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Repères géographiques des Vosges du Nord

Relief et eau

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Vosges du Nord carte eau et relief
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Vosges du Nord bloc relief et eau
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Un relief modéré, entrecoupé de vallées
Les Vosges du Nord affectent une direction générale sud-ouest, nord-est et une longueur de 42 km à vol d’oiseau. Très rétrécies au début, elles n’atteignent qu’une largeur de 4 km à hauteur du col de Saverne, mais s’étendent sur 35 km de l’est, à l’ouest, entre Bitche et Wissembourg.
L’altitude moyenne est de 350 m. Les Vosges du nord culminent à 580 m au Grand Wintersberg, au-dessus de Niederbronn-les-Bains. Les altitudes supérieures à 500 m ne se rencontrent que dans l’extrême nord.
Les Vosges du Nord ne constituent en réalité pas une véritable montagne, mais plutôt un ancien plateau ondulé, entaillé de nombreux vallons et vallées. Ceux-ci sont assez étroits, à fond plat, mais à versants encore raides. Les pentes peuvent être fortes, les dénivellations importantes. Ces reliefs complexes induisent des expositions et des topographies variées. La présence de barres rocheuses proches des sommets est caractéristique du paysage des Vosges du Nord. Les seuils et les cols entre les vallées sont relativement bas et on ne retrouve plus de véritables cols entre l’est et l’ouest (col de Puberg, 394 m).

Des vallées très marquées
Les Vosges du Nord sont traversées par la ligne de partage des eaux entre bassin du Rhin et de la Moselle, mais cette séparation n’impose pas de véritable crête ni un relief très lisible ; mieux encore, des cours d’eau comme la Zorn et les deux Zinsel (du Nord et du Sud) prennent leurs sources sur le versant ouest, la première sur le plateau lorrain. Le sud du massif, très étroit, est un lieu de passage privilégié entre lorraine et Alsace, soit par les vallées de la Zorn (canal de la Marne au Rhin) ou de la Zinsel du Sud, soit par le col de Saverne.
Le réseau de vallées et vallons étroits entaille le vaste massif boisé des Vosges du Nord selon une orientation préférentielle Ouest-Est. Les cours d’eau y divaguent lentement dans un lit majeur souvent marécageux bordé d’aulnes et de saules. Les rivières qui prennent naissance sur le socle gréseux des Vosges du Nord, comme la Moder, le Rothbach, la Zinsel du Nord, le Falkensteinerbach ou le Schwarzbach possèdent des eaux légèrement acides et faiblement minéralisées, qui s’écoulent sans grosses variations saisonnières de débit sur des lits mineurs fortement sableux.
Les fonds de vallées gréseux des Vosges du Nord abritent de nombreuses espèces liées aux milieux aquatiques et aux zones humides (prairies, friches ou forêts alluviales). On peut y observer plus de 50 espèces animales et près de 60 espèces végétales remarquables au niveau régional, national, voire européen.
De nombreux étangs ponctuent les vallées, dont les plus anciens datent du moyen âge (exploités par les moines cisterciens) et les plus grands de la période industrielle. Des plans d’eau de plus petite taille se sont démultipliés à partir des années 1970 pour répondre à des besoins plus récréatifs.

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Les Vosges du Nord forment un massif entaillé de vallées marquées, formant d’étroits sillons. Saverne, frange ouest du massif

La roche et le sol

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Vosges du Nord carte des sols. source ARRA
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Vosges du Nord bloc roche et sol
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Les contours de l’unité délimitent assez précisément le secteur de grès rouge dit « vosgien » issu de la compaction de la mer de sable de la fin de l’ère primaire. Le grès impose ses lois austères : reliefs abrupts et éperons rocheux, affleurements, terrain plat rare, sols ingrats. Les sols sont acides, sableux, filtrants et secs dans les hauts de versant et les expositions chaudes, où seuls survivent le pin sylvestre et quelques maigres essences feuillues.
Vers l’ouest, dans les collines sous-vosgiennes ( à l’ouest d’une ligne Petite-Pierre / Volksberg/ Montbronn) le poudingue disparaît sous le grès à Voltzia, au grain plus fin et nettement moins stérile chimiquement, voire fertile lorsque apparaissent des couches marneuses ou limoneuses. Sur le plateau cependant apparaissent des poches d’engorgement temporaire où l’aulne lui-même peine à survivre.

La rupture se fait côté alsacien par la faille vosgienne où le plateau rocheux se termine par un rebord d’éperons en belvédère sur la plaine. La forêt s’y éclaircit fortement, en particulier quand le grès est coiffé du « poudingue », une plaque dure atteignant 20 m d’épaisseur riche en galets de quartz blanc qui génère des falaises et des ravins. L’érosion a rongé les couches les plus tendres, laissant apparaitre les parties les plus dures, sous forme de rochers abrupts aux formes parfois surprenantes. Ils sont régulièrement couronnés de ruines de châteaux forts qui sont très nombreux entre Oberbronn et la frontière allemande.
Du côté lorrain, un faisceau de vallons draine vers l’ouest, jalonnés de petits villages agricoles dès que la plaque de grès s’enfonce sous la couverture de marnes triasiques.

Les vallées anciennes se creusent vers le nord jusqu’à l’émergence des Alpes. A-partir de l’effondrement du socle et de la fracture de cette plaque de grès, il y a 340 000 ans, les ruisseaux travaillent vers l’est. Il en résulte un labyrinthe de vallées sinueuses, particulièrement encaissées dans le nord de l’unité.

Agriculture

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Vosges du Nord carte agriculture
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Vosges du Nord bloc terre
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L’agriculture, opulente dans la plaine, reste assez ténue dans les Vosges du Nord. Une agriculture de subsistance était présente dans les fonds de vallées, jusqu’à la deuxième moitié du 20e siècle. Des exploitations de doubles actifs (ouvriers / paysans) ont mis en place des systèmes de prairies à dos (système d’irrigation / drainage) qui ont permis d’exploiter des terrains très humides et ont contribué à l’ouverture des fonds de vallées. Leur structure est encore visible à certains endroits. Dans les années 1950 une forte déprise agricole est intervenue. Les petites parcelles humides de fond de vallée, les parcelles trop pentues ou sur sol sableux pauvre ont été replantées massivement en épicéas ou ont été abandonnés brutalement, laissant place à une dynamique naturelle d’enfrichement. Beaucoup de ces boisements de conifères mal adaptés au milieu naturel ont été largement décimés par les ouragans de 1990 et 1999.
Aujourd’hui les prairies se maintiennent autour des villages mais les vallées ont perdu le cordon de prés humides qui serpentait dans le fond de vallée, donnant une lisibilité à celles-ci. Sur la frange ouest, les sols plus riches permettent le maintien de l’agriculture sur les replats autour de villages perchés (Eschbourg, Hinsbourg, Puberg, Volksberg …)

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L’agriculture ne gère plus que très peu d’espaces dans les Vosges du Nord. Elle se maintient difficilement dans les fonds de vallée, mais résiste mieux sur les sols plus riches de la frange ouest du massif. Hinsbourg

Forêt

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Vosges du Nord carte forêt
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Vosges du Nord bloc arbre
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La couverture forestière est extrêmement élevée dans les Vosges du nord avec plus de 80% de la superficie. 60 % des forêts sont domaniales, 25 % communales et 15 % privées.
Ces forêts sont composées essentiellement de Hêtre (51%), de pins sylvestres (20%) et de chênes (16%). La hêtraie représente la formation forestière en équilibre avec le climat dans les basses Vosges gréseuses (à l’est d’une ligne Petite-Pierre / Volksberg/ Montbronn). C’est la hêtraie-chênaie charmaie dans les collines sous-vosgiennes à l’ouest (à l’ouest d’une ligne Petite-Pierre / Volksberg/ Montbronn).
On retrouve le pin sylvestre ou le chêne sessile sur les barres rocheuses et les sols filtrants, le pin sylvestre ou l’aulne dans les stations tourbeuses ou marécageuses, l’aulne, le frêne et le chêne pédonculé dans les stations alluviales, le frêne, l’érable sycomore et l’orme dans les ravins encaissés.
Les forêts humides qui occupent les vallées principales sont composées d’aulnes glutineux qui sont remplacés, en tête de bassin, par des bouleaux quand les sols deviennent plus acides (forêts tourbeuses).
Le pin sylvestre a été très largement favorisé dès le 18e siècle. L’épicéa, le douglas et le mélèze ont été introduits. Le sapin blanc peut se rencontrer sur des versants nord exposés à une humidité atmosphérique (vallée de la Zinsel du Sud). L’exploitation de la forêt a conduit à l’introduction d’une forte proportion de résineux, représentant jusqu’à un tiers des peuplements, parfois de manière hétérogène en mélange, mais le plus souvent de façon mono-spécifique. Ce mode de sylviculture impacte fortement le paysage.
L’histoire de cette région explique cette situation car les forêts ont longtemps été utilisées pour les besoins, alors prioritaires, de l’industrie : verreries, métallurgie, mines. Le patrimoine naturel a subi les conséquences de cette exploitation passée. Les forêts des Vosges du Nord ont un passé industriel important et une vocation économique marquée (qui expliquent leur état écologique actuel). L’analyse des critères de naturalité montre : une modification de la composition en essences avec 11 % d’essences allochtones, un rajeunissement des forêts avec 9 % seulement de peuplements mûrs (dominés par des arbres de plus de 50 cm de diamètre), une structure dominante en futaie régulière représentant 72 % des peuplements.

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La forêt occupe 80% des Vosges du Nord. Saverne

Urbanisme

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Vosges du Nord carte urbanisation
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Vosges du Nord bloc pierre
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Les Vosges du Nord alsaciennes ne possèdent pas de véritables villes, les principales agglomérations se situent sur les piémonts essentiellement à l’est, au débouché des vallées. Elles constituent des bourgs importants dont la population est comprise entre 4000 et 10 000 habitants. Par comparaison avec ces villes du piémont, les Vosges du nord alsaciennes forment un contraste saisissant avec des villages peu nombreux, espacés de 3 à 6 km les uns des autres, où seuls trois bourgs dépassent les 1000 habitants : Lembach, Wimmeau et Wingen-sur-Moder.
Deux typologies d’implantation urbaines sont observables : les villages de vallée et les villages perchés. Les villages de vallée sont les plus fréquents et reflètent l’importance de l’accès à l’eau potable ou comme source d’énergie. Les villages perchés s’observent majoritairement sur la bordure ouest des Vosges du nord : Eschbourg, Hinsbourg, Puberg, Volksberg. Ils sont dus à la richesse agronomique particulière des sols des hauts du plateau vosgien de ce secteur. Il faut bien sûr y ajouter des sites défensifs comme la Petite-Pierre ou Lichtenberg.
L’architecture des Vosges du Nord reflète une convergence d’influences des cultures architecturales, venues de la plaine d’Alsace et de Lorraine, qui voit dominer un modèle de maison bloc lorrain à l’ouest et le modèle de maison cour alsacien sur l’est.

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Les deux typologies d’implantations urbaines des Vosges du Nord : les villages de vallée et les villages perchés. Eschbourg