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Les mots du paysage

Aire de covisibilité

Une aire de covisibilité est une portion de paysage que le regard peut découvrir dans son ensemble depuis plusieurs points répartis de part et d’autre de l’aire. La présence d’une telle aire permet de lire et de comprendre aisément l’organisation du paysage, ce qui donne souvent une grande force au paysage ainsi perçu. Mais elle implique aussi la nécessité d’une vigilance accrue, car le paysage étant vu depuis plusieurs endroits de façon globale, il devient très sensible à tout changement d’affectation du sol (culture, boisement, construction), ou à toute modification dans la gestion du territoire.

Covisibilité

Etym. : voir ensemble. De manière générale, la covisibilité désigne deux éléments ( monument, élément de paysage...) mis en relation par un même regard, l’un étant visible à partir de l’autre, ou les deux pouvant être embrassés par un même regard. La notion peut s’appliquer aux deux versants d’une vallée ou entre un projet de construction et un monument ou un bourg par exemple.

Echelle

Pour évaluer la dimension d’un paysage, le cerveau se réfère à des éléments qu’il connaît bien. Ainsi les habitations, les arbres et l’emprise d’un chemin de halage permettront de reconnaître que cette vallée est de modeste dimension. L’estimation de « l’échelle d’un paysage » est importante, car elle permet ensuite de proposer des équipements qui ne doivent être ni démesurés ni mesquins. Le respect du rapport d’échelle entre éléments d’un paysage est une condition de son bon « équilibre visuel ». (source : « Rivières et paysages » Marie-France Dupuis-Tate et Bernard Fischesser)

Eléments de paysage

Objets matériels composant les structures (bâtiment, arbre isolé...). Ils possèdent des caractéristiques paysagères, c’est-à-dire qu’ils sont perçus non seulement à travers leur matérialité, mais aussi à travers des filtres historiques, naturalistes, sociaux.
Elément simple du paysage participant à la composition et à l’identité des paysages. Les éléments peuvent être de nature agricole (le verger, l’arbre isolé, la rangée de fruitiers…), bâtie (le clocher, le mur de pierre, la place, l’entrée…), hydraulique (le ruisseau, le canal…), forestière (le petit bois, la coupe…) ou liées aux circulations (la route en belvédère, la piste forestière, le sentier…).

Ligne de force

Elément prépondérant qui a une échelle suffisante pour marquer le paysage, être identifiable visuellement, donc reconnu. Il peut ainsi s’agir d’un coteau, d’un front boisé, d’un fleuve ou d’une infrastructure importante... Les lignes de force du paysage conduisent le regard, ces lignes sont les premières que nous suivons des yeux quand nous regardons un paysage. Les repérer est important car elles structurent la perception du paysage et doivent être prise en compte dans tout projet d’aménagement du territoire, afin de ne pas les contrarier mais, au contraire, de se caler sur elles et de renforcer ainsi la lisibilité du paysage.

Lisibilité

Pouvoir appréhender facilement l’organisation d’un paysage permet d’en garder une image forte et plaisante. Et cela tient tout à la fois à l’existence de points de repère qui permettent de bien s’y situer à tout moment, au regroupement en un nombre limité d’ensembles d’éléments visuels par effet de ressemblance (alignement d’arbres, regroupement d’habitations de couleurs et de formes similaires, types de cultures ...) et, mais cela est plus subtil, d’une relation logique entre l’organisation perçue de ce paysage et son contexte naturel et social.
Ce concept de lisibilité qui, finalement, traduit un certain sentiment de confort visuel chez l’observateur d’un paysage peut être un guide précieux pour le paysagiste qui souhaite affirmer « l’identité » d’un paysage et la cohérence de ses ambiances. (Source :« Rivières et paysages » Marie-France Dupuis-Tate et Bernard Fischesser)

Patrimoine

Ce qui est considéré comme un bien propre, une richesse. Ce qui est considéré comme l’héritage commun d’un groupe » (source : Larousse, 2013). Les paysages patrimoniaux, sont les parties de territoire possédant une grande valeur, de par leurs qualités propres ou par les représentations, historiques, culturelles, sociales, qui leur sont attachées.

Paysage

Le paysage est tout d’abord un genre artistique, apparu à la Renaissance : « la vue de paysage ». C’est, en 1690, « l’aspect d’un pays, le territoire jusqu’où la vue peut porter ». Trois siècles plus tard, le mot exprime toujours la perception qu’a l’homme de son espace de vie.
Étym. : ce que l’on voit du pays, d’après le mot italien paesaggio, apparu à propos de peinture pendant la Renaissance ; ce que l’œil embrasse... d’un seul coup d’œil, le champ du regard. Le paysage est donc une apparence et une représentation : un arrangement d’objets visibles perçu par un sujet à travers ses propres filtres, ses propres humeurs, ses propres fins (…). Il n’est de paysage que perçu. Certains de ses éléments n’ont pas attendu l’humanité pour exister ; mais s’ils composent un paysage, c’est à la condition qu’on les regarde. » ( Source : Roger Brunet « Les mots de la géographie »)
« Partie du territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et ou humains et de leurs interrelations. Le paysage participe de manière importante à l’intérêt général, sur les plans culturel, écologique, environnemental et social,(…) il constitue une ressource favorable à l’activité économique, dont une protection, une gestion, et un aménagement appropriés peuvent contribuer à la création d’emploi. (…)Le paysage concourt à l’élaboration des cultures locales(…) il représente une composante fondamentale du patrimoine culturel et naturel de l’Europe, contribuant à l’épanouissement des êtres humains et à la consolidation de l’identité européenne.(...) Le paysage est partout un élément important de la qualité de vie des populations : dans les milieux urbains et dans les campagnes, dans les territoires dégradés comme dans ceux de grande qualité, dans les espaces remarquables comme dans ceux du quotidien. » (source : Convention européenne du paysage)

Perception (distance de perception)

Action de percevoir par les organes des sens. Idée, compréhension plus ou moins nette de quelque chose. (Source : Larousse, 2013)

Prégnance

Qualité de ce qui est prégnant. Qui s’impose à l’esprit, qui produit une forte impression, qui s’impose fortement » (Source : Larousse, 2013). En matière de paysage, est prégnant un élément s’imposant fortement aux autres éléments de paysage en place, de nature à perturber leur lisibilité ou à les concurrencer.

Rupture

Limite réduite formant une frontière brusque entre deux unités paysagères. Passage soudain d’une unité paysagère à une autre.

Sous-unité paysagère

Sous-division d’une unité paysagère, présentant des caractéristiques paysagères propres qui l’individualisent au sein d’un ensemble reconnu, constitué par l’unité paysagère.

Transition

Portion de territoire mettant en relation plusieurs unités paysagères. Une transition, à une échelle donnée, est caractérisée par une modification progressive des caractéristiques des deux unités paysagères, au fur et à mesure que l’on progresse vers l’une ou l’autre.

Unité paysagère

A une échelle d’analyse donnée, portion d’un territoire présentant des caractéristiques paysagères distinctes découlant de la perception, de l’organisation et de l’évolution des éléments suivants : morphologie, relief, occupation des sols, organisation du bâti, nature et qualité des horizons, organisation du réseau hydrographique, … etc. Celles-ci l’identifient et le différencient des unités paysagères contiguës. A l’intérieur d’une unité, des territoires hétérogènes peuvent être réunis, tant qu’ils respectent les caractéristiques principales de l’unité. Cette portion d’un territoire distinct correspond à un premier niveau de subdivision d’un territoire d’étude. Dans les Atlas de paysages, les unités paysagères sont identifiées à l’échelle du 1/100 000.