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Les fortifications de Strasbourg après l’annexion de 1871

Depuis son origine, le statut de place forte de Strasbourg est inscrit dans ses murs et ses fortifications. Le siège de Strasbourg, en 1870, avait mis à mal les anciennes fortifications de la ville. Après l’annexion, les autorités allemandes entreprennent de les reconstruire et de transformer Strasbourg et ses alentours en une place forte moderne, dont les accès et les voies de communication sont également protégés. Destinées à remplacer les fortifications de Specklin et de Vauban jugées obsolètes, deux lignes défensives sont construites après 1870 : une enceinte urbaine longue de 11 km et une ceinture de forts avancés constituée de 19 forts (16 en France, 3 en Allemagne).

Les fortifications urbaines

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Projet d’urbanisme de l’architecte Conrath en 1880 Pour la ville de Strasbourg. Source Wikipedia

Dès l’annexion de 1871, les autorités allemandes entreprennent la construction de nouvelles fortifications ; celles-ci ne reprendront pas le tracé ancien, mais seront d’emblée élargies afin d’intégrer de nouveaux quartiers. La superficie de Strasbourg est triplée, passant de 232 à 618 hectares. Le projet d’extension est établi par Geoffroy Conrath (1824-1892), architecte en chef de la ville de 1854 à 1886. Au nord-est, la ville englobe désormais le parc de l’Orangerie et s’étend désormais jusqu’au canal de la Marne au Rhin mais en laissant l’île du Wacken à l’extérieur. Au nord-ouest, l’enceinte intègre le parc des Contades et se rapproche ainsi de Schiltigheim. À l’ouest, une nouvelle gare ferroviaire, plus spacieuse et mieux adaptée au transport des troupes est érigée à l’emplacement des anciens bastions du Faubourg National. Au sud-ouest, la ville nouvelle annexe le lieu-dit Deutsche Aue, l’actuel quartier du boulevard de Lyon.
Cette campagne de construction se déroule entre 1875 et 1884 : les militaires allemands donnent à la cité élargie une nouvelle enceinte urbaine longue de onze kilomètres et ponctuée par une quinzaine de portes civiles et militaires. La nouvelle enceinte, précédée d’un fossé en eau, suit un tracé polygonal : courtines et bastions alternent, ces derniers fréquemment doublés d’une plate-forme appelée « cavalier ». Le mur n’est pas partout revêtu de maçonnerie ; il présente le plus souvent l’aspect d’un haut talus, sur lequel les artilleurs peuvent prendre place en cas d’attaque. Les portes qui le jalonnent ouvrent sur des poudrières, des entrepôts et même des casernes.
Sur tous les fronts, l’enceinte se trouve ceinturée par des canaux dont la vocation n’est pas uniquement militaire. À l’ouest, sont creusés le Fossé des Remparts et le Canal de Dérivation qui se branchent au nord sur une ellipse constituée par les sillonnements naturels de l’Aar et de l’İll. Les cours ces deux rivières sont augmentées par le Canal de la Marne au Rhin qui rejoint le fleuve plus à l’est. Les fronts oriental et méridional de la ville sont quant à eux sous la protection du Bassin des Remparts et du Canal de Jonction dont la fonction économique et portuaire est de relier le Canal du Rhône au Rhin au Canal de la Marne au Rhin.

Pistes cyclables et jardins familiaux sur l’ancien glacis

Au-delà des fortifications s’étendait un vaste terrain à découvert, appelé « glacis ». Sur le front ouest, celui-ci est encore bien visible ; mais il est aujourd’hui planté d’arbres : une ceinture verte sépare ainsi le quartier de la gare de Strasbourg de ses faubourgs (Cronenbourg, Koenigshoffen et la Montagne verte). Aménagé en promenade, l’ancien glacis est traversé par des pistes cyclables et accueille aussi des jardins familiaux et des équipements scolaires. Rue du Rempart, derrière la gare de Strasbourg, une piste cyclable permet de longer plusieurs de ces ouvrages, et d’emprunter l’imposante Kriegstor, la seule des portes monumentales qui subsiste encore de nos jours. Les ouvrages de fortification sont aujourd’hui pour partie réhabilités, le bastion 14 accueille notamment des ateliers d’artistes.

La ceinture fortifiée au-delà du rempart urbain strasbourgeois

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Une ceinture de 19 forts avancés (16 en France, 3 en Allemagne).

La ceinture fortifiée est construite entre 1872 et 1890 par les autorités allemandes pour faire de Strasbourg une place forte moderne. Douze forts sont construits entre 1872 et 1876, puis deux autres entre 1876 et 1882. Cinq ouvrages intermédiaires, édifiés entre 1885 et 1890, complètent l’ensemble. Seulement trois de ces dix-neuf bâtiments sont implantés sur la rive droite du Rhin, en pays de Bade. Tous les autres entourent l’agglomération strasbourgeoise : ils se situent aujourd’hui sur le territoire de la communauté urbaine de Strasbourg. Initialement baptisés du nom de généraux allemands, ils prendront le nom de généraux français après 1918. Ces forts, de construction très semblable, se composent d’une place d’armes, de poudrières, de casernes, d’espaces de services (cuisines, infirmeries…), de casemates et de dispositifs techniques de défense. Les différents forts, ouvrages, abris et casemates sont camouflés par un couvert d’arbres : robiniers, marronniers ou noyers.
Avec le temps, la végétation a recouvert la plupart de ces édifices et seuls quatre ouvrages sont aujourd’hui ouverts au public : les Forts Rapp, Frère, Kléber et l’ouvrage Ducrot. Tous sont visibles de l’extérieur grâce à la piste des forts, un itinéraire cyclable franco-allemand d’une longueur totale de 85km.
(Sources : Wikipédia et www.strasbourg.eu)