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Pourquoi un atlas des paysages alsaciens

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Une démarche nationale

La démarche de réalisation des atlas de paysages s’inscrit dans le cadre d’une politique nationale. La loi “Paysage” du 8 janvier 1993, puis celle du 2 janvier 1995 relative au renforcement de la protection de l’environnement, invitent les services de l’Etat et les collectivités territoriales à intégrer la qualité du paysage et sa préservation dans les politiques publiques d’aménagement.

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Dans sa séance inaugurale, le Conseil National du Paysage du 28 mai 2001 précise : “les DIREN (devenues depuis les DREAL) réalisent avec les collectivités territoriales et les autres services de l’Etat des atlas de paysages, documents de référence partagée sur les paysages, qui couvriront l’ensemble du territoire.”
Enfin, l’application de la Convention européenne du paysage en France depuis le 1er juillet 2006 implique également la mise en œuvre de cette démarche spécifique à l’échelle des régions et départements français.
« En mobilisant les acteurs conformément à l’article 5.c de la Convention européenne du paysage et en vue d’une meilleure connaissance de ses paysages, chaque partie s’engage :
- à identifier ses propres paysages, sur l’ensemble de son territoire ;
- à analyser leurs caractéristiques ainsi que les dynamiques et les pressions qui les modifient ;
- à en suivre les transformations ;
- à qualifier les paysages identifiés en tenant compte des valeurs particulières qui leurs sont attribuées par les acteurs et les populations concernées.”
Le paysage y est défini comme une : “partie de territoire, telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et /ou humains et de leur interrelations.”


En tant qu’expression de la Convention, l’atlas des paysages alsaciens dresse un état des lieux partagé des réalités géographiques, des perceptions sociales et des dynamiques paysagères de la région. Il précise quelles sont les pressions qui s’exercent sur les paysages et quels sont les enjeux de paysages de la région. Il a été élaboré en concertation avec les principaux acteurs du paysage. Qu’il s’agisse de paysages emblématiques ou de paysages plus quotidiens, une même attention est apportée à l’ensemble du territoire alsacien. Et, en s’affranchissant des limites administratives, l’atlas met en évidence leurs caractères, leur singularité, leurs points forts, leurs points faibles, leurs vocations, leurs évolutions.

Pourquoi un atlas régional des paysages

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Les atlas de paysages réalisés sur les territoires voisins de l’Alsace

Au 1er juin 2009, on pouvait compter en France 8 atlas régionaux et 69 atlas départementaux, dont certains concernant des territoires limitrophes à l’Alsace : en Franche-Comté, l’atlas des paysages régional a été publié en 2000 ; en Lorraine, l’atlas du département des Vosges a été publié en 2007, celui de la Meurthe-et-Moselle a été publié en 2013.
L’Alsace ne bénéficiait pas encore d’une étude à une telle échelle. Les études thématiques menées concernaient de vastes parties du territoire alsacien, notamment celles conduites par le paysagiste Jacques Sgard dans les années 1980 et 1990, mais elles n’embrassaient pas l’échelle régionale. D’autres études infrarégionales sont en cours, comme l’établissement du référentiel paysager départemental par le Conseil Général du Bas-Rhin engagé depuis 2008, déterminant 19 entités paysagères départementales et devant s’achever en 2013. Ou encore les GERPLAN, politique d’aménagement des territoires développée par le département du Haut-Rhin depuis 2000 à l’échelle des communautés de communes.

Cependant, la structuration géographique de la région par bandes orientées Nord-Sud renforce la nécessité d’appuyer l’approche interdépartementale et transfrontalière dans les démarches de planification et les outils d’aménagement. Un consensus entre acteurs existe sur le fait que l’atlas doit privilégier une entrée régionale, ouverte sur les territoires limitrophes, la Lorraine, la Franche-Comté, l’Allemagne et la Suisse, avec lesquelles elle partage les paysages des Vosges et de la vallée du Rhin.

