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Strasbourg, une politique urbaine ambitieuse

Par son histoire, la ville de Strasbourg se distingue comme précurseur de la vision paysagère dans l’aménagement urbain. L’ensemble des projets urbains sur l’agglomération tend à intégrer « la ceinture verte » dans la trame des espaces publics de la ville.
L’agglomération de Strasbourg s’engage pour un territoire qui se développe avec ses atouts naturels. Le projet commun d’agglomération tient en trois axes de développement majeurs : d’abord militer pour le renforcement de la nature en ville (plus de 20% du territoire de la communauté urbaine et couvert par la trame verte), intensifier le cœur métropolitain ouvert sur le Rhin (construire la ville sur ses espaces délaissés en préservant les qualités paysagères de ses franges), et dynamiser des pôles urbains mixtes en périphérie de ville connectés au réseau de lignes de tramway (en tenant compte des spécificités territoriales).

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Les projets urbains entre le Heyritz et Kehl, un axe de revalorisation urbain pour l’agglomération de Strasbourg. Source strasbourg.eu

Au Sud du cœur de ville, c’est l’ensemble des terrains qui forment les abords du bras de l’Ill qui font l’objet d’un vaste projet de régénération urbaine et paysagère. Les aménagements des secteurs du Heyritz, de l’Etoile, de la RN4, des Fronts de Neudorf, du bassin portuaire, de la Porte de France et du jardin des Deux Rives constituent la colonne vertébrale du grand projet urbain d’agglomération. Ce nouvel axe urbain se veut être un des pôles majeurs d’attraction pour la ville de Strasbourg et son agglomération. Son fort potentiel foncier et son environnement privilégié (espaces verts le long du bras de l’Ill, canaux) confèrent au quartier remodelé des nombreuses opportunités pour construire la ville d’aujourd’hui.

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L’éco-quartier du Danube, de nouveaux enjeux de développement pour un site en cœur de ville : mobilité-déplacements, économie d’énergie, valorisation des ressources, densité et cadre bâti… Source strasbourg.eu, extrait des planches de concours de l’équipe Devillers Paysagistes

Le projet Danube, par exemple, se situe dans la zone de friches portuaires qui constituaient le front défensif sud de l’enceinte allemande, achevée en 1885. A partir de 1922 et jusque dans les années 1980, l’emprise des fortifications a été une zone peu ou non constructible, qualifiée de « ceinture verte », qui se trouve aujourd’hui au cœur des opérations de renouvellement urbain. De par sa dimension et son emplacement central, le quartier Danube représente un levier majeur d’une qualification urbaine du secteur de Neuhof. Il s’agit là de valoriser un quartier au bord de l’eau par la construction de plus de 600 logements ainsi que l’accueil d’activités commerciales ou de services. Les plus-values en terme de biodiversité sont apportées par la création d’un jardin en cœur de quartier ainsi que par le traitement spécifique des espaces publics (moins de sols imperméabilisé, valorisation des eaux de ruissellement, espaces partagés pour jardins en commun, hôtels à insectes…). Les constructions adoptent également un cahier des charges ambitieux (traitement spécifique des toitures pour la gestion de l’eau notamment).

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Strasbourg, piste cyclable au bord de l’Ill. La nature en ville : un projet de Parc Naturel actif pour garantir une cohérence urbaine et paysagère de la Bruche à l’Ill.

Aujourd’hui, les visions de projet global de l’agglomération militent pour la création d’un Parc Naturel Urbain à Strasbourg, afin de révéler l’écrin de nature qui relie la campagne à la ville, de la vallée de la Bruche à la ceinture verte de la ville. Ce premier Parc naturel urbain relie à l’Ouest la plaine inondable de la Bruche, ouvrant le paysage vers les Vosges, à la ceinture verte de Strasbourg marquée par plusieurs vestiges des dernières fortifications : la Porte de guerre « Kriegstor », le Parc des Glacis, le Parc du Heyritz, le secteur de la Kaltau. Son périmètre d’étude se situe entre la route des Romains, la route de Schirmeck et la rue de l’Unterelsau près desquels vivent 35 000 habitants, et s’étend sur plus de 300 hectares. Il est marqué par de nombreux cours d’eau (la Bruche, le canal de la Bruche et son Mulbach, l’Ill et le canal du Rhône au Rhin) et un riche patrimoine historique remontant à l’époque romaine. Il révèle la structure paysagère de l’agglomération en archipel, tels de multiples centralités séparées par des rivières et des zones inondables. Cette vision de ville qui renforce les interactions entre morceaux de ville et espaces paysagers témoigne d’un réel besoin de cadre vie plus proche de la nature pour les habitants et se veut être une réelle alternative au déplacement des ménages hors la ville, en milieu péri-urbain.