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Colmar et les grands équipements républicains

Le projet républicain, lancé par le slogan « Liberté, Egalité, Fraternité » scelle l’unité territoriale autour d’une politique commune égalitaire. Egalité des droits, égalité des de l’accès à l’eau, aux bains, aux services communautaires. En même temps, si la révolution a réalisé l’égalité des droits, elle a aussi inventé le propriétaire. Si la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen annonce que la propriété est un droit « naturel et imprescriptible », le Code Civil napoléonien de 1804 consacre le triomphe de la propriété et en constitue le thème central. Le caractère inviolable et sacré de la propriété ne sera jamais remis en cause, même si cette réalité est à nuancer à cause de l’émergence du droit de l’urbanisme.
Dès l’origine, les révolutionnaires ont réservé la possibilité à la puissance publique (état, région, départements, communes) de réduire le droit de propriété dans l’intérêt général. Sont alors reconnues les nécessités de l’aménagement urbain, pour le bien collectif. C’est ainsi que des textes de plus en plus nombreux sont venus limiter l’une des composantes du droit de propriété : le droit de construire. Le futur constructeur est enserré dans des règles de plus en plus complexes et détaillées (P.L.U, S.C.O.T,…) la puissance publique s’étant également aménagé des procédures (ZA.C, lotissements,… lui permettant de jouer un rôle moteur dans l’aménagement global de l’espace.

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Hunawihr (68). Au bas du village, se trouve, à côté de la célèbre fontaine Sainte-Hune datant du XIVe siècle (une légende indique qu’une année de mauvaise récolte, Sainte-Hune y aurait transformée l’eau en vin), un lavoir de la deuxième moitié du XIXe siècle. Sur plan carré et couvert d’une toiture à 4 pans, le lavoir permettait aux lavandières de travailler dans des conditions d’hygiène et de confort optimisées. Il constituait un lieu central de la vie du village.

C’est au cours du XIXe siècle que l’Etat français se convint de la nécessité d’être moteur dans l’aménagement de lieux publics répondant aux questions de santé publique. La création des fontaines et lavoirs résulte ainsi d’une prise de conscience des ravages causés par les grandes maladies telles que le choléra, la variole ou la typhoïde qui sévissent au XIXe siècle. Une loi de 1861 vote un subventionnement de l’ensemble des constructions de lavoirs. C’est après 1850 que ces lavoirs font réellement leur apparition dans les villes et les villages, tels que nous les connaissons aujourd’hui : aménagés, courts, transformés en bâtiments fonctionnels, ils constituent des édifices remarquables, surtout en campagne. On compte au moins un lavoir par village ou hameau, et l’on pouvait estimer l’importance du village au nombre de lavoirs qu’il possède.

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Le théâtre municipal de Colmar, avec sa façade ordonnancée, borde l’ancien couvent d’Unterlinden.

Les villes ne sont pas en reste. Outre des ouvrages spécifiques liés à la gestion de l’eau, les villes alsaciennes voient naître nombre d’équipements publics sous le Second Empire. La ville de Colmar en est un parfait exemple. Ainsi, l’hôtel de la préfecture est érigé dans la ville aux confins Sud de la ville en 1866. De style Louis XIII (sur le modèle de la préfecture de la Haute-Marne), le nouvel hôtel de la préfecture se veut être un « palais » de l’Empire, avec son grand bâtiment central flanqué d’une double rangée d’ailes latérales.



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Le marché couvert de Colmar, reconnaissable par sa structure métallique visible de l’intérieur du bâtiment, s’inscrit dans cette volonté de créer des équipements modernes pour l’époque afin de faciliter la vie quotidienne des habitants.

Le marché couvert de Colmar, achevé en 1865, est édifié au bord de la Lauch, ce qui permet aux maraîchers d’accoster directement au pied du bâtiment et d’y décharger leurs produits. Construit en briques et surmonté d’une charpente métallique reposant sur des piliers en fonte, le bâtiment est révélateur des premières logiques industrielles françaises.
Le théâtre municipal est construit, quant à lui dans les années 1850 sur une ancienne dépendance du couvent d’Unterlinden. De style « à la française » en façade, la salle circulaire est conçue dans la tradition des théâtres « à l’italienne ».
Des écoles, hôpitaux, et autres équipements publics sont bâtis au cours du XIXe siècle dans les villes. Ils sont des témoins d’une part des difficultés des villes à faire face à l’afflux massif de nouvelle population issue de la campagne, et d’autre part des idées héritées de la révolution quant au devoir des pouvoirs publics d’assumer des avancées sur des thèmes aussi fondamentaux que la santé, l’éducation, la vie sociale et culturelle.