Cette échelle répond également à la demande sociale de paysage. En effet, aux yeux de la population alsacienne et à ceux des visiteurs, l’Alsace possède une identité culturelle forte, ancrée dans ses paysages ; elle représente un lieu d’habitation et de villégiature de choix parmi les destinations répondant à des valeurs qualitatives exemplaires en matière de culture, de paysage, d’histoire. La qualité des paysages est perçue comme un atout pour le développement économique, l’attractivité touristique, la valorisation des territoires et du développement local.
Ces paysages identitaires ne sont pas que des images d’Epinal ; ils se transforment sous l’effet de plusieurs pressions, les plus immédiatement visibles étant l’urbanisation et le développement économique : 800 à 1000 hectares de terres agricoles disparaissent chaque année en Alsace au profit de l’urbanisation, ce qui fait de l’Alsace la région française la plus touchée par ce phénomène après l’Ile-de-France. Au niveau de la planification, l’étude des Schémas de Cohérence Territoriale, des projets d’infrastructures, des projets éoliens nécessitent une appréhension régionale des enjeux paysagers alsaciens.

L’identification et la compréhension des dynamiques de transformation des paysages fait partie du préalable nécessaire pour une politique éclairée du paysage, de protection, de gestion et d’aménagement à la hauteur de la valeur patrimoniale de ces territoires.
Pour ces raisons, cette compréhension trouve sa juste mesure à l’échelle régionale.

Objectifs de l’atlas des paysages alsaciens

● Pour l’état : L’atlas est un outil de travail au service des différentes politiques d’aménagement du territoire qui placent le paysage au cœur des préoccupations des services de l’Etat et qui visent un développement durable. En tant que référence commune, il permet de fournir les éléments d’analyse et d’enjeux dans les porter à connaissance, dans le suivi d’élaboration ou d’application des documents d’urbanisme et des projets d’infrastructures, dans l’élaboration de schémas régionaux ou orientations régionales.

● Pour les collectivités territoriales : la prise en compte du paysage contribue à construire un projet global de développement, à favoriser l’approche intercommunale, et à inscrire les projets dans une logique de développement équilibré, cohérent et soucieux de l’environnement.

● Pour les acteurs locaux, une culture partagée du paysage permet de disposer d’une référence commune et induit une approche transversale, pluridisciplinaire et solidaire de son territoire. Chaque acteur est dès lors garant de sa qualité et le partenariat en sera facilité.

● Pour les bureaux d’étude et les professionnels de l’aménagement du territoire, l’atlas constitue un fonds de connaissance précieux pour le travail d’élaboration des documents d’urbanisme, et de tout projet d’aménagement.

● Pour les territoires eux-mêmes, la prise en compte du paysage accompagne et favorise l’émergence de projets de territoires cohérents, à la croisée des interventions géographiques, culturelles, économiques et sociales.

L’atlas des paysages alsaciens constitue :
– un outil de connaissance et d’aide à la décision,
– une démarche de partenariat et de concertation entre les différents acteurs de l’aménagement.

L’atlas s’adresse aux décideurs locaux et aux élus, de l’Etat, de la Région, des Départements et des différentes structures concernées par l’aménagement. Il doit répondre aux finalités suivantes :

Connaître pour mieux comprendre

➔ Comprendre les fondements et le fonctionnement de ces paysages,
➔ Identifier et caractériser les unités de paysages de la région,
➔ Mettre en évidence les tendances d’évolution des éléments et des structures paysagères,
➔ Poser les enjeux en matière de protection de gestion et d’aménagement des paysages.
➔ Regrouper les connaissances et les informations sur les paysages, les mettre à jour et les synthétiser sous une même approche.

Connaître pour mieux communiquer

➔ Faire émerger une culture paysagère commune à tous les acteurs de l’aménagement en constituant un document de référence, qui souligne l’opportunité d’une approche globale du paysage comme composante essentielle de l’aménagement du territoire,

Connaître pour mieux agir

➔ Mettre à la disposition des acteurs de l’aménagement un outil d’aide à la décision qui identifie des territoires de projet, présentant une cohérence paysagère, et qui permette d’argumenter les démarches de planification territoriale et les projets d’aménagement.