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Vauban et le canal de la Bruche

Le rattachement de l’Alsace au royaume de France engage le pouvoir royal dans des travaux de constructions ou de modifications d’ouvrages de défense. Vauban prend le chemin de l’Alsace très tôt afin de planifier les places fortes et les fortifications le long de la nouvelle frontière qu’est devenu le Rhin.

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Strasbourg, extrait de la Minute d’Etat-major (milieu du XIXe siècle). Le canal de la Bruche a permis l’acheminement de l’ensemble des pierres pour l’édification des fortifications de Vauban. Source géoportail

C’est à Strasbourg qu’il va faire réaliser une des plus importante citadelle de France dès la capitulation de la ville en 1681. Dans cette ville, jusqu’alors peu affectée par les guerres du XVIIe siècle, ce chantier stimule l’activité économique de la région par l’attrait de très nombreux artisans et ouvriers participant à l’édification des fortifications de la ville durant plusieurs décennies.
La citadelle devra surveiller à la fois Strasbourg, ville protestante et plutôt hostile, et le passage du Rhin par le pont, qui aboutit à Kehl. Les travaux commencent alors très rapidement et quelques 2000 à 3000 hommes sont affectés au chantier de la citadelle. Afin d’alimenter la construction en pierres, une carrière est ouverte à Soultz et Wolxheim en amont de la Bruche qui coule vers Strasbourg.

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Strasbourg. En quittant Strasbourg à l’Ouest, les ouvrages défensifs de la ville construits par Vauban sont encore perceptibles. Le barrage Vauban se trouve à l’extrémité Sud du quartier de la Petite France. Enjambant l’Ill, le barrage reliait les fortifications de la ville et devait pouvoir inonder les terrains au Sud de la ville afin de ralentir d’éventuels ennemis.

Vauban décide alors de creuser un canal destiné à doubler la Bruche en direction du chantier de la citadelle, canal qui sera alimenté par les eaux de la Bruche et de la Mossig. Long de 20 km, il est ponctué de 11 écluses destinées à gérer un dénivelé de presque 30m entre les carrières et la citadelle de Strasbourg. Mais le canal a permis également la circulation d’autres matériaux et denrées. En 1831, on y voit passer 950 bateaux transportant des moellons, des pierres à chaux, des pierres à plâtre, des pierres de taille et du bois. S’y ajouteront le flottage du bois, le transport du vin, de betteraves, de briques et de tuiles. Ce trafic a duré jusqu’en 1939. Certains ponts bombardés au cours de la Seconde Guerre Mondiale ont été reconstruits trop bas, empêchant la navigation.


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Strasbourg. Passage du canal de la Bruche en dessous de la route de Schirmeck. Ancienne infrastructure de déplacement pour les matériaux de construction des fortifications, le canal de la Bruche est aujourd’hui vecteur de déplacements alternatifs à la voiture et lieu de nature dans la ville.

Aujourd’hui, le chemin de halage jadis emprunté par le Roi-Soleil et ses courtisans est devenu une piste cyclable pour les promeneurs du dimanche ; la citadelle est devenue un parc ; les carrières de Soultz se sont rendormies ; les fours à chaux sont enfouis sous la végétation. La ville de Strasbourg garde des traces du passage de Vauban et le canal de la Bruche est aujourd’hui un composant d’un vaste projet de parc naturel actif.