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Chaque guerre apporte son lot de bombardements, de destructions, la région passant dans les mains de pouvoirs successifs, revenant dans le giron français en 1918, puis ré-incorporée de force en août 1942. L’Alsace, ancien Reichsland redevient allemande sans qu’il soit nécessaire d’en discuter. Le territoire se trouve marqué par la volonté d’intégrer de manière définitive l’Alsace au III^e Reich. C’est ainsi que les autorités lancent une campagne de « germanisation » des villes et villages alsaciens. Colmar change de dénomination et devient « Kolmar ».

Cités paysannes et fermes modèles

Les autorités allemandes décident aussi de lancer un projet de réaménagement de quelques 36 communes touchées par la guerre, les 36 « communes de l’Ordre nouveau ». Ce plan comporte des travaux de restructuration architecturale et sociale destinés à créer de nouveaux quartiers, modernes, ou la vie s’organise autour des espaces publics.

1940_Marckolsheim. De part et d’autre du Stadtgraben (ruisseau en lieu et place des anciennes fortifications), la cité paysanne de Marckolsheim incarne une nouvelle vision de l’aménagement rural qui fait suite à un remembrement afin d’accroître la productivité agricole. Source DRAC et ville de Marckolsheim

L’implantation de la cité paysanne de Marckolsheim (Bas-Rhin) procède, en fait, du regroupement d’un ensemble d’exploitations agricoles détruites, dans laquelle l’implantation du bâti doit permettre un meilleur rendement de l’exploitation et donc de l’économie agricole. Le quartier s’organise de part et d’autre du Stadtgraben, ancien fossé des remparts médiévaux. Le positionnement de l’ensemble des parcelles devait permettre un accès plus rapide aux terres cultivables.

Les imposantes constructions en briques sont à la fois des sièges d’exploitations et assurent le logis d’une famille d’exploitants. Aménagées pour la plupart sur cour ouverte, les constructions organisent la vie quotidienne en lien avec les espaces publics.

Ainsi trois modèles de fermes sont développés sur ce site, les plus remarquables étant les « Erbhôfe », les fermes héréditaires présentant un plan en L, dont l’entrée du logis se fait directement sur la rue. On trouve peu d’exemple de réappropriation du territoire lors de l’occupation allemande de la secondaire guerre mondiale. Et pourtant, surtout en campagne, le monde agricole est en mutation par l’arrivée de nouvelles techniques et de nouveaux outils plus rapides et permettant d’augmentant les rendement. Les autorités allemandes se saisissent de cette question et apportent au travers de « l‘Ordre Nouveau » un vision innovante de l’urbanisme agricole qui permet l’application de théories nazies : modernisation, fonctionnalité, réorganisation de la société. Il s’agit également d’une opération de propagande.