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Dynamiques et enjeux paysagers dans l’Alsace Bossue

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20 juin 2014

  DYNAMIQUES PAYSAGERES DANS L’ALSACE BOSSUE

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Alsace Bossue minute de la Carte d’Etat-major 1830
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Alsace Bossue photo aérienne IGN 1958
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Alsace Bossue photo aérienne IGN 2012

Un paysage qui semble changer d’échelle dans l’après-guerre

La comparaison des deux photographies aériennes révèle l’évolution drastique du parcellaire dans l’après-guerre. Le parcellaire en lanière s’est considérablement simplifié en s’adaptant à la traction mécanisée, le paysage semble avoir changé d’échelle. C’est d’autant plus marqué en Alsace Bossue
où les exploitations sont aujourd’hui relativement vastes. La proportion des cultures est en régression dans cette période au profit d’un élevage tourné vers la valorisation des herbages.

La place de l’arbre qui évolue

La photo aérienne de 1958 révèle une occupation du sol intensive, où chaque parcelle est mise en valeur. En 2010 l’agriculture extensive a conduit à une gestion moins suivie des terres difficiles des coteaux et des fonds humides. C’est ainsi que l’on observe un épaississement généralisé des ripisylves dans les vallées et l’apparition de microboisements sur les hauteurs, inconnus dans le paysage jusque-là. En contrepoint, l’arbre tend progressivement à se raréfier au sein du parcellaire. C’est le cas notamment pour les nombreux fruitiers isolés ou alignés qui ponctuaient les prés et dans une moindre mesure pour ceux qui constituent encore l’écrin arboré autour des villages.

Des villages qui s’étendent régulièrement

L’Alsace bossue reste un territoire rural, avec une des plus faibles densités de population d’Alsace. Les extensions urbaines n’y sont pas spectaculaires mais les extensions ponctuelles concernent tous les villages. Si les bourgs centres concentrent près de 60% de l’emploi total, ils concentrent à l’inverse à peine un quart de la population du territoire. La population des bourgs centres a d’ailleurs diminué sur la période 1999-2008, à l’instar de Sarre-Union qui a perdu 6% de ses habitants. Les tendances récentes de consommation foncière confirment l’effet polarisant limité des centralités urbaines du territoire. Ainsi, c’est de loin au niveau des villages que l’essentiel des mutations des terres agricoles en surfaces artificialisées se sont produites. (Extrait du SCOT de l’Alsace Bossue).

Des extensions urbaines en rupture avec le tissu existant

Les villages identitaires sont ainsi parfois mis à mal par l’urbanisation récente : banalisation des constructions, insuffisante intégration des nouvelles constructions dans le tissu existant (implantation sur la parcelle, etc). La maison individuelle s’impose comme la nouvelle typologie de logement, insérée au sein d’une opération de lotissement à l’extérieur des limites du village historique.
De nouvelles pièces urbaines créent un phénomène de rupture franche avec le paysage bâti de l’ancien village.

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A Siewiller, le lotissement de maisons individuelles, en entrée de village depuis la rue du stade. Les nouvelles constructions se sont installées au-delà du cours d’eau qui constituait la limite naturelle du village. La discontinuité du bâti et les nivellements du terrain naturel marquent la rupture avec le tissu urbain existant.

Ici, à Siewiller (frange Est de l’Alsace Bossue), les extensions pavillonnaires étirent la silhouette du village et les lotissements remettent en cause le cordon de verger qui assurait la transition entre le village et le milieu agricole ou boisé : implantation sur talus, faible densité, discontinuité du bâti, privatisation du jardin de devant, clôtures sur l’espace public,… l’insertion du projet architectural de la construction s’impose sur le paysage de proximité hérité des valeurs du site.
Du fait de la structure linéaire des villages, les extensions urbaines se situent principalement en entrée de village sur d’anciennes parcelles de vergers. Les nouvelles parcelles sont créées le long de la voie, s’affranchissant des proportions des parcelles du bourg existant. La rue se banalise (disparition de la séquence de l’usoir devant l’habitation), elle n’est plus que l’espace résultant du découpage des parcelles privées.

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Illustration de principe d’une extension urbaine pavillonnaire en entrée de village



  ENJEUX PAYSAGERS DE L’ALSACE BOSSUE

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Alsace Bossue bloc-diagramme enjeux paysagers

Maintenir la place de l’arbre et de la haie dans les paysages ouverts

L’Alsace bossue, majoritairement dédiée à l’élevage, comprend d’importantes surfaces en prairies et dans une moindre mesure de grandes cultures. Sur les secteurs les moins mouvementés, l’évolution des pratiques agricoles et l’augmentation de la taille des parcelles ont entraîné une raréfaction des arbres et des haies. La présence arborée s’illustrait bien plus auparavant en limite de parcelle, mais aussi avec les arbres fruitiers dans les prés vergers. Cette végétation constitue un élément identitaire fort et reconnu. Le maintien d’une diversité paysagère passe donc par la conservation et le renouvellement de quelques arbres isolés, de bosquets, de vergers sur prairie ou de fruitiers bordant les chemins, qui ensemble modulent l’échelle du paysage et lui donnent des repères. Les abords des chemins peuvent être le support de cette diversité et concilier desserte agricole et découverte de ces paysages. Leur aménagement est à coordonner avec la démarche Trame Verte /Trame Bleue [1].

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Maintenir la place de l’arbre et de la haie dans les paysages ouverts

Quelques pistes d’actions envisageables
- Maintenir l’arbre dans le paysage. Replanter des arbres fruitiers isolés ou alignés le long des chemins.
- Maintenir un réseau de chemins agricoles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages.
- Mettre en valeur les petits éléments qui jalonnent le territoire : arbre isolé, calvaire…
- Gérer les bosquets et leur lisière.

Soigner la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords

Dans l’Alsace bossue, une grande part de l’activité agricole est dédiée à l’élevage. Cela implique la présence de nombreux hangars dans le paysage, souvent en périphérie des villages. Les nouveaux bâtiments agricoles construits sont en rupture avec les bâtiments anciens. Leurs volumes, leurs matériaux ou leur couleur, en raison des mises aux normes ou de l’évolution des techniques n’ont pas toujours fait l’objet d’une réflexion pour conserver une certaine harmonie avec leur situation et leur entourage. Cela les rend très visibles dans ces paysages ouverts. Leur localisation et leur qualité architecturale (volume, couleur…), ainsi que l’aménagement de leurs abords sont importants. Cet enjeu est également lié à celui de l’aménagement des abords des villages (plantations, chemin, transition avec les champs). Une activité agricole perdure également dans les fermes au cœur des villages et constitue un atout qui participe à la vie des villages. Le maintien de l’activité agricole au sein des villages nécessite une adaptation maitrisée des vieux bâtiments et des dessertes à la taille des nouvelles machines.

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Soigner la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords

Quelques pistes d’actions envisageables
- Eviter les implantations trop visibles en entrée de village.
- Favoriser l’utilisation du bâti ancien pour limiter les implantations nouvelles en périphérie des villages.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Soigner l’entrée de la ferme. Aménager les entrées et les chemins d’accès.
- Replanter des arbres fruitiers isolés ou alignés le long du chemin d’entrée de la ferme et en périphérie des bâtiments.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets.
- Adapter l’aménagement villageois aux passages d’engins agricoles.

Valoriser le petit parcellaire des coteaux

Les versants pentus comportent encore bien souvent des parcelles plus petites, parfois en lanière, ponctués d’arbres ou d’anciens vergers, compartimentés de haies. Ces haies, plus qu’ailleurs dans le reste de l’Alsace, constituent une caractéristique du paysage de l’Alsace Bossue. On retrouve également cette organisation autour de villages dont elle constitue l’écrin. Cette présence graphique apporte au paysage un côté plus intime avec un certain charme. Elle fournit un contrepoint remarqué face aux étendues plus ouvertes en culture ou en prairie. Ces endroits offrent des buts de promenade attractifs et une pratique du territoire différente (jardin, verger, petit pâturage, promenade naturaliste…) mais complémentaire pour les habitants. Les chemins d’accès à ces versants méritent donc d’être maintenus et mis en valeur. Sont plus particulièrement concernés ceux situés à proximité des bourgs et des villages, où bien encore menant aux points hauts.

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Valoriser le petit parcellaire des coteaux

Quelques pistes d’actions envisageables
- Renouveler les haies et les arbres vieillissants.
- Encourager la plantation de vergers. Diversifier les modes de plantations : arbre isolé, ligne, verger régulier.
- Soutenir la gestion des petits vergers de haute tige et les ateliers de transformation et la commercialisation locale.
- Trouver des usages différents en lien avec les habitants proches (chevaux, jardins potagers, promenade, gestion naturaliste).
- Développer une gestion alternative avec l’utilisation du bois des haies comme source d’énergie.
- Limiter la taille des parcelles sur les pentes, éviter les regroupements trop importants.
- Maintenir une accessibilité aisée par des chemins agricoles entretenus, support de promenade pour les habitants (usage mixte).
- Identifier et maintenir ces parcelles dans les documents d’urbanisme.

Révéler l’eau et la présence du canal

Dans ce paysage amplement vallonné, les fonds de vallée sont parfois soumis aux fortes inondations, ce qui donne aux paysages une grande variabilité saisonnière. L’eau est à ce moment là très visible contrairement au reste de l’année où il faut souvent la traverser pour la côtoyer. Le passage du cours d’eau est nettement marqué par la présence de la ripisylve qui l’accompagne, formant un large cordon arboré bien visible dans les fonds. Il est intéressant de renforcer la lisibilité de la présence de l’eau. A une échelle plus restreinte l’entretien des ruisseaux, leur accessibilité, le maintien de ponts en pierre, la gestion des fonds et des ripisylves … participent à l’animation du paysage. Cette mise en valeur passe par la possibilité de les fréquenter plus intimement et de les voir en de nombreux points du territoire. Les cours d’eau ont un pouvoir attractif important et servent aussi de support pour les liaisons écologiques dans le paysage (Trame Verte / Trame Bleue [1]).
L’eau a aussi été à l’origine des implantations villageoises. Sa présence est un atout à valoriser à proximité ou dans les villages. Dans un autre registre le passage du Canal de la Sarre offre une perception de l’eau plus rigoureuse avec ses perspectives et la technicité de son tracé. C’est également un support d’une richesse paysagère qui mérite une mise en valeur réfléchie à l’échelle du grand paysage.

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Révéler l’eau et la présence du canal

Quelques pistes d’actions envisageables
- Ouvrir des vues sur l’eau depuis les routes. Mettre en valeur des points de vue sur la vallée
- Gérer la ripisylve pour en faire un point de repère qui signale la présence de l’eau.
- Restaurer les ponts en conservant leur caractère. Soigner les abords des ponts (dégager la végétation, créer des aires d’arrêts).
- Créer des cheminements le long des rivières. Créer ou retrouver des accès à l’eau.
- Remettre le canal en contact avec le paysage environnant (dégager la végétation alentours, effectuer des plantations d’alignements, aménager des belvédères sur le canal…) pour lui redonner un rôle dans le paysage.
- Relier le canal avec les villages proches.
- Proposer des aménagements simples et adaptés pour les accès ou les stationnements, les haltes touristiques.
- Mettre en valeur la traversée de l’eau dans les villages, en faire un support de l’espace public.

Harmoniser les extensions villageoises / Soigner le tour des villages

Dans ces paysages ouverts, tout développement bâti périphérique est très visible et participe à l’image de chaque bourg. La façon dont les nouvelles habitations sont organisées entre elles et connectées au reste du bourg conditionne la qualité des lieux. Notamment en Alsace Bossue où la structure des villages-rue lorrain est très lisible avec ses façades continues bordant l’usoir. Les petites parcelles de prés et de vergers du tour de village, ont tendance à être grignotée par les nouvelles constructions. Celles-ci sont souvent déconnectées du centre bourg et s’affichent alignées le long de l’axe principal en entrée de village. Ce mode de développement fait perdre une certaine authenticité aux villages, en affichant une urbanisation banale à sa périphérie.
L’idée est de créer de véritables quartiers plutôt que des lotissements stéréotypés, sans aucun lien avec la logique du village. Autour du village, l’aménagement d’un espace de transition permet d’améliorer le cadre de vie des habitants, d’éviter les confrontations directes avec l’espace agricole et de créer un espace de détente en complément des centres des villages.

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Harmoniser les extensions villageoises / Soigner le tour des villages

Quelques pistes d’actions envisageables
- Préserver la silhouette groupée des villages. Maîtriser l’étalement urbain.
- Agrandir le bourg en prolongeant la logique de son plan de composition. S’inspirer du bâti existant et favoriser l’alignement des façades ou des pignons et la mitoyenneté qui font le charme des centre-bourgs ruraux
- Créer des voies pour aménager en seconde ligne.
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Mailler les nouveaux quartiers avec des rues et non des impasses.
- Se développer autrement que par l’étalement urbain. Redynamiser l’habitat en centre bourg.
- Respecter la hiérarchie des masses bâties et du clocher. Eviter les juxtapositions ou les vis-à-vis malencontreux pour les constructions ou les zones de développement.
- Veiller à l’impact paysager des bâtiments d’activité en périphérie.
- Etre vigilant sur l’emplacement, les volumes et les couleurs des nouvelles habitations
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière.
- Préserver les ceintures de cultures diversifiées autour des villages : prés vergers, cultures maraîchères, jardins périurbains, petites parcelles cultivées…
- Préserver un maillage de chemins suffisamment dense en périphérie des villages.

Mettre en valeur les espaces publics / Affirmer les entrées

L’entrée dans le bourg et la qualité des espaces publics participent fortement à l’image de la commune. L’entrée dans le bourg doit apporter un changement d’échelle après un parcours routier. La route fait place aux rues et aux places dont la qualité d’aménagement est importante pour le cadre de vie des habitants. Les espaces publics, comme les places, sont des points stratégiques à soigner pour conserver le cachet du bourg et sa convivialité. Les aménagements pour améliorer le cadre de vie des habitants doivent conserver une simplicité pour conserver l’harmonie et le charme des villages. Une des spécificités urbaines de l’Alsace Bossue est la présence des usoirs dans les villages. Il est important de le prendre en compte en respectant son rôle d’interface public/privé ainsi que son unité dans l’aménagement de la rue pour en conserver le caractère. La largeur des rues avec usoirs est une opportunité inestimable pour composer les espaces publics du village.

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Mettre en valeur les espaces publics / Affirmer les entrées

Quelques pistes d’actions envisageables
- Aménager les entrées de bourg avec simplicité pour marquer la transition de la route à la rue.
- Utiliser les alignements d’arbres pour structurer l’espace.
- Valoriser les abords des cours d’eau dans les villages et les bourgs.
- Proposer des aménagements simples mais de qualité pour les aménagements des espaces publics.
- Mettre en valeur les places. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Prévoir dans toutes extensions urbaines des espaces publics structurants de qualité.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements.
- Eviter de privatiser totalement l’usoir.
- Limiter le stationnement systématique sur l’usoir qui banalise l’espace public.
- Instaurer un aménagement simple et concerté des usoirs, afin de conserver une unité.

  REPERES BIBLIOGRAPHIQUES

Paysage
- Référentiel paysager du Bas-Rhin, Secteur Alsace Bossue. 2013 ADEUS – Conseil général du Bas Rhin

Géographie
- L’Alsace et les Vosges. Géologie, milieux naturels, flore et faune. 1998 -Yves Sell- ed. Delachaux et Niestlé

Urbanisme et architecture
- Alsace, l’architecture rurale française. Ouvrage de Marie-Noëlle Denis et Marie-Claude Groshens. Editions A Die. 1999
- Site Internet : Alsace, la maison alsacienne : www.encyclopedie.bseditions....

[1] La Trame verte et bleue est une mesure phare du Grenelle Environnement qui porte l’ambition d’enrayer le déclin de la biodiversité au travers de la préservation et de la restauration des continuités écologiques. Cet outil d’aménagement du territoire vise à (re)constituer un réseau écologique cohérent, à l’échelle du territoire national, qui permette aux espèces animales et végétales, de circuler, de s’alimenter, de se reproduire, de se reposer,... En d’autres termes, d’assurer leur survie, et permettre aux écosystèmes de continuer à rendre à l’homme leurs services.
Les continuités écologiques correspondent à l’ensemble des zones vitales (réservoirs de biodiversité) et des éléments qui permettent à une population d’espèces de circuler et d’accéder aux zones vitales (corridors écologiques). La Trame verte et bleue est ainsi constituée des réservoirs de biodiversité et des corridors qui les relient.

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Site mis à jour le 16 février 2015
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