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Repères géographiques des Hautes Vosges

Relief et eau

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Hautes Vosges carte relief et eau
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Hautes Vosges bloc-diagramme relief et eau
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Hautes Vosges, hauts reliefs
La grande zone des sommets forme une démarcation entre le versant alsacien et le versant lorrain. Les Hautes Vosges cristallines se composent d’une crête principale en forme de L, à laquelle viennent se greffer plusieurs chaînes secondaires séparant les vallées des affluents de la Moselle côté lorrain et de l’Ill côté alsacien.

Le relief présente dans les Hautes Vosges les marques de la puissance du soulèvement alpin et de la forte érosion glaciaire. L’altitude est élevée, les crêtes dépassent régulièrement les 1000 m, les pentes sont fortes. Les Hautes Vosges portent les plus hauts sommets du massif vosgien : point culminant au Grand ballon d’Alsace (1423m) et plusieurs sommets au-dessus de 1200m : le Storkenkopf (1366 m), le Hohneck (1363 m), le Kastelberg (1350 m), le Klintzkopf (1330 m), le Rothenbachkopf (1316 m), le Lauchenkopf (1314 m), le Batteriekopf (1311 m), le Haut de Falimont (1306 m), le Rainkopf (1305 m), Petit Ballon (1272) et Ballon d’Alsace (1250m)… Les Hautes-Vosges cristallines sont édifiées par des roches magmatiques ou métamorphiques et par des formations sédimentaires et volcaniques de l’ère primaire dont l’érosion confère à leurs sommets une forme arrondie : les ballons des Vosges. Ces hauts reliefs, élevés et arrondis, comportent des pelouses d’altitude, les hautes chaumes, caractéristiques des paysages des hautes Vosges.

Les vallées glaciaires en auge, les petits cirques et les lacs glaciaires témoignent de l’histoire géologique du massif. Les particularités climatiques et le modelé glaciaire sont à l’origine de formations originales et variées des Hautes Vosges comme les Hautes-Chaumes, les pelouses de l’étage montagnard, les tourbières, les cirques glaciaires…

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La grande zone des sommets forme une démarcation entre le versant alsacien et le versant lorrain. En contrebas les petits cirques et les lacs glaciaires témoignent de l’histoire géologique du massif. Stosswihr

Les vallées profondes des Hautes-Vosges
Six rivières sont à l’origine des vallées qui se dessinent dans le relief des Hautes-Vosges (Liepvrette, Weiss, Fecht, Lauch, Thur, Doller), qui chacune ont un paysage particulier par leur géographie et leur histoire. Les vallées sont très encaissées avec des dénivelés variant de 600m à 900m entre le fond et la crête. Les fonds de vallées sont quant à eux très étroits (1 km au plus large de la vallée de la Fecht, en aval de Munster) contribuant à l’impression de fort encaissement.

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Six grandes vallées principales entaillent les Hautes Vosges. Les dénivelés importants et l’étroitesse des fonds de vallées contribuent à donner l’impression d’un fort encaissement. Vallée de la Thur depuis Thann

De nombreux lacs encaissés
La chaîne centrale des Hautes Vosges est bordée côté alsacien par de nombreux lacs glaciaires souvent encaissés. En amont, ces lacs sont souvent prolongés par des tourbières. La partie amont est surcreusée par la glace, la partie aval du cirque glaciaire est verrouillée par une moraine frontale qui crée un barrage. Les lacs ont ensuite été aménagés par la construction de digues. Certaines de ces digues sont très anciennes, comme celle du Lachtelweiher attestée au milieu du 16e siècle. Mais la plupart des digues ont été édifiées à la fin du 19e siècle, afin de régulariser le débit des rivières, sujettes à de fortes crues et dans le but de produire de l’énergie hydroélectrique.

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De nombreux lacs glaciaires bordent la crête des Vosges. Formés par une moraine frontale qui crée un barrage, les lacs ont ensuite été aménagés par la construction de digues pour réguler le débit des rivières en aval ou produire de l’électricité. Lac Noir et lac Blanc, Orbey

La roche et le sol

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Hautes Vosges carte des sols. Source ARRA
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Hautes Vosges bloc-diagramme roches et sols
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Des reliefs jeunes dans une roche ancienne
Les Vosges sont-elles une jeune ou une vieille montagne, comme nous l’avons jadis appris à l’école ? La réponse est les deux à la fois. La roche est très ancienne (- 400 Ma), sa cuisson est ancienne (- 300 Ma : 10 fois plus vieux que les Pyrénées), mais les reliefs sont aussi jeunes que ceux des Alpes : une reprise d’érosion a mis à nu le socle d’une montagne ancienne qui avait elle-même été rabotée en une pénéplaine à la fin de l’ère primaire.
1 - Lors du choc hercynien, un continent nord européen s’enfonce sous celui d’Europe du sud, générant un immense massif de montagnes qui court depuis les sudètes en Tchéquie jusqu’à l’Armorique. Sous la pression subie, de nombreuses poches de granite se forment à quelques kilomètres sous le sol au niveau de la suture et en retrait : jusqu’à 50 km pour le granite des crêtes (le Hohneck), 70 km pour le granite des ballons (Grand Ballon) (64). Elles sont suivies en fin de cycle par des volcans dont les laves se mêlent aux éboulis de la jeune montagne. La suture, aujourd’hui imperceptible en surface, passe sous les Vosges moyennes, sur la ligne dite de Lalaye-Lubine : c’est la vallée minière de Ste Marie aux Mines. Parmi les sédiments de sables et d’argile qui recouvrent ces continents, deux poches échappent à la cuisson au niveau des futures Vosges : les schistes de Steige au nord, qui formeront les Vosges moyennes dans un matériau particulièrement ancien, et la nappe de Markstein (65) au sud qui forme un vaste massif derrière Guebwiller.
2 - Cette montagne initiale est entièrement rabotée. A la fin du Trias (-200 Ma), elle est enfouie sous un sarcophage de plusieurs centaines de mètres de grès. Les mers du secondaire recouvriront encore l’ensemble d’un épais manteau de marnes et d’argiles.
3 - Le choc alpin provoque d’abord l’effondrement du plancher rhénan -un rift-, puis un retour de compression rehausse tout le sud de ce socle, faisant basculer l’ancienne table, avec son sarcophage de grès et ses couches plus tendres, vers le nord. Les roches tendres du manteau postérieur au Trias sont décapées ; l’érosion n’épargne que quelques lambeaux de grès qui forment encore aujourd’hui, sur les crêtes, quelques pentes caillouteuses parsemées de blocs (62). Tout ce matériau est emporté par les torrents vosgiens pour combler le fossé rhénan à-travers des sillons creusés, cette fois, vers l’est.
4 - Les glaciers recouvrent l’ensemble à quatre reprises dans les derniers 0,6 Ma. Ils sculptent des ravins au flanc des vallées, déposent des moraines à leur pied qui barreront des lacs au creux des vallées. Ces ravins seront comblés d’abord par d’épaisses alluvions anciennes (26), recouvertes à proximité immédiate des ruisseaux d’alluvions récentes souvent tourbeuses (27).

Une structure originelle disposée nord-sud, est réorientée est-ouest par la coupure du fossé rhénan
L’ancienne table, rabotée au trias, forme aujourd’hui les lignes de crêtes des Hautes Vosges.
L’organisation nord-sud reste très perceptible dans les contrastes bien connus entre Vosges du nord -la moins rehaussée, qui a conservé son sarcophage de grès-, Vosges moyennes, et massif des ballons au sud. Au sein de chaque unité cependant, le relief post-alpin s’impose et estompe le gradient nord-sud historique. Il découpe une infinité de vallées et de plans successifs qui font le charme des ballons, renforcé par les glaciers qui ont entaillé de ravins de part et d’autre des chemins de crête. Les défrichages effectués sur les crêtes dès l’an mil par les premiers macaires ont été maintenus par la rudesse du climat, ce qui fait de ces crêtes autant de belvédères tournés vers la plaine.

Une fertilité naturelle souvent bonne
La nappe de roches du Markstein - comme celle de Steige dans les Vosges moyennes- est « mi cuite » dans le premier kilomètre au contact des plutons de granite. C’est dans ces secteurs de gneiss, de cornéennes, que les prospecteurs miniers vont chercher des filons miniers. Dans les secteurs les plus épargnés, plus schisteux, les rivières creusent leurs vallées, et les paysans défrichent des champs fertiles.
Sur les crêtes en revanche, le défrichage ancien a limité l’épaisseur des sols (672). C’est l’univers des chaumes où les sols sont surtout des podzols qui évoluent en tourbières sur les passages de l’eau, en rankers sur les affleurements de roche.
Certains plutons de granite sont riches en fer, et fournissent des sols bruns relativement fertiles, parfois même alcalins, où la forêt initiale était un mélange de sapin (abies alba), hêtre, épicéa. Les pentes aux sols plus épais (63) ont été privatisées et mises en culture au 19e s et sont reboisées en épicéa et en pin, ce qui tend à favoriser l’acidification des sols et à terme, leur podzolisation irréversible.

Agriculture

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Hautes Vosges carte agriculture
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Hautes Vosges bloc-diagramme agricilture
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Le massif des Vosges se caractérise par une surface forestière importante qui limite fortement l’activité agricole. La SAU ne représente que 18% du territoire. A l’intérieur du massif, le val d’Orbey présente un territoire ou l’agriculture est plus présente. Dans les basses vallées, la tension reste forte entre espaces agricoles et urbanisés.
L’élevage est l’activité principale dans la montagne. Bovins et surtout vaches laitières sont fréquents dans le paysage, ainsi que quelques élevages ovins. On retrouve dans ce secteur l’essentiel de l’effectif de la race vosgienne même si cela ne représente qu’une faible part des vaches présentes. La taille des troupeaux, plus petite dans le massif, est compensée par une vente directe de produits laitiers.

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Le relief moins prononcé du Val d’Orbey favorise le maintien de l’activité agricole. Les pentes sont occupées par de nombreuses prairies, ponctuées de fermes isolées. Vue depuis Lapoutroie

En raison de l’altitude, le maïs est rare et les prairies sont la source essentielle de nourriture pour les bovins. Comme ailleurs, le nombre d’emplois agricoles diminue même si cette baisse y est moins importante. La pluriactivité est forte en zone de massif, source de revenu pour les petites structures. Ce contexte a permis jusqu’à ce jour un renouvellement des générations. Les activités de diversification sont également très présentes sur le massif avec notamment un hébergement touristique et une vente directe très développés.

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La SAU ne représente que 18% du territoire des Hautes Vosges et est essentiellement composée de prairies de fauche ou de pâtures. La vallée de la Liepvrette depuis Ste-Marie-aux-Mines

Forêt

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Hautes Vosges carte forêt
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Hautes Vosges bloc-diagramme arbre
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Quatre grands types de végétation naturelle s’individualisent :
- la Hêtraie sommitale : altitude supérieure à 1200 m
- la Hêtraie d’altitude : altitude comprise entre 900 et 1200 m
- la Hêtraie-Sapinière : altitude comprise entre 500 et 900 m
- la Hêtraie-Chênaie : altitude inférieure à 500 m

Mais ces types de végétation ne s’inscrivent pas dans des limites altitudinales strictes. En effet, l’orientation des versants (exposition) joue un rôle important pour renforcer ou amoindrir l’impact des variations de température liées à l’altitude. Ainsi la Hêtraie-Sapinière pourra monter jusqu’à 1000 mètres et la Hêtraie-Chênaie atteindre 700 à 800 mètres en exposition chaude (Sud à Ouest). Ces variations de la température et de la durée de la période de végétation entraînent une diminution progressive de la fertilité au-dessus de 800 mètres.

Au-dessus de 1000-1100 m, une forêt de feuillus, la Hêtraie sommitale, domine dans les Vosges et remplace les forêts de conifères situées à plus basse altitude. Cette présence tout à fait remarquable du Hêtre à ces altitudes est liée aux conditions climatiques tant hivernales qu’estivales.
L’Aulnaie d’altitude est un groupement rare qui occupe certains fonds de vallon hydromorphes jusqu’à 1200 m d’altitude.

L’étage montagnard des Vosges alsaciennes est le royaume du Sapin (Abies alba). Les Sapinières forment une ceinture presque ininterrompue qui débute vers 500 m sur les versants ouest et nord, vers 700 m sur les versants sud et est, et qui monte parfois, en fonction de l’exposition, jusqu’à une altitude comprise entre 1000 à 1100 m, empiétant sur l’étage forestier supérieur. Le Sapin, associé au Hêtre, domine de multiples groupements végétaux, d’une manière variable en fonction de l’exposition et du substrat.

La Pessière naturelle n’est rencontrée qu’au-dessus de 900 m, dans les stations les plus froides, sur sol acide et sur certaines parois rocheuses.

L’Érablaie à Frêne et Orme. C’est la végétation forestière des ravins et des cirques enrichis en éléments fins (argile) et en éléments nutritifs.

En fonction de l’altitude (comprise entre 200 et 600 m), des conditions climatiques et de la nature du sol, les Chênaies varient dans leur composition floristique et se subdivisent en plusieurs groupements. Elle occupe les bas versants les plus fertiles et les mieux exposés du massif vosgien, jusqu’à 600 m d’altitude environ, laissant à la Chênaie à Chêne sessile les stations les plus pauvres et les plus fraîches. La Chênaie acidiphile et la Chênaie-Hêtraie. La Chênaie acidiphile et la Chênaie-Hêtraie remplacent la Chênaie-Charmaie lorsque le substrat devient plus acide. La Chênaie descend jusqu’à 200 m et monte généralement jusqu’à 800 m, voire parfois 1000 m dans de petits vallons bien abrités et tournés vers le sud.

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La forêt recouvre l’essentiel du territoire, formant tous les horizons des Hautes-Vosges. Versants de Thannenkirch vus depuis Rodern

Urbanisme

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Hautes Vosges carte urbanisation
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Hautes Vosges bloc-diagramme urbanisation
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Les Hautes Vosges ne possèdent pas de grandes villes, ces dernières sont proches, implantées dans le Piémont viticole au débouché des vallées vosgiennes ou plus dans la Plaine. Les vallées des Hautes-Vosges sont étroites et entourées de fortes pentes. Les fonds de vallées sont des espaces réduits où se concentre pourtant l’essentiel de l’activité et de la population de la zone de montagne. Dans les vallées des hautes Vosges le tropisme des basses vallées et du piémont se fait également sentir, c’est le cas de Guebwiller ou de Thann ou à une autre échelle de Masevaux. Munster dans la vallée de la Fecht et Ste-Marie-aux-Mines dans la vallée de la Lièpvrette dont les seuls bourgs de plus de 5000 habitants implantés au cœur des vallées. Quatorze communes atteignent ou dépassent les 2000 habitants dans les vallées des Hautes Vosges.
La vallée de la Weiss présente un urbanisme atypique avec de nombreuses fermes isolées réparties sur des pentes moins fortes.

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Les fonds de vallées sont des espaces réduits où se concentre l’essentiel de l’activité et de la population des Hautes Vosges. L’entrée de la vallée de la Lauch depuis Guebwiller