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Portrait de l’Outre-Forêt
LIMITES
Au nord
La Lauter passant dans la Forêt de Bienwald marque une limite nette aux paysages agricoles de l’Outre Forêt.
A l’est
Une fois l’autoroute franchie, les reliefs des collines s’interrompent par une courte marche, pour laisser place à un paysage de ried alternant terres inondables, boisements alluviaux, gravières et zones d’activité jusqu’au Rhin.
Au sud
Les vallées à font plat de la Sauer et du Seltzbach, appuyées sur la lisière de la forêt de Haguenau, constituent une limite aux collines cultivées de l’Outre Forêt.
A l’ouest
Le front des montagnes Vosgiennes se dresse au loin. La plus forte présence des boisements et le relief plus affirmé, sculpté par les vallons orientés nord/ouest- sud/est, indiquent le début du Piémont nord.
PORTRAIT SENSIBLE
Deux lisières boisées qui marquent l’horizon au nord et au sud
L’Outre Forêt, se situe au nord de la forêt de Haguenau. Comme son nom alsacien Unteremwàld le suggère, elle se trouve « sous forêts » soit par rapport au sens d’écoulement du Rhin au-delà de la forêt de Haguenau. Les rivières de la Sauer et de Seltzbach et leurs vallées évasées peu prononcées, longent la forêt de Haguenau, par endroit avec une rive sud complètement boisée. Le front boisé forme une limite nette annoncée par un fond de vallée plat qui lui effectue une transition. Au nord, à la frontière avec l’Allemagne, le contraste de la lisière boisée est légèrement atténué par le relief qui devient presque plat malgré la présence de la Lauter qui n’affirme pas une vallée.
Des transitions guidées par le relief à l’est et à l’ouest
En direction du Ried Nord et du Rhin, le relief de collines s’estompe petit à petit, pour laisser place au paysage plus complexe des rieds (culture, forêt alluviale, étangs) ponctués de gravières et d’industries.
En direction du Piémont Nord, aux environs de la RD 263, le paysage change d’ambiance. La ligne de force du relief vosgien s’impose dans un horizon proche. Les collines de grandes cultures laissent place à un paysage plus varié avec des boisements. Le relief s’accentue et les vallées deviennent parallèles et d’orientations nord/ouest-sud/est.
Un paysage de collines modulant les horizons
Le relief de collines forme un jeu d’amples ondulations et de vis à vis qui constitue un des charmes de ce paysage ouvert. Le regard perçoit bien souvent un premier plan sur un petit versant et en même temps un horizon bien plus lointain. Ces petites crêtes successives offrent des points en léger belvédère qui permettent parfois de découvrir une vue dans l’axe d’un fond de vallon. De place en place, les mêmes perceptions se retrouvent, avec quelques variations. Cela est dû en partie au réseau de vallons réguliers, orientés nord/sud pour les plus petits et est-ouest pour les plus importants au sud de l’unité. Les vallées peu marquées restent pourtant peu lisibles et le relief se perçoit plutôt comme un paysage collinaire.
Une perception homogène et unitaire
Les paysages de l’Outre Forêt donnent une impression d’unité maîtrisée avec la forte présence des grandes cultures. Celles-ci constituent des parcelles de tailles moyennes et prennent souvent une forme en lanière. Ce dessin caractéristique des parcelles est souligné par le vallonnement du relief qui les met en scène, créant une perception remarquable en Alsace.
L’eau présente mais discrète
Globalement, l’eau n’est guère perceptible dans ces paysages ouverts. Certaines petites vallées sont accompagnées d’un cordon de prairies et d’une fine ripisylve parfois discontinue, d’autres vallons asséchés une partie de l’année ne sont soulignés d’aucune végétation. L’eau n’est souvent visible qu’au moment de sa traversée. La vallée de Hausauerbach fait figure d’exception par son fond refermé par endroit par la végétation et des versants boisés. Il en est de même avec la Lauter qui passe complètement dans la forêt ou bien encore la Sauer longeant la forêt de Haguenau.
Une présence arborée ténue mais marquante
Mis à part la forte présence des lisières boisées au nord et au sud, l’arbre n’est présent que ponctuellement dans l’Outre Forêt. Les arbres isolés jalonnent les étendues vallonnées des cultures. Quelques bosquets ou parcelles boisées apportent un contraste ponctuel dans les vallons. Parfois une haie replantée souligne un chemin ou un fond. Quelques fruitiers isolés ou en lignes animent aussi l’espace aux abords des villages. Des arbres d’alignement le long de certaines routes accompagnent le visiteur. Ailleurs des platanes imposants, accompagnant un banc napoléonien ou un calvaire, constituent un repère fort. Ce vocabulaire arboré, même si il est parcimonieux, prend toute sa signification dans la perception de ces paysages dénudés.
LES PAYSAGES URBAINS DE L’OUTRE FORET
Des villages circonscrits
Les villages ponctuent les paysages agricoles vallonnés de l’Outre-Forêt tous les deux ou trois kilomètres. Ils sont majoritairement implantés sur les pentes et dans les fonds de vallons. Depuis certaines crêtes, il est possible d’en voir plusieurs, dont les clochers, deux par villages, se répondent entre eux. A leurs abords l’ambiance change, le parcellaire est de taille plus petite et dans certains cas une transition de petits prés et vergers prend place, donnant un caractère plus intime aux lieux.
Des villages étirés aux formes préservées
Les villages, souvent de type village-rue, s’étirent aux creux des vallons à proximité du point d’eau. La rue principale du bourg, qui longe la vallée sur les premières pentes, dessert les parcelles qui s’implantent perpendiculairement, dans la même logique de fines lanières que le parcellaire agricole. De la géographie à l’implantation des constructions, toutes les échelles s’emboitent, ce qui témoigne d’un lien préservé entre le monde paysan et la culture villageoise.
Le tour de village, chemin longeant les vergers à l’arrière des habitations et marquant la transition avec les grandes parcelles cultivées, participe également de la lecture de la forme générale du village. Ceci est particulièrement visible lorsque l’on observe les villages au Nord, longeant la RD244. Ainsi, le village de Schleithal offre une étonnante lecture de sa forme urbaine.
La rue – colonne vertébrale du village
Le parcellaire en lanière – une continuité de la trame agricole dans le village
Le bâti- Des fermes avec pignons sur rue, une cour organisée dans la profondeur.
- Buhl – un village rue au croisement de deux voies principales – une forme urbaine groupée le long des axes
- fond photo aérienne Géoportail
Certains villages s’implantent à la croisée de plusieurs routes. On parle alors de « villages-tas ». De formes moins étirées, ces villages s’organisent à partir d’un carrefour le long des rues principales suivant les mêmes ressentis que précédemment. C’est le cas par exemple pour le village de Niederroedern ou de son voisin Buhl à l’articulation entre la RD 52 et la RD104.
Des constructions orientées qui cadrent la rue
L’architecture singulière des constructions à colombages sur sous-bassement empierré marque le paysage de la rue par la succession de pignons la bordant. Les bâtiments composent un front bâti dense aligné sur la rue. L’architecture des maisons à colombages, originaire du Danube, est remarquablement conservée avec ses poutres noires sur un crépi blanc, caractéristique de l’Outre Forêt. L’organisation dense des fermes anciennes en pignon sur rue, offre une impression d’ordre, souligné par la géométrie des façades aux bois sombres et aux crépis blancs.
A Schleithal, Depuis la rue, l’organisation des fermes anciennes en pignon sur rue, offre une très grande homogénéité de volumes et d’alignement malgré la discontinuité du front bâti. Face à la rue, le pignon constitue l’élément le plus visible de la maison qui peut comprendre 2 ou 3 étages, souligné par sa façade aux bois sombres et aux enduits blancs. La succession des pignons créée une atmosphère singulière dans laquelle les toitures ont une forte présence visuelle.
A Hoffen, la perspective, tenue par la répétition des pignons de la rue et accentuée par la sinuosité de cette dernière, renforce la verticalité des constructions. Cette impression est également due à la proportion du carré établi par les 2 côtés opposés que sont les hauteurs des habitations, et un troisième côté étant la largeur de la rue (l’espace ouvert formé par l’espace public et le recul des constructions). Le carré devient réalité si l’on considère que le quatrième et dernier côté est formé en reliant l’extrémité des faîtières des constructions se faisant face de part et d’autre de la rue.
Des volumes composés qui profitent de la profondeur de la parcelle
L’ensemble des constructions d’une même parcelle s’organise dans la profondeur de la parcelle formant une cour ouverte sur la rue et fermée à l’équerre par les annexes liées à l’exploitation agricole.
Les bâtiments d’exploitation, d’aspects et de volumes imposants, s’orientent dans la longueur de la parcelle, la façade-pignon se trouvant perpendiculairement à la rue. Ils circonscrivent alors une cour le plus souvent ouverte ; un jardin potager occupe parfois l’un des côtés.
La rue, espace public issu des formes bâties
L’espace public fédérateur du village n’est autre que la rue, les places peu importantes ne structurent pas les villages. La végétation des cours et des petits jardins d’agrément devant le pignon de l’habitation, apporte un contrepoint végétal à l’espace plutôt minéral de la rue.
LES ELEMENTS DU PAYSAGE
Les éléments liés à l’eau
Le fond de vallon humideMême si l’eau n’est pas visible, la végétation (phragmite, petite ripisylve) en révèle la présence. Le cours d’eau peut être un fossé ou un petit ruisseau enserré dans les cultures, ou bien accompagné d’un cordon de prairie et d’un chemin. |
Les éléments liés à l’agriculture
Le parcellaire en lanièreC’est une des grandes particularités de l’Outre Forêt. L’agencement des parcelles allongées qui suivent les pentes, révélées par un relief ondulé, crée des effets graphiques très visuels. |
Le cheminDans ces paysages ouverts, le chemin au creux du vallon, offre une approche des lieux, souvent plus intime, en tout cas différentes des vues depuis les routes qui empruntent plutôt les hauteurs. Les arbres, les haies ou les cordons de prairies qui le côtoient lui apportent un charme incontestable. |
Le cordon de prairieLa présence des prairies dans le creux du vallon offre un contrepoint intéressant aux parcelles de grandes cultures sur les pentes. Autrefois très présentes, elles tendent à disparaître. Leur présence souligne le tracé des vallons. |
L’arbre isoléDans ces paysages ouverts et nus, l’arbre isolé prend par contraste une grande valeur. Il ponctue les grandes étendues de culture, apportant de petits points focaux qui donnent des jalons dans le paysage et ainsi une certaine diversité. Ils personnifient l’espace, on s’y attache, ils donnent un but de promenade. |
Les éléments liés à la route
La route en crêteDans ce paysage vallonné, la route en points hauts offre de nombreux points en légers belvédères qui permettent d’appréhender les paysages de l’Outre Forêt. Elle peut donner accès à des points d’arrêts pour profiter de simples panoramas. |
L’alignement d’arbresIl ne s’agit pas ici de grands arbres d’alignements, mais souvent de fruitiers plus petits, accompagnant des itinéraires circonscrits. Ils encadrent ainsi des routes de moyenne importance, révélant les tracés de loin. |
Le calvaireSouvent réduit à sa plus simple expression, c’est un petit patrimoine qui jalonne les routes et les chemins. Parfois accompagné d’un ou plusieurs arbres, il apporte une diversité dans les déplacements. |
Le banc napoléonien et ses arbresDeux imposants platanes ou tilleuls centenaires se remarquent de loin dans ces paysages ouverts. A leur pied, entre eux deux, se trouve un petit édifice en grès. Installé pendant la période napoléonienne, ce banc reposoir, permettait aux paysans de faire une halte en chemin et de soutenir leur charge. |
Les éléments liés au bâti
Le tour de village plantéConstitué de prairies, de vergers, de haies, de jardins ou de petits bosquets, ce tour de village planté constitue une transition entre les grandes cultures et les constructions. Cet écrin arboré participe au cadre de vie agréable des habitants. |
Le village et ses deux clochersA la faveur du relief, l’aspect groupé des villages est bien visible. Les deux clochers du temple et de l’église émergent des constructions et jouent un rôle de signal. Cette perception se retrouve de place en place à travers l’Outre Forêt. |
La ferme avec pignon sur rueLe bâti ancien, constitué de fermes orientées perpendiculairement à la rue avec le pignon contre la rue, donne un aspect rigoureux et ordonné au centre des villages. |
Le silo et le hangarCe paysage de grandes cultures contient bien-sûr différents bâtiments liés à l’exploitation agricole. Hangars et silos s’affichent avec une grande visibilité dans ces paysages ouverts. Ce sont les seules constructions isolées dans l’Outre Forêt. |
Le lotissementLe développement récent des villages a entrainé la construction de lotissements en périphérie des villages. Les formes, les matériaux, ou encore les rues offrent une toute autre ambiance, plus standard, par rapport au centre tout proche. Le tour de village planté n’existe alors plus. |