondaires se concentrent sur les massifs des Vosges et du Jura
JPEG - 213.6 ko
Carte des logements vacants
Plus d’un quart des résidences sont secondaires dans les hautes vallées très touristiques de Guebwiller, de la Bruche. Ce taux se retrouve dans les vallées peu peuplées mais attractives des Vosges gréseuses, où le taux de retraités est également important. Entre Woerth et Wissembourg en particulier, les retraités représentent plus du tiers de la population.
Les logements vacants sont fréquents dans trois secteurs de la montagne, et en Alsace bossue, dans une logique commune au plateau Lorrain. La part de logements d’avant-guerre dépasse 60% dans les hautes vallées des hautes Vosges, mais il dépasse encore la moitié dans le vignoble et dans les villages traditionnels des collines de Bouxviller à Drulingen.

Les sites emblématiques des parcs régionaux

Recherchées et appréciées pour ses paysages et sa quiétude, les Hautes-Vosges sont très fréquentées. La route des crêtes, route historique construite pendant le 1er conflit mondial est devenue aujourd’hui une route touristique qui permet d’accéder avec une grande facilité à ce patrimoine naturel et à ces paysages emblématiques.
Le Ballon d’Alsace Du haut de ses 1248 mètres, par temps clair, on découvre un somptueux paysage jusqu’à la barrière enneigée des Alpes. L’histoire du Ballon d’Alsace est liée à celle de son occupation très ancienne par les pasteurs qui exploitent la montagne à la fin du Moyen-Âge. Ces derniers progressent peu à peu pour atteindre les sommets et construisent un abri fait de rondins puis une métairie près de la source de la Savoureuse. Ces hauts pâturages appartiennent alors au chapitre des Dames nobles de Masevaux qui les louent à des marcaires. La construction en 1763 de la route qui relie Lepuix-Gy à Saint-Maurice fait du Ballon un site de plus en plus fréquenté. Une auberge est ajoutée à la ferme. Après 1870 de nombreux touristes viennent voir l’Alsace annexée. Hôtels et refuges se multiplient permettant le développement d’une activité hivernale comme estivale. Aujourd’hui la fréquentation est estimée à 1 million de visiteurs par an. Le Ballon d’Alsace a été classé « grand site national ». (source PNR des ballons des Vosges)

L’Alsace au centre d’un « eurodistrict »

Comme dans chaque période de répit, les dynamiques transfrontalières reprennent vigoureusement : dans l’économie, mais aussi dans la culture.

L’Alsace se mobilise fortement depuis 1955 dans les dynamiques transfrontalières

JPEG - 1.4 Mo
Carte des espaces naturels protégés. Conférence du Rhin supérieur

L’Alsace se retrouve au cœur du « Rhin supérieur », et de l’Europe politique. Les grandes causes de mobilisation transfrontalières ne manquent pas : l’aménagement concerté du Rhin et la réconciliation franco-allemande dès les années 1950, l’œcuménisme entre catholiques et protestants dans les années 1960, les enjeux environnementaux depuis les années 1980, etc.
En Alsace, les enjeux environnementaux apparaissent importants dans la bande Rhénane, mais aussi dans les plaines du bas Rhin, en particulier liés à l’extinction du Hamster. Les espaces protégés se concentrent sur les reliques de la forêt alluviale rhénane, les grandes forêts de plaine, les hautes chaumes, les fonds de vallée des Vosges du nord.

La dynamique transfrontalière évolue vers une cogestion du territoire du « Rhin supérieur »

Cette dynamique dépasse aujourd’hui largement le militantisme de ces années d’après-guerre. La Conférence du Rhin Supérieur, créée en 1975, contribue activement à coordonner les politiques publiques de cette région, à cheval sur trois états, dans la plupart des domaines :
- L’Aménagement du territoire, les transports. La coopération a commencé dès 1946 avec la construction de l’Aéroport international Basel-Mulhouse-Freiburg, puis l’administration commune du port de Kehl en 1951.
- La Culture, la recherche industrielle et environnementale, l’éducation et la formation
- La prévention des risques et l’entraide en cas de catastrophe
- La protection de l’environnement, les choix énergétiques
- Le développement économique, l’agriculture
- L’accès à la santé, etc